Le PDC veut détruire la maternité

Faisant mine d'oublier promesses et réflexions du passé, le "parti de la famille", après avoir gratifié notre pays de l'avortement, de la loi sur le partenariat enregistré et, bientôt, par voie de conséquence logique, de l'adoption homosexuelle, poursuit sa course en avant vers la destruction du dernier fortin de l'humanité à tenir encore debout devant la folie de ce monde, la maternité.

 

Depuis le début de cette année, le conseiller national PDC vaudois Jacques Neyrinck bat la campagne pour vendre ce qui sera certainement le dernier chantier d'une carrière politique marquée par bien des errements: le retrait de l'interdiction du don d'ovule (cf. Le Temps du jour). L'argument se veut égalitaire, il est en fait économique, Lausanne s'étant profilée depuis 10 ans en leader national de la procréation médicalement assistée; ce qui explique de voir un PDC vaudois, souvent soutenu en pareille matière par les Verts de son canton, emboîter si allègrement le pas d'un thème d'ordinaire réservé au PLR zurichois Felix Gutzwiller, créature des lobbys pharma et consorts s'il en est.

Membre de la Com­mission de la science, de l’éducation et de la culture du Conseil ­national, Jacques Neyrinck, vient de faire passer à 16 voix contre 7 un avis favorable à l'endroit de son initiative parlementaire intitulée: "Autoriser le don d'ovule". Monument académique de la par trop fameuse "politique du salami", le parlementaire dépoussière laborieusement les arguments écartés alors par le Conseil fédéral, au moment de la fabrication de la loi, il y a près de 20 ans, et dont le refus fit office de garantie durable aux sceptiques lors de la votation du 12 mars 2000 sur l'"Initiative pour une procréation respectant la dignité humaine"; le rejet de laquelle débouchait, en 2001, sur l'entrée en vigueur de l'actuelle Loi sur la procréation médicalement assistée (LPMA). Prenant acte de la réalité des inquiétudes et de certaines oppositions, la LPMA serrait la bride aux apprentis-sorciers, interdisant la facture de chimères (plus de deux ADN humains mélangés), d'hybrides (ADN humain et animal), le don d'embryons, la maternité de substitution (la fameuse GPA, "grossesse pour autrui") et... le don d'ovules; interdiction que le PDC veut faire retirer de la loi aujourd'hui.

 

Menace

Cette action salutaire de la démocratie populaire sur la rédaction des lois, Jacques Neyrinck la qualifie dans son article de "menace perpétuelle"; ce qui en dit long de sa vision de la hiérarchie des pouvoirs en démocratie. L'enfumage est de bonne facture, le vieux renard connaît la musique, l'autorisation du don d'ovule réparerait une inégalité de traitement avec le don du sperme, limiterait le tourisme de la procréation assistée et, tenez-vous bien, joint au diagnostic préimplantatoire, permettrait de réduire le nombre d'avortements; argument qui fait sourire sous la plume de l'un des plus fervents défenseurs de la solution des délais aux côtés de la Conseillère fédérale Ruth Dreifuss en 2002.

A noter que Jacques Neyrinck qualifie encore de "négative" la loi retenant l'autorisation du "don d’embryon, la conservation d’embryon, le diagnostic préimplantatoire, les mères porteuses, le clonage, la création d’embryons en vue de la recherche". On sait la lutte menée au Parlement pour faire passer le diagnostic préimplantatoire - allégorie à peine déguisée de l'eugénisme à la façon des pires romans d'anticipation -, Jacques Neyrinck embraie la vitesse supérieure et entame la longue marche vers la suppression, une à une, des garanties apportées à la population à l'heure du vote. Et c'est le même homme qui qualifie les initiatives ayant le malheur de réclamer un semblant d'éthique de "radicales". La méthode est désormais éprouvée, on promet en votation, on modifie au Parlement; un référendum coûte cher, les opposants n'auront pas les moyens d'intervenir à chaque fois. Vous vouliez le programme, le voilà.

Perle de choix, au passage, à l'heure de la figure imposée du droit comparé, le parlementaire vaudois achoppe sur l'interdiction du don d'ovule en cours en Allemagne:

"Sans doute, pour ces pays, en souvenir de ce qui s’est passé en matière d’expérimentation médicale durant la Deuxième Guerre mondiale. On le comprend pour l’Allemagne, on ne le conçoit pas pour la Suisse."

Comprendre, il est parfaitement légitime que ces trouvailles de la modernité ambiante rappellent un brin les arrière-cours laborantines des camps de concentration nazis, puisqu'elles sont en tous points, dans le principe, identiques, mais la mémoire collective de l'humanité et la leçon des erreurs du passé ne concernent pas la Suisse... Nous voilà rassurés.

"Le résultat concret de la LPMA est un large tourisme médical."

Conclut Jacques Neyrinck, qui regrette sûrement que notre pays, pour de stupides raisons éthiques, ne soit pas aussi libre, compétent et performant que l'Allemagne de la seconde guerre; la peste soit de ces "intégristes religieux, [...] conservateurs politiques et [...] écologistes" opposés au progrès !

 

Pourquoi pas de don d'ovule ?

Il vaut la peine de se pencher un instant sur les raisons invoquées par le Conseil fédéral dans son Message relatif à l'initiative populaire «pour la protection de l'être humain contre les techniques de reproduction artificielle de 1996, qui, tout en autorisant le don de sperme, interdisait le don d'ovule.

 "Dans le cas du don d'ovules, la maternité est éclatée entre la mère génétique d'une part et la mère biologique qui donne physiquement naissance à l'enfant, la mère sociale et la mère juridique d'autre part. Au cours de la procédure de consultation, quelques participants ont relevé que la relation entre la femme enceinte et l'enfant qui se développe en elle est fondamentalement plus intense et par conséquent plus propice à déclencher des conflits affectifs que, dans le cas du don de sperme, la relation entre le père social et l'enfant né ultérieurement. La conscience de porter jusqu'à terme un enfant génétiquement étranger peut avoir des conséquences négatives durant la grossesse déjà. De plus, ils avancent que la conscience éventuelle de l'enfant d'être issu de deux mères rend plus difficile la recherche de son identité et a de graves répercussions sur le développement de sa personnalité.

Les autres participants à la procédure de consultation considèrent qu'une interdiction du don d'ovules constitue une inégalité de traitement entre la maternité éclatée et la paternité éclatée. Cette inégalité serait injustifiée et contraire à l'article 4 de la constitution. Ils prétendent en outre que, grâce aux expériences faites en matière d'adoption, l'éclatement de la maternité ne nuit pas à l'enfant. Si la mère sociale et juridique a en plus porté l'enfant, on peut s'attendre à ce que les relations entre elle et l'enfant soient encore plus étroites qu'entre une mère et un enfant adoptif.

Le fait que la procréation médicalement assistée ne doit pas donner naissance à des rapports familiaux qui s'écartent de ceux que la nature rend possibles est décisif pour le Conseil fédéral. Le principe de la certitude de la maternité à la naissance, qui est exprimé par l'adage «mater semper certa est», ne doit pas être abandonné. Ce principe vaut d'autant plus que le don d'ovules n'a été que rarement pratiqué jusqu'à aujourd'hui, si bien que, à la différence de ce qui se passe pour l'insémination hétérologue, il n'existe pratiquement pas d'enquêtes scientifiques sur ses conséquences. La division de la paternité entre un père génétique et un père social et juridique en cas d'insémination par le sperme d'un donneur a, en revanche, un parallèle dans la procréation naturelle: on sait que le père génétique n'assume pas toujours la responsabilité juridique de son enfant et que l'époux de la femme qui a donné naissance à l'enfant n'est pas nécessairement le père biologique de cet enfant. On ne peut dès lors pas parler d'une discrimination des femmes par rapport aux hommes."

Or, ce conflit évident de la maternité de par le fait de la gestation, Jacques Neyrinck n'hésite pas à le qualifier de "spécieux", car la parentalité, voyez-vous, ne se réduit pas "à la transmission et à la fusion de deux ADN", mais, et on vous le donne en mille - vous connaissez l'argument pour l'avoir déjà rencontré dans la question de l'adoption homosexuelle -, l'"Amour", toujours ! "L’éducation et [...] l’amour reçus par l’enfant qui engendrent son être, tout autant sinon davantage que son génome."

Un amour auquel tout un chacun peut aspirer à partir de 150'000 $ pièce, un amour de consommation, un droit à l'amour qui rapporte surtout gros à ceux qui ont décidé de monnayer le don de la vie.

Le PDC, parti de la famille payante.

 

Source

 

Voir encore

Dossier: Ces écolos qui veulent des humains génétiquement modifiés

Leurs Excellences

Un commentaire

  1. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Quand je lis « pour une procréation respectueuse de la dignité humaine » je me demande ce que cela peut bien vouloir dire ! Sinon que le ver est dans le fruit, et depuis longtemps ! Je suis bien curieux d’entendre la description d’une procréation non respectueuse de la dignité humaine. Lequel parmi les chantres des droits de l’homme voudras bien m’éclairer ? Deux, qui n’osent plus nommer un chat un chat, qu’attendre?

Et vous, qu'en pensez vous ?

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