Le Roi des Menteurs

Christian Vanneste
Président du RPF, député honoraire

Dans la plupart des grandes démocraties du monde, la chose qu’on pardonne le moins aux gouvernants est le mensonge. Un Président américain n’y aurait pas survécu. Et c’est bien légitime, car le moteur de la démocratie est la confiance. Lincoln disait : « on peut tromper une partie du peuple tout le temps, ou tromper tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut tromper tout le peuple tout le temps ».
C’est pourtant ce que tente M. Hollande, et c’est la raison pour laquelle, favorite ou pas, nous sommes bel et bien en monarchie puisque nous subissons le roi des menteurs.

 

Les cireurs de pompes présidentielles dans les médias célèbrent les nerfs froids d’un président qui a mis fin à cet insupportable relent monarchique qu’était la Première Dame de France. C’est tout juste s’ils ne le féliciteraient pas pour cette décision historique et républicaine. La plupart des gens de bon sens, et même des journaleux de gauche, si le locataire de l’Elysée et de la Lanterne était « de droite », verraient davantage dans ce lamentable vaudeville une goujaterie phallocrate et un manquement dramatique à la dignité d’une fonction aussi essentielle au pays et à son image. Les mauvais esprits pourraient même estimer que l’installation officielle d’une favorite tandis qu’une autre était déjà en réserve rappelait au contraire la monarchie, côté boudoir. D’ailleurs, lorsqu’on impose le « mariage pour tous » et qu’on s’en exonère soi-même pour donner libre cours à ses élans, on va dire sentimentaux, c’est qu’on a tendance à s’octroyer quelques privilèges. Enfin, il y a quand même quelque chose de royal, si j’ose dire, dans le comportement présidentiel. C’est le roi des menteurs. Après Ségolène et les quatre enfants issus du couple, il n’a pas craint de parler de Valérie comme de la Femme de sa vie. Quelle formule élégante à l’adresse de la mère de ses enfants qui venait logiquement de le mettre à la porte ! Comme dans les jeux vidéo, il doit avoir plusieurs vies, mais il a un principe : le respect de la vie privée. C’est sans doute la raison pour laquelle la presse de cour a employé plus que jamais l’expression  » Première Dame » pour conjurer le sentiment d’illégitimité qui parcourait l’opinion publique. La surexposition d’un mot est souvent le signe de l’affaiblissement de sa signification. La plupart des épouses des prédécesseurs de M. Hollande assumaient leur situation, en se contentant d’un rôle discret souvent côté coeur, ce qui n’est pas inutile pour compenser auprès des blessés de la vie, la froideur des nerfs de celui qui dirige. Bien sûr, un célibataire peut-être élu, une femme peut-être élue, et pourquoi pas, demain, un bénéficiaire de la loi Taubira. Plus de Première Dame. Il ne s’agit donc pas d’un statut, mais d’une situation qui peut « épouser » des besoins sociaux selon des lois non-écrites.  L’essentiel n’est pas là.

Le fait important se situe dans l’aveu présidentiel. Dans les cafés du commerce, il est coutumier de dire que les politiques sont tous des menteurs. Ceux qui le disent souhaitent toutefois que ce ne soit pas absolument vrai, et que ce soit même faux pour l’élu qu’ils connaissent et auquel ils apportent leurs suffrages. Dans le cas de M. Hollande, s’applique la formule : « il ment comme il respire ». Le mensonge est chez lui structurel, et il l’a même institutionnalisé. Qu’il n’ait aucun principe est aujourd’hui une évidence. Il a d’ailleurs exactement le même comportement dans sa vie privée et dans sa vie publique : mensonge et mépris pour ceux ou celles qui lui ont fait confiance. Ce qu’il a fait à la Première Dame est assez semblable à ce qu’il a fait au Peuple français. Il a été élu contre une politique dont il niait la nécessité et pour établir plus de justice sociale au profit du plus grand nombre. Rattrapé par une crise dont il négligeait la réalité, il est contraint de faire de manière compliquée et un peu dissimulée, ce qu’il prétendait condamnable : allonger la durée de cotisation, faciliter les licenciements, baisser les charges, sans autre contrepartie que le recul de la politique familiale. Il voulait inverser la courbe du chômage. Il l’a stabilisée à grands renforts d’emplois subventionnés et de radiations. Dans la plupart des grandes démocraties du monde, la chose qu’on pardonne le moins aux gouvernants est le mensonge. Un Président américain n’y aurait pas survécu. Et c’est bien légitime, car le moteur de la démocratie est la confiance. Lincoln disait : « on peut tromper une partie du peuple tout le temps, ou tromper tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut tromper tout le peuple tout le temps ».

C’est pourtant ce que tente M. Hollande, et c’est la raison pour laquelle, favorite ou pas, nous sommes bel et bien en monarchie puisque nous subissons le roi des menteurs.

Christian Vanneste, 27 janvier 2014

Un commentaire

  1. Posté par Renaud le

    Hélas, le mensonge n’est pas une perversion du politique mais son essence même.
    Il n’est donc pas étonnant que ça déteigne sur la vie privé.
    Du moment que le mensonge éveille les consciences il n’est pas raisonnable de demander plus.

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