Ukraine: qui est dans la place ?

Abrahm Schwetzow
Nom de plume, journaliste indépendant

Nos lecteurs nous écrivent.

 

Si la vénérable rédaction des Observateurs me le permet, je vais tenir ici quelques promesses que je vous ai données ici, mardi dernier.

M. Arjakovsky doit être au courant de ce que dit la Bible sur ceux qui sont « aveugles tout en ayant des yeux et sourds tout en ayant des oreilles ». Il suffit pourtant de faire un petit effort pour voir.

Par exemple, prendre son temps et compter l’abondance de runes, de croix celtes, de croix gammées, de « 88 » et d'autres signes distinctifs sur les accessoires et uniformes des insurgés et les murs de Kiev. Et sur les monuments aux soldats soviétiques de la guerre, et leurs tombeaux aussi, qui se font détruire ou vandaliser ses derniers jours dans l'ouest du pays.

Ou visionner des vidéos sur Tiahnibok, Yarosh et co. Mes préférées est celles où les « maïdanys » hurlent « Du couteau pour les Russkoffs ! » (Moskaliy na noji !) Ou celle M. Yarosh rêve d’une épuration ethnique puis d'une guerre d’annexion contre les régions du Sud de la Russie. Ou celle, d'il y a à peine trois jours, avec Sachko Bilyi, qui brandit son couteau et sa mitraillette devant les autorités locales terrorisées (un "vétéran" de la guerre de Tchétchénie du côte des Tchétchène, plusieurs transports de troupes brûlés - avec des troupes à l'intérieur - à son actif). En prime, une citation du personnage : "Tant que je serai en vie, je combattrai, les Cocos, les Yids et les Russkoffs. Ceci est mon credo". Ou celle, de décembre 2013, où M. Poroshenko, milliardaire et sponsor officieux du « Maïdan » se fait éjecter de ce même Maïdan dans un concert d’insultes visant ses origines juives.

Ou encore se documenter sur la personnalité de Stépan Bandéra, d’un côté sur les exactions innommables commises par ses hommes pendant la guerre contre la population civiles (non seulement russes et juives mais aussi polonaises), et de l’autre sur le culte immodéré que lui vouent les activistes venus de l’Ouest de l’Ukraine. Surtout depuis ces 20 dernières années (le temps d’une génération !)

Au dessert, vous pouvez aussi vous régaler du fameux entretien téléphonique intercepté entre la vice-secrétaire d’Etat US Mme Nuland et l’ambassadeur américain à Kiev où la haute fonctionnaire souhaite voir M. Tiahnibok rester à l’écart, pour des raisons d’image.

Notez bien que je cite tous ces noms même sans avoir fait le détour par les sites russes, probablement tous abrutis par la propagande poutinienne (c’est un fait connu, n’est-ce pas, que nous, un peuple de 150 millions d’habitants, ne sommes qu'une masse grise et indistincte qui pense et fait comme le lui dit son leader Poutine). Les faits et les noms sont facilement accessibles sur des sources comme alternet.org, aljazeera.com et bild.de. Vous en trouvez même sur nytimes.com, avec le sempiternel refrain de « uneasy », gêné, sentiment spontané chez les journalistes censés encenser la « révolte des masses » mais se heurtant au dégoût moral que causent les Nazis chez des générations d’Occidentaux.

A côté de l’enfumage des côtés peu goûteux des événements ukrainiens, d’autres développements importants sont passés sous silence ou déformés. Il s’agit du mouvement populaire dans des villes qui n’avaient d’ukrainien que l’appartenance administrative formelle (jusqu’il y a peu de temps) et qui sont russes par leur langue, leur culture, leur population (vous serez étonnés, mais l’ethnie russe existe et constitue même 83 % de la population de la Fédération  « multinationale » de M. Poutine, sans parler de quelques 15 à 20 millions de Russes ethniques en dehors des frontières de ladite Fédération). Ces villes russes par leur passé de gloire militaire et par le sang abondamment versé pour leur défense. Il s’agit en premier lieu de Sébastopol, ville-héroïque et ville-martyr, défendue à mort contre les Anglais et les Français en 1855 (lisez Léon Tolstoï à ce sujet) puis, avec une férocité encore plus grande, en 1942, contre les Allemands. Nonobstant ce que sera la position finale du Kremlin vis-à-vis de Sébastopol, on observe un immense mouvement d’auto-organisation sur place des gens prêts à défendre leur ville contre le sort que leurs préparent les fils spirituels de Bandéra, et aussi un mouvement de solidarité naissant chez les hommes et les femmes en Russie.

Abrahm Schwetow

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