Escroquerie syrienne: la RTS persiste et signe

post_thumb_default

Perseverare diabolicum.

Toute honte bue et sans la moindre considération pour ce qu'il faut se résoudre à qualifier de véritable claque infligée par Les Observateurs - devenue d'ailleurs, pour le web moyen-oriental, l'exemple-type et la preuve irréfutable de l'inféodation des médias occidentaux à une vision très orientée du conflit syrien - la rédaction de la RTS s'en paie une nouvelle tranche, et de bonne taille, sur le thème de "que sont-ils devenus".

L'émission Mise au Point, dont la réputation n'est plus à faire, est revenue dimanche dernier pour un bref sujet censé donner des nouvelles des principaux héros de la mouture précédente, à savoir les responsables communication des groupes jihadistes occupant Alep qui ont baladé la caméra, et la conviction, des journalistes Sébastien Faure et Jon Björgvinsson il y a quelques mois à peine.

La facture est du même tonneau que la version précédente: images anti-datées, difficilement géolocalisables, jetées pêle-mêle sur fond sonore de mélopée orientale déprimante, voix-off grave et lancinante, dialectique choc ("labyrinthe de la mort... cité sacrifiée... recours aux armes chimiques"), interviews forcément spontanées d'une population sans concession pour le président Assad.

 

Corps du texte

Le reportage enquille sur la question du pain (dès 00:57):

"La situation est bien pire qu'avant, il n'y a plus de pain",

dit un premier intervenant.

"Chaque jour, mille personnes achètent du pain dans ma boulangerie",

déclare un second.

"A cause d'Assad, il n'y a même plus de levure, et maintenant il nous coupe l'approvisionnement en farine. Alors que devons-nous faire, est-ce qu'il va finir par nous ôter l'air qu'on respire ?"

- La dernière phrase est bien évidemment une référence habile à la question des armes chimiques. La RTS évite soigneusement l'obstacle, la preuve de l'utilisation de gaz de combat pesant plus volontiers dans la balance du côté des rebelles que l'inverse (se souvenir du micro-scandale Carla del Ponte, voire des accusations russes). Sébastien Faure contourne d'ailleurs l'embûche avec une science rare de l'insinuation (dès 00:44):

"Désormais les deux camps semblent prêts à la victoire à tout prix, quitte à avoir recours aux armes chimiques."

C'est finaud et pervers en diable, c'est surtout se faire l'écho de la version de l'"Armée syrienne de libération", les soi-disant rebelles, qui n'ont trouvé que ça pour divertir l'accumulation de suspicions à leur encontre; mais passons.

- La mention de pénurie de levure paraît curieuse dans un pays consommant presque exclusivement du pain sans levain, le pain levé étant un produit de consommation un peu plus rare sinon raffiné. Faut-il y voir une volonté du communicant de convenir aux standards occidentaux ? N'étant pas expert en boulangerie, nous passons encore.

- Mais la mention d'Assad comme cause première de la pénurie de pain à Alep est beaucoup plus frappante. La RTS réussit à diffuser de semblables accusations dix jours à peine après les "manifestations de la faim" à Alep. Manifestations qui ont vu des civils anti-Assad reprocher aux rebelles leur blocus de vivres et de médicaments en direction des quartiers de la ville tenus par les forces gouvernementales. Manifestations qui, selon certaines sources, ont été réprimées dans le sang. Une information pourtant bien connue et relatée par la RTS en son temps, qui n'a d'ailleurs pas manqué d'identifier les manifestant comme anti-régime.

Il faut, par conséquent, être particulièrement aveugle ou mal intentionné pour oser diffuser de pareilles inepties à quelques jours d'intervalle de ces faits incontournables; preuve s'il en est que les journalistes de Mise au point sont bien des fabricants, d'une information calibrée sur mesure pour servir à une idéologie bien précise.

 

Chronique nécrologique

Sur la vidéo de la répression de l'une de ces manifestations de la faim, l'on voit distinctement l'un de ces officiers rebelles, en t-shirt noir, menacer vertement la population. Le même t-shirt et le même uniforme que le responsable communication rebelle qui avait piloté le journaliste Sébastien Faure lors de sa première visite. Noir comme les drapeaux du Jihad, noir comme les bannières des prophéties relatives au Mahdi, le messie musulman des derniers temps, qui viendra leur accorder la victoire finale, noir comme le vêtements des soldats abassides, les premiers guerriers de l'islam dans la tradition.

C'est là que le sujet se fait poignant, Abdallah, le gentil jihadiste, barbe rase et t-shirt noir, "d'une famille de huit frères dont six au combat", est mort. Ambiance triste, musique en larmes, photo souvenir d'Abdallah, sourire lointain, une main dans les cheveux, icône guevarienne de la rébellion islamiste, victime innocente d'une guerre qu'il n'aurait pas menée.

Ici, surprise pour le téléspectateur, la voix off francophone d'Abdallah, donnant la réplique à Sébastien Faure, n'est autre que celle de... Darius Rochebin. Curieuse mise en abîme, un militant de la communication orientée prêtant sa voix à un autre. L'on ne peut s'empêcher de penser que le costume lui va comme un gant; il faut croire qu'on ne peut rien refuser à un confrère du talent de Sébastien Faure.

La vieille grand-mère en hijab a levé le camp, sûrement faute de pension suite à la lassitude et à la désertion des médias. On ne sait rien de son sort, mais le commentaire vous la donnerait pour morte:

"Au mieux, sans doute, tente-t-elle de survivre, quelque part, dans un camp de réfugiés."

Tout comme l'enfant à l'oiseau, une autre forfanterie du premier reportage:

"Enfin il y a ce garçon qui vendait des oiseau avec son papa. Leur coin de trottoir est désormais désert. Nous ne saurons pas ce que lui est devenu, s'il a pu fuir ou se cacher, mais ce que nous savons, c'est que quelques 5'000 enfants ont déjà été tués dans cette guerre."

Détestable.

Détestable et médiocre tentative de ne s'adresser qu'à des légions de tripes plutôt que de s'offrir une seule fois le courage d'une analyse critique, complète, à destination des intelligences, pour atteindre à cet absolu qui chasse les sentiments et fondent les raisons, l'information.

 

9 commentaires

  1. Posté par Philippe le

    Même la météo est utilisée:
    Samedi dernier 21 novembre émission Géopolitis Xavier Colin interviewe Philippe Jeanneret sur le réchauffement climatique qui répond sur texte lu au prompteur , Cherchez la compétence ! Il n’est que commentateur. ???

  2. Posté par Paule Valiquer le

    de la lâcheté, rien que de la lâcheté et de l’esprit du troupeau, à l’exemple des bobos socialistes français, des Bernard Henry-Levy et autres philosophes et politiques de salon, dont les égos démesurés affectionnent les blablas creux, des images avenantes et les effets de manches. Aucune vision d’avenir, aucun enseignement tiré du passé, aucun respect ni amour pour notre monde occidental. Allez ouste, dehors!

  3. Posté par Normandy le

    A quand une intervention parlementaire sur les comportements de la RTS, sur son militantisme gauchisant, européiste, mondialiste, immigrationniste, obsessionnellement xénophile, révisionniste en matière d’histoire, antimilitariste, sur son acharnement systématique anti-UDC, sur son harcèlement à l’encontre des personnalités qu’elle classe à droite (c’est-à-dire parmi les « méchants », les « réacs » et les « ignorants ») et sur son lèche-bottisme indécent à l’égard des « gentils » forcément « progressistes » et « sachant », les Ziegler (marxiste qui ressasse pourtant les mêmes mythes depuis 50 ans), Neyrinck, Sommaruga (Carlo), Hodgers, Nordmann, Rollier (ex-juge fédéral) et autres abonnés idéologiquement conformes, à « Forum » et « Infrarouge »? A quand une pétition ou une initiative populaire contre la double peine d’avoir à payer une redevance et de subir, outre sa médiocrité désolante, les partis pris, la propagande, les informations biaisées et même l’helvétophobie de la RTS, prétendu service public… suisse? A quand le boycott de « L’Agence » où sévit entre autres l’insupportable et prétentieux Thierry Meury qui prend son amertume pour de l’indignation (ça aussi, c’est la mode) et son fiel prévisible pour de l’humour?
    Il existe une SRT dans chaque canton. Ces associations sont censées représenter les intérêts et les points de vue des auditeurs et des téléspectateurs. Qui y siège? Que font-elles? A quoi servent-elles si on ne les entend jamais sur ce thème? Il faudra bien réagir un jour et c’est devenu bigrement urgent.

  4. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Dans la relation que fait Andrea du « mandat » un mot me hérisse! Crédibilité. Mais c’est aussi la qualité qu’on espère des mensonges que l’on profère! Donc l’emploi l’emploi de ce nom est parfaitement crédébile…

  5. Posté par Andrea le

    Tiré du site de la RTS (http://www.srgssr.ch/fr/service-public/mandat/):
    « Mandat
    La mission de service public fait que la SSR garantit un service universel à la population suisse […], la SSR se distingue des autres diffuseurs commerciaux pour les raisons suivantes :
    Elle tient compte des régionalismes et des minorités.
    Elle promeut la diversité des sujets, des contenus et des formats.
    Elle crée aussi de la culture, elle ne se contente pas de la propager.
    Elle mise sur la qualité, sur la crédibilité et sur la pertinence, non sur la recherche de l’audience pour elle-même.
    Elle fait fi des intérêts politiques ou économiques. »
    A moins que cela ne relève de la création culturelle (dans lequel cas il y a lieu de l’expliciter en introduction de l’émission), l’article ci-dessus amène des arguments dans le sens du non-respect d’au moins un des élément de la mission octroyée à des fins de service public, ntotamment en ce qui concerne la crédibilité et pertinence au lieu de la recherche de l’audience par elle-même.
    Pour ce qui est des intérêts politiques, voir économiques, il serait beaucoup moins aisé d’en faire la démonstration ici.
    Au vu de ce qui précède, de voir à l’agenda de la prochaîne session parlementaire le rédimensionnement du mandat de service publique serait bien loin de me contrarier.

  6. Posté par JeanDa le

    Je trouve également que nous sommes en présence d’un détournement d’argent public.
    Mais diminuer la redevance (voire la supprimer) ne ferait que la remplacer par un subside prélevé sur nos impôts (que nous sommes par ailleurs de moins en moins nombreux à payer).
    Non, il faut tailler dans le vif et ramener les moyens dont dispose la RTS à leur plus simple expression : deux ou trois émissions d’actualité par jour, un point un trait, le tout sous le contrôle d’un organe d’éthique. Autre solution : on arrête tout.

  7. Posté par Andrea le

    Si votre analyse est correcte et pouvant prouver la mauvaise foi des journalistes, en tant que citoyen-contribuable de la redevance de télévision, je me sens lésé.
    Le code de déonthologie des journalistes n’a vraisemblablement pas de relevance légale, mais j’estime qu’il y a lieu de se demander qu’elle instance devrait évaluer la question d’un point de vue du détournement d’argent public à des fins idéologiques.
    Ou devrions-nous rester les bras ballants et simplement poster des commentaires à des blogs et autres réseux sociaux en guise de soupape à la frustration croissante?

  8. Posté par Jean-Baptiste Aegerter le

    Propagande au frais du contribuable, il convient de le rappeler…

  9. Posté par Derek Doppler le

    Comme je le disais il y a moins d’une année, le seul domaine qui semble encore épargné par la minable propagande de la RTS est la météo, encore que j’aie quelquefois des doutes.

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.