Pédophilie: les graves mensonges d’Andrea Caroni

Afin de purger l'excellente prestation du PLR Christian Lüscher sur Forum hier, la rédaction du Journal du Matin a cru nécessaire d'entendre à nouveau les raisons d'un autre PLR, l'appenzellois Andrea Caroni, lequel s'est fait une vocation de défendre les pédophiles contre l'initiative de la Marche blanche.

Reste qu'à emprunter ses arguments à Carlo Sommaruga, le jeune avocat PLR en est venu à proférer quelques énormités et, accessoirement, à tromper lourdement la population.

L'on vous fait grâce du détail, notamment lorsque M. Caroni, loin, très loin du sens de la loi de révision du code pénal, prétend qu'une interdiction à vie sanctionne systématiquement les cas définis de pédophilie (dès 02:30).

 

1.

Dès 03:12.

"Dans l'initiative, le mot "pédophiles" ne figure pas, seulement dans le titre, qui ne sera pas dans la Constitution, mais le texte parle de "toutes les personnes". Ca veut dire que l'initiative donnera des interdictions professionnelles à tout genre de personnes qui n'ont rien à voir avec la pédophilie."

Cet argument est un classique du genre, qui a déjà été entendu dans la bouche des socialistes Carlo et Simonetta Sommaruga.

- Le premier aspect de l'argument  ("le mot "pédophiles" ne figure pas") est fallacieux, qui entend comparer le texte d'une initiative populaire de quatre lignes, censées amender la Constitution, avec celui d'une loi fédérale de pas moins de... 16 pages. Andrea Caroni dissimule ainsi aux auditeurs la réalité selon laquelle, une fois acceptée, l'initiative populaire débouchera sur une loi d'application qui prendra en compte toutes les précisions nécessaires, à commencer par le titre de ladite loi.

Détail amusant, en 16 pages, le texte de révision du code pénal ne mentionne pas une seule fois le terme "pédophile" ou "pédophilie". Ou comment arriver à reprocher à l'initiative de la Marche blanche les défauts de son propre texte...

- Le second aspect de cet argument est tout simplement faux. En effet, contrairement à ce qu'avance M. Caroni, le texte de l'initiative ne mentionne pas "toutes les personnes", mais au contraire, explicitement:

"Quiconque est condamné pour avoir porté atteinte à l’intégrité sexuelle d’un enfant ou d’une personne dépendante". (1)

Un texte se doit d'être précis, l'initiative ne demande l'interdiction de travailler que pour des pédophiles déjà condamnés. Si le texte avait seulement écrit "pédophiles", les opposants auraient alors objecté que les pédophiles sont aussi des personnes qui, quoique sujettes à diverses tentations, ne passent pas forcément à l'acte. Rappelons qu'en 2005, Carlo Sommaruga, principal instigateur de la résistance à l'initiative, exigeait, en commission du Parlement, qu'une distinction soit faite entre "pédophilie et pédocriminalité".

L'initiative ne vise donc ainsi que les pédophiles condamnés. Le plus étonnant reste ici que les opposants parviennent à faire un reproche à l'initiative de ce dont il se targuent en priorité quand il s'agit de faire la promotion de la révision du code pénal. En effet, c'est bien le nouvel article 67 de la révision du code pénal qui permet de prononcer des interdictions professionnelles (et même géographiques) à l'endroit de toute personne condamnée "dans l’exercice d’une activité professionnelle ou d’une activité non professionnelle organisée"; n'importe quelle activité, sans distinction... Alors que l'initiative, elle, s'en tient strictement aux pédophiles.

Le 9 avril 2014, sur le plateau de La Télé, Carlo Sommaruga vante l'étendue du champ d'application de la révision du code pénal par opposition à une initiative trop étroite (dès 13:25):

"La seule différence entre l'initiative et nous, c'est que nous nous avons, dans le cadre du 'contre-projet', qui est beaucoup plus complet, qui permet de protéger contre les agressions physiques et pas seulement sexuelles..."

15 jours plus tard, Andrea Caroni vient reprocher à l'initiative d'être trop étendue et de ne pas s'en tenir strictement aux pédophiles (ce qui, dans les faits, nous l'avons vu, est exactement l'inverse).

"L'initiative donnera des interdictions professionnelles à tout genre de personnes qui n'ont rien à voir avec la pédophilie."

Il faudrait savoir !

Force est de constater que les opposants ne s'entendent même pas sur ce qu'il convient de "vendre" à la population dans les médias et en arrivent, par conséquent, à raconter proprement n'importe quoi. Il suffisait pourtant à M. Caroni de se contenter de lire les textes sur lesquels il a été appelé à se prononcer au Parlement.

Au comble de la confusion, Andrea Caroni, rappellera servilement le mantra selon lequel la révision du code pénal est plus "complète" (dès 07:50); la leçon a été bien apprise. Le but des anti-initiatives est de simuler une opposition entre les deux textes - opposition qui n'existe nulle part. Dans la mesure où l'initiative ne ferait que s'ajouter au code pénal, celle-ci serait, a fortiori, encore plus "complète". Partant, l'argument ne peut que tomber.

On est dans le délire le plus total. On comprend mieux la position d'un Andrea Caroni qui se persuade tout à la fois que l'intiative "donnera des interdictions professionnelles à tout genre de personnes qui n'ont rien à voir avec la pédophilie" - ce qui est faux - et qu'elle n'est pas "complète" en ce qu'elle ne ferait pas ce qu'il lui reproche exactement de faire, et qu'elle ne fait effectivement pas, mais que fait la révision du code pénal. Ne cherchez pas la logique, il n'y en a pas ! Pas d'autre du moins que celle de créer une illusion, un parfum d'ambiance médiatique de respectabilité institutionnelle là où il n'y a que l'aveuglement acharné d'un seul homme et de tout un parti à sa suite.

 

2.

Dès 04:20

"La pédophilie, c'est une préférence sexuelle pour des enfants avant la puberté. Ce que reconnaissait encore la première initiative des mêmes initiants de Marche blanche [...] mais ils ont omis ça maintenant."

Ce mensonge-là figure parmi nos favoris, qui voit Andrea Caroni citer les termes mêmes employés par les initiants pour confirmer que leur dernière initiative ne dépasserait pas le cadre de la pédophilie stricto sensu, pour assurer qu'ils ont sciemment "omis" de le faire; un pur délice !

En effet, sentant venir de loin les arguments des opposants, les parlementaires membres du comité d'initiative ont pris les devants et donné toutes les garanties nécessaires. Ainsi, Oskar Freysinger et Christophe Darbellay, lors de la séance du Parlement du 21 mars 2013  - séance au cours de laquelle M. Caroni était présent - ont confirmé ce qui suit:

"On nous cite cet exemple du jeune de 17 à 20 ans qui couche avec une fille de 15 ans. Ces cas doivent évidemment être exclus du champ d'applicationLà, le comité d'initiative, dont je suis membre, est clair: nous sommes favorables au fait que l'on exclue ces cas du champ d'application parce qu'on ne peut pas parler de pédophilie dans ce genre de casPourquoi? Parce qu'à ce moment-là, l'attirance sexuelle est pour un corps formé, un corps de femme. On ne peut donc pas parler de pédophilie. Là où on peut parler de pédophilie, c'est lorsqu'on a affaire à des enfants impubères, c'est-à-dire à des enfants non formés où les signes secondaires du développement sexuel ne sont pas présents. Là, c'est de la pédophilie. Donc le législateur devra faire cette distinction, c'est certain.

[...] Mes propos engagent le comité d'initiative de Marche blanche."

Hier encore, Christian Lüscher a expliqué, sur les mêmes ondes, que ces propos, protocolés au Bulletin Officiel, liaient les initiants dans le cadre de la rédaction de la loi d'application (dès 02:57).

Ainsi, contrairement à ce qu'affirme Andrea Caroni, les initiants n'ont pas "omis" d'inclure la notion de puberté à leur initiative.

M. Caroni, qui aime tant le rappel des principes, est beaucoup moins clair que les initiants quant à sa propre définition de la pédophilie, qui déclarait, il y a tout juste un mois:

"Mais il y a des cas, où il s'agit peut-être même pas de la vraie pédophilie de quelqu'un qui est malade toute sa vie, qui viole une fille de 7 ans, mais peut-être quelqu'un qui a 30 ans, qui a touché une fille de 14-15 ans, une fois, mais pas parce qu'il est malade dans la tête, il est pédophile, mais parce qu'il le faisait comme un..., parce qu'il ne trouvait pas la sexualité ailleurs."

La pédophilie ne serait pas de la "vraie pédophilie" pour autant qu'elle ne fût survenue qu'une seule fois... Une espèce de permis de pédophilie à points en quelque sorte...

C'est un argument qu'il convient de retenir à charge de ceux qui abreuvent les initiants d'accusations d'extrémisme. Pour les opposants à l'initiative de la Marche blanche, un homme de 30 ans, qui aurait un rapport avec une mineure de 14 ans, ne serait pas concerné par le chef d'accusation pénal relatif aux pédophiles.

 

3.

Dès 08:55

"Un pédophilie a une préférence sexuelle pour un enfant avant la puberté. Et nous, nous voulions préciser ça dans la loi, dans la Constitution, mais le comité des initiants ne voulait pas cette précision, je ne sais pas pourquoi."

C'est faux, à aucun moment le comité de parlementaires que représente M Caroni n'a tenté de placer cette précision dans la loi ou la Constitution. Pour preuve, le texte de la révision du code pénal s'accommode parfaitement des notions de "mineurs" ou d'"enfants" et ne cherche pas à y joindre la moindre précision relative à la notion de puberté. Idem pour la motion de 2008 de Carlo Sommaruga, à l'origine, de l'aveu même de son auteur, de cette révision de la loi, qui n'en souffle mot.
La seule mention de puberté dans la Constitution à ce jour nous est due, à l'art. 123b, à l'action salutaire de... la Marche blanche et de son initiative "pour l'imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine".

Enfin, on voit mal comment ceux-là mêmes qui affirment, en pleine séance du Parlement:

"Là où on peut parler de pédophilie, c'est lorsqu'on a affaire à des enfants impubères, c'est-à-dire à des enfants non formés où les signes secondaires du développement sexuel ne sont pas présents. Là, c'est de la pédophilie. Donc le législateur devra faire cette distinction, c'est certain"

puissent avoir eu la moindre velléité de s'opposer à une inscription qu'ils appellent de leurs voeux. Ce n'est donc là que pur mensonge.

Rappelons encore que ce sont MM. Caroni et ses amis qui se sont opposés, au moment de la loi d'application sur l'imprescriptibilité, à une définition claire de la puberté, déclarant que "la notion d'enfant impubère figurant dans l'initiative est imprécise" (source) et essayant par conséquent de la "préciser" en la fixant à un âge limite de... 10 ans; âge qui n'a plus grand-chose à voir avec la réalité de la puberté chez l'humain.

Mieux encore, la proposition minoritaire, à titre de contre-projet constitutionnel, du conseiller Caroni ne fait pas la moindre mention de victime impubère mais seulement de "mineur ou d'une personne particulièrement vulnérable", mineur étant une notion juridiquement moins contraignante que celle d'"enfant" dans son acception strictement pénale. Ainsi, au moment des débats, M. Caroni a-t-il concrètement milité pour que les mineurs déjà pubères soient aussi concernés par l'initiative, soit précisément ce qu'il trouve à reprocher - à tort - à cette même initiative aujourd'hui. L'a-t-il fait à dessein pour en distordre le sens et pouvoir ensuite en dénoncer les excès, en pleine campagne, devant les médias ? La question mérite d'être posée.

Ainsi, ce ne sont donc pas les initiants qui se sont opposés à l'inscription d'une définition de la puberté dans les textes légaux mais bien leurs contradicteurs en ce que celle-ci ne renvoyait pas à un âge assez bas à leur goût.

En guise de conclusion, l'on saluera la prévenance de l'interviewer et le soin qu'il aura pris à soigner la bonne image de son interlocuteur; et de le caresser, de le guider, de le mettre en scène dans sa posture de futur conseiller fédéral plein d'avenir. Si nous n'étions convaincus de la parfaite intégrité de nos confrères, nous serions presque tentés de parler de contrat publicitaire. Mais foin de mauvais esprit, nous serions bien chagrins de ne pas nous contenter de voir le PLR l'emporter désormais sur le PS dans le coeur des journalistes d'Etat. De toute évidence, c'est un constat, la SSR est bien un pouvoir, un pouvoir auquel vous n'échapperez pas.

 

RTS Journal du Matin 24.04.2014

 

(1) Idem pour la version germanophone, qui ne dit pas Personen ou Alle Personen mais bien: "Personen, die verurteilt werden, weil sie die sexuelle Unversehrtheit eines Kindes oder einer abhängigen Person beeinträchtigt haben."

 

 

Voir encore

Le PLR exige la dépénalisation de la pédophilie

Tolérance zéro pour les pédophiles: trop pour le PLR

Le PLR en campagne pour sauver les « droits » des pédophiles

Carlo Sommaruga: Pédophiles, l’aveu

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---

Pédophilie: Plainte contre le Conseil fédéral

« La pédophilie ne peut pas être guérie »

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MàJ – Pédophilie: les inexactitudes de Carlo Sommaruga à La Télé

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Un commentaire

  1. Posté par BRUGGER Richard le

    Je me permets d’intervenir sur une réflexion, poser cette simple question au C.F. et opposant :
    Qui veut-on protéger?
    Je m’explique, en 1989 : abrogation de l’art. 214 CPS et décriminalisation de l’adultère pourquoi ? Qui voulions-nous protéger dans le contrat de mariage, surement pas le petit ouvrier qui doit prendre jusqu’à, parfois, 3 jobs pour payer les pensions alimentaire, le juge, les avocats, les politiques, les notables n’en ont que faire de la situation précaire du fautif. De plus, plus un procès est long plus les avocats les juges gagnent de l’argent cela faisait tourner le commerce (si on peut dire ainsi).
    Alors qui avaient le plus à perdre sur la faute de l’adultère ?
    La réponse est simple : Les riches quand on voit les sommes des pensions pour juste une période de faiblesse durant leur promesse de fidélité dite lors de leur mariage.
    Imaginez un instant qu’est-ce que les avocats, les juges, les politiques, les notables ont dû transpirer lorsqu’ils étaient évoqués les jugements pour faute d’adultère, la plupart ils ont tous, ou, ont eu tous une maîtresse.

    Imaginez les juges et les avocats qui ont une maîtresse et qui a longueur de journée punissaient des ouvriers car ils avaient fauté ?

    Un moment donné ils se sont posé la question : Pourquoi scier la branche sur laquelle on est assis. Supprimons cette foutu loi qui risque de nous maitre sur la paille, ou mettre nos copains politiques sur la paille.
    Alors revenons sur la pédophilie, aux départs on attrapait que des gens du bas de la classe sociale comme en son temps on attrapait que les petits ouvriers qui se rendaient au bordel car c’était mal vu et eux étaient visible de tous le monde, puis, petite à petit l’évolution a voulu que les gens commence à parler (la liberté) fini l’omerta sur le problème du non-respect du contrat de mariage, fini l’époux ou l’épouse qui a honte de dire qu’elle est cocu, tout comme la pédophilie fini l’omerta et là, jusqu’à il n’y a pas si longtemps on attrapait que des petits et maintenant on commence à remonter dans l’échelle sociale, les curées, les profs etc etc alors quand est-ce que l’on va découvrir que tel ou tel juge avocat politicien est mis au banc des accusés. C’est vraiment le moment qu’ils bougent pour sauver leurs meubles.

    Souvenez-vous bien de cette question : Qui veulent-ils protéger ?

    Attention, je n’accuse personne d’adultère ou de pédophilie, partout il y a une église et une prison.
    Bonne journée à tous.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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