Le Choeur des pleureuses

Pascal Décaillet
Pascal Décaillet
Journaliste et entrepreneur indépendant

En journalisme comme pour la tenue vestimentaire des cardinaux chez Fellini, il y a des modes. La toute dernière, depuis le 9 février, fait un tabac : inviter Patrick Aebischer, le patron de l’EPFL, sur un plateau TV, dans un studio radio ou un journal, et pleurer un bon coup avec lui. Gémir sur ces abrutis de citoyens suisses qui n’ont rien compris à l’enjeu de la votation, se sont comportés comme des bergers repliés sur leurs montagnes, ruinent les programmes de recherches.

Dans l’émission, il faudra dire au moins cinq fois le mot « repli ». Pour bien souligner l’obscure sauvagerie de cette Suisse de la fermeture face aux Lumières de la Ville. Oui, on se fera le chantre des villes, leur pluralité bigarrée, la richesse de leurs campus. Et chaque fois qu’on dira « ville », on dira « ouverture ». Pour bien associer le tissu urbain, par exemple le Grand Lausanne, ou le Grand Genève, ou le Grand Zurich, aux valeurs de progrès. Et comme grand prêtre de cette Suisse qui gagne, l’icône Aebischer.

Comme dans le défilé des ecclésiastiques, chez Fellini (Roma), l’image sera urbaine et rutilante, le geste précieux, avec ce zeste d’impatience qui fait le charme des boulevards. Il faudra se montrer citadin et princier, ouvert au monde, œcuménique comme la terre habitée. Pour bien prouver à quel point ces manants de citoyens, ces gueux, ces vilains, ont mal voté.

Source et auteur : Pascal Décaillet, « Coup de Griffe », Lausanne Cités, 26.2.2014

3 commentaires

  1. Posté par Nicolas le

    Monsieur Pascal Décaillet est un nostalgique du passé et du lieu. Ce dernier étant celui d’une Suisse encore vierge des saletés du siècle et de l’immigration incontrôlée. Tout concentré sur ses diatribes, nombrilistes elles aussi, il en oublie que lui, ce n’est pas un coup de retard qu’il a, mais au moins deux, à compter en siècles. Monsieur Pascal Décaillet est né dans le mauvais siècle, et il ne s’en est jamais remis. Nous non plus.

  2. Posté par Böse Birgitt le

    Il faudra se montrer… Parisien! Damned…! Fellini avait le mérite de ne mépriser personne, il aimait le peuple, il l’a si bien filmé. Ca me donne envie de laisser pousser mes poils mode tschaeggaettae… signé : la cul-terreuse.

  3. Posté par Edouard Tr. le

    Ces imbéciles font exactement le jeu de l’UE lorsqu’elle s’est attaquée à la recherche – contribuer, par le biais d’un secteur émotionnel, aux divisions internes (en particulier intellectuels/étudiants/médias) pour affaiblir notre position.
    La Commission sort une petite bouteille de Moët du frigot, mission accomplie.

    Aebischer m’a beaucoup déçu, incapable de prendre un peu de hauteur et de comprendre les enjeux politiques à court-terme. Il se cantonne à la pleurnicherie si bien décrite dans ce papier.
    Si il avait l’esprit critique qu’on se plait à lui attribuer, il ne contribuerait pas à la défense de ses petits intérêts particuliers – nombriliques, short-sighted – que sont la recherche, mais mettrait tout son poids et influence dans la partie suisse de la négociation. Il feint de ne pas comprendre pourquoi cela emmerde les officiels quand il tente de défendre ses intérêts via son « réseau ». Ce « visionnaire » a un coup de retard.

    Syndrome de Stockholm quand tu nous tiens.

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