9 février 2014 : les fruits du mirage

Pascal Décaillet
Pascal Décaillet
Journaliste et entrepreneur indépendant
post_thumb_default

 

Plus le grand patronat et ses affidés nous répètent (ils ne savent dire que cela) que les bilatérales ont dopé la croissance, moins les gens les écoutent. Pour une raison simple: s'il est vrai que cette dernière décennie fut de belle conjoncture, le grand public aimerait bien savoir à qui ces années de vaches grasses ont profité en priorité. Aux grands patrons, c'est sûr. A leurs valets, sans doute aussi. Mais la répartition de cette richesse a-t-elle vraiment atteint les strates les plus modestes de la population ?

A la vérité, on a privatisé les bénéfices, comme toujours. Ce fameux boom migratoire, on l'a utilisé pour s'enrichir en haut lieu. On a commis l'IMMENSE erreur de faire du profit sans faire du social. On a mondialisé les rêves d'enrichissement, là où il fallait se soucier d'ECONOMIE NATIONALE et de répartition des richesses. On a rêvé d'une jouissance spéculative sans entraves, en foulant au pied des frontières auxquelles la population est infiniment plus attachée qu'on ne le croit. Il y a, dans les contours d'un pays, jusqu'à sa forme, une puissance sentimentale et un lien viscéral qu'on aurait tort de sous-estimer.

Aujourd'hui, la frontière se rappelle à notre bon souvenir. Tout comme, à l'intérieur d'un pays qu'ils aiment, les oubliés de cette "croissance des bilatérales". Parce qu'ils auraient bien aimé toucher, eux aussi, quelques modestes dividendes de cet eldorado passager. Les fruits du mirage, en quelque sorte.

Et si on réinventait, à l'intérieur de nos frontières, tout en maintenant d'excellentes relations avec nos voisins, l'idée de fraternité nationale ? Elle passe par un Etat fort, des assurances sociales publiques et efficaces. Elle n'appartient ni à la seule gauche, ni à la droite. Elle devrait être notre trésor commun. Lorsque nous aurons donné une leçon à l'arrogance et au Veau d'Or de l'Argent facile.

On pourrait y penser à partir du lundi 10 février, au réveil.

Pascal Décaillet, Sur le Vif, 31 janvier 2014

 

 

2 commentaires

  1. Posté par Kolly Gabriel le

    Cher Monsieur,
    Pas de commentaires mais simplement mes félicitations pour la qualité et la pertinence de vos propos.

  2. Posté par philippe le

    Monsieur Windisch…Monsieur Decaillet et tous les autres…merci…vous êtes les portes paroles de beaucoup de petites gens comme moi…..un peu perdu dans le flot d’information tronqué de la rts et des journaux à l’unisson……vous offrez au peuple Suisse une fenêtre sur une certaine liberté de pensé…et participer directement à l’efficience de la démocratie

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.