Freysinger et les handicapés: une tempête dans un verre d’eau

Caïn Marchenoir
Nom de plume, chroniqueur

Les récentes déclarations d’Oskar Freysinger au sujet de l’intégration des jeunes handicapés à l’école primaire lui ont values d’être une nouvelle fois au centre d’une tempête médiatique. On a ainsi pu voir immédiatement le PDC valaisan hausser le ton, tout comme d’ailleurs Georgie Lamon, président de la commission cantonale pour les personnes en situation de handicap.

Qu’est-il donc reproché au tribun UDC ? Selon Georgie Lamon, les dires du conseiller d’état donnent:

"L'impression que M. Freysinger dénigre tout ce qui a été fait jusqu'à aujourd'hui avec beaucoup d'application."

Et de poursuivre:

"Nous avons le sentiment que le travail a été bien fait jusqu'ici. Par ses propos, M. Freysinger le discrédite."

Si donc on se fie aux dires de cet ex parlementaire socialiste, il faut croire qu’Oskar Freysinger rejette en bloc tout ce qui a été effectué ces dernières années en la matière. Or voilà ce qu’a dit exactement le nouveau conseiller d’état valaisan au sujet de la nouvelle loi sur l’enseignement primaire :

"Il est dit que la priorité doit être donné à l’intégration. Or, on doit d'abord regarder ce qui est faisable ou pas, en faisant au mieux des moyens à disposition", spécifiant également qu’il n’est pas "contre l'intégration des personnes handicapées dans les classes "normales"", qu’il faut "traiter de cas en cas."

En d’autre terme, qu’avant de penser intégration, on doit penser la faisabilité du projet, ce qui correspond, si l’on en croit le député PDCvr Jean-Claude Savoye à "une intégration évaluée pour chaque enfant", pratique en cours en Valais "depuis vingt ans". Les impressions du socialiste Lamon sont donc hors de propos.

Immédiatement après le socialiste Lamon, la secrétaire du PDCvr Caroline Furrer est à son tour montée au créneau pour dénoncer le conseiller d’état UDC de la manière suivante:

"Il est hors de question que nous perdions les acquis que le Valais a obtenus jusqu'à aujourd'hui en matière d'intégration des enfants handicapés."

Au risque de nous répéter, comme on vient de le voir et selon un député démocrate chrétien, ce que défend Freysinger consiste justement en la sauvegarde de ces acquis. Ce qu’il ne veut pas, c’est qu’on franchisse un pas supplémentaires dans la direction de l’intégration à tout prix. Les considérations de Madame Furrer sont donc elles aussi déplacées.

Dans la foulée, le PDC du Valais romand se fend également d’un communiqué, par lequel il affirme qu’il "ne soutiendra en aucun cas une solution exclusivement séparative (classes spécialisées), ni d'ailleurs une intégration à tout prix", car:

"Chaque enfant handicapé doit pouvoir s'épanouir dans la voie qui lui convient le mieux, voie qui évoluera au cours de son développement."

 On comprend mal le sens de cet acharnement puisque Freysinger également rejette la solution exclusivement séparative (sinon il ne parlerait pas d’intégrer au cas par cas…), de même qu’ "une intégration à tout prix"

On aurait pu croire qu’on allait en rester là, mais non, dans le Nouvelliste du jour, Jean-Yves Gabbud répercute le coup de gueule du député PDC Laurent Léger sur les réseaux sociaux:

"Il ne veut plus intégrer les enfants handicapés dans nos écoles. La prochaine étape c’est quoi ? Les camps et le gazage ?"

Décidément tout le monde s’est donné le mot… avec un Godwin en prime pour Monsieur Léger !

Comment interpréter ce déchaînement de fureur totalement injustifié ? Trois hypothèses me viennent à l’esprit. La première consiste à dire que, pour une raison ou une autre, certains n’arrivent pas à comprendre correctement ce que dit Freysinger. La seconde, elle, table sur le besoin que ressentent certains de faire de la politique-spectacle et de se mettre en évidence, même au mépris du plus élémentaire bon sens. Enfin la troisième, beaucoup plus vicieuse, pourrait consister à faire croire de manière peu correcte qu’Oskar Freysinger s’oppose au statu quo, s’érigeant ainsi en défenseur de ce même statu quo afin de mieux faire passer une innovation fortement contestable. L’avenir nous le dira peut-être, toujours est-il qu’en l’état actuel des choses, cette polémique ressemble plus à une tempête dans un verre d’eau qu’autre chose…

Caïn Marchenoir

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