Ce qui disparaît vraiment

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Les dernières grandes monarchies de la presse helvétique se disputent, dans une indifférence relative, à qui devra piocher le Schwarzpeter égrotant du Matin, en déclin irréversible après des décennies de règne sans partage.

La faute à cette saleté d'internet, qui finira par fermer une à une les imprimeries comme fit le métier à tisser des manufactures au siècle avant-dernier. Privé de son image papier, il y a fort à parier que le titre, en sa forme actuelle, crèvera de sa belle mort, au bout d'un processus palliatif qui aura au moins eu pour avantage de ne pas coûter grand-chose aux héritiers. Les gaillardes qui entretenaient le papier, pages 32-33, comme on fait d'un Alphonse sur le tard qu'on finit par prendre en pitié, n'auront pas eu raison des réalités du marché.

Mais étendre les motifs de la clôture des imprimeries aux rédactions paraît un argument étrange. Que le papier ait fait son heure, soit, mais l'écriture ?

Il est une génération dans ce pays qui, en quarante ans, a appris à déprécier la presse au fur et à mesure des convulsions de la Tribune, jusqu'à ce beau Matin qui n'annonça jamais le grand soir mais le crépuscule de l'intelligence d'une communication écrite. Le fleuron du journalisme romand passait le millénaire avec la résolution de copier le pire modèle qui soit outre-Sarine, pour finir par ne plus s'adresser à ses lecteurs que par la stimulation de ses instincts les plus bas; exception faite de la fille en troisième page, à laquelle on ne cédât pas, particularité remarquable et qu'il convient de saluer.

Une bonne partie du lectorat sombra dans le coma végétatif dans lequel le titre s'enfonce aujourd'hui, d'autres s'en allèrent trouver des cieux plus cléments, sur internet notamment, où la Rédaction les veut aller reprendre.

En langue française, savoir et saveur ont la même étymologie. Il n'est pas impossible qu'en perdant le premier, le lectorat suisse romand ait fini par ne plus trouver le second. Les changements d'époque sont toujours, après tout, des questions de goût.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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