Petite chasse au conseiller d’Etat

Mireille Vallette
journaliste

Dur-dur d’obtenir un conseiller d’Etat pour lui poser quelques questions. Surtout s’il s’agit d’islam et de laïcité, sujets ô combien sensibles !

Tout commence par une course d’obstacles. Ils sont posés par la secrétaire générale du département Teresa Skibinska fermement appuyée par son patron.

J’appelle le DIP jeudi 19 juin. Je désire parler à Charles Beer à propos d'une salle de prières. La secrétaire générale tente de me dissuader: "tout a été dit, Monsieur Beer a répondu à trois (!) journalistes, prenez ce qu’ils ont dit..." J'insiste. "Pourriez-vous envoyer vos questions par e-mail ?"

Voilà un jeu que je ne connais bien pour l’avoir pratiqué  durant une demi-douzaine d’années comme chargée de communication… Je résiste donc. Madame semble se résigner et me demande mon délai. « Demain, vendredi ».

J’appelle le lendemain: « Ah je regrette, il sera probablement impossible à atteindre, il est hors de Genève. » Ah bon ? Vous ne me l’avez pas dit hier. « J’ai oublié , mais je vais essayer, je vous envoie un SMS pour vous dire si je l’ai atteint ».

Le SMS arrive. Surprise : la connexion avec le patron duDIP est impossible…

Je rappelle le lundi . « Impossible, Monsieur Beer est à Boston. Il est parti hier. » Ah bon ? Mais vous ne me l’avez pas dit ? « J’avais oublié. » Bien, mais il va revenir ?  « Oui, pour la séance du Conseil d’Etat, puis le Point-presse. »

Ah, le Point-presse ! Je pourrais y aller et lui poser mes petites questions ? « Oui, c’est une bonne idée… Mais… attendez ! Il a lieu au même moment que le cortège des Promotions… Le président  ne sera donc peut-être pas au Point-Presse.»

C'est pas de chance… Alors jeudi ? « Non, il sera à Berne! ». Pas possible de me rappeler par exemple dans le train,  j’en ai pour moins de dix minutes? « Non, mais je peux vous répondre moi-même. »

Non, j’aimerais un avis politique. Mais dites-moi clairement : Charles Beer refuse de me répondre ? « Oui, c’est ça, il refuse de vous répondre… »

 

"ON N'INTERDIT PAS LES PRIERES DANS LES LIEUX PUBLICS"

Voici donc le résumé de l’histoire avec quelques questions sans réponse que certains peut-être relaieront auprès de notre Président.

Le Courrier révèle le 13 juin que l’association des employés des écoles professionnelles a écrit au DIP. Il s’inquiète qu’une salle de la haute école de paysage, d’ingénierie et d’architecture (Hépia) soit réservée à deux groupes religieux. Les Evangélistes ont demandé les premiers à pouvoir étudier la Bible, et depuis quelques mois, des musulmans de la Mosquée wahhabite ont souhaité y faire leurs prières quotidiennes.

Rappel : trois des cinq prières obligatoires peuvent concerner l’école ou le lieu de travail (selon les saisons) : elles doivent être faites à la mi-journée, dans l’après-midi et après le coucher du soleil.

La direction a accepté, ce qui a donné ceci, inscrit sur la porte.

Au DIP, -c’est classique dans ces cas islamiquement délicats-  les premières réponses sont quelque peu confuses. Le local ne serait « qu’une salle de réunion ». Mais le DIP rappelle dans le même souffle que l’Hépia ne reçoit que des adultes, et la secrétaire générale conclut : « Il serait exclu d’imaginer un tel lieu dans un établissement du post-obligatoire. » (20 Minutes, 13.06.2013)

Le 18 juin, lors d’une conférence de presse, l’acte d’accusation de deux associations de défense de la laïcité va droit au but: la direction a violé l’article 3 de la Constitution genevoise qui garantit la laïcité de l’Etat, elle trahit aussi la garantie que ce même Etat « ne salarie ni ne subventionne aucune activité cultuelle ». Or l’école, rappellent les protestataires, est payée par les deniers publics.

La Coordination laïque genevoise et la section genevoise de l’Association suisse de la libre-pensée exigent donc la fermeture immédiate de la salle de prières, son affectation à des activités d’enseignement et l’ouverture d’une enquête administrative contre la direction de l’Hepia. Une direction toute de candeur come le montre François Abbé-Decarroux : « Si l’on nous avait demandé un lieu pour faire du body-building, cela n’aurait choqué personne. »

Charles Beer recule un peu, mais conserve l'essentiel. La salle restera à disposition des groupes religieux, mais tout un chacun pourra aussi l’utiliser, par exemple pour la méditation, la lecture ou des activités syndicales. Vu que l’heure des prières musulmanes n’est pas précise, les mahométans ont une marge dans le planning.

Charles Beer argumente: « On n’interdit pas la prière dans des lieux publics, mais elle ne doit pas s’accompagner d’éléments ostentatoires. »

Mais qu’est-ce que des éléments ostentatoires, Monsieur le conseiller d’Etat ? Le Coran, le foulard, le kamis, le tapis de prière ?

Et surtout: si la prière n’est pas interdite dans les lieux publics, cela signifie que des musulmans peuvent demander dans tous les services de l’administration à pouvoir utiliser une salle pour prier? Un exemple que pourraient aussi suivre avec profit les entreprises… Voir à ce propos dans quels dilemmes les entreprises de la pauvre France se débattent !

Cette histoire m’en rappelle deux autres. Dans une école de Suisse romande, des élèves (adolescents) ont demandé à faire discrètement leurs prières durant le  Ramadan: pas de problème, la direction aussi compréhensive que celle de Genève a accepté. Puis les prières se sont poursuivies après le Ramadan, puis les prieurs ont apporté leurs tapis de prières… et les enseignants n’ont plus su comment gérer cette situation. Un membre de l’Exécutif est venu, a mis les choses au point : plus de tapis et plus de prières, ce sera la règle… Suivie depuis sans problème.

 A Toronto, un groupe d’élèves a demandé à utiliser la cafétéria de l’école le vendredi pour la prière. Pas de problème a dit la direction ! Depuis, chaque vendredi, la cafétéria se transforme en mosquée. Les jeunes hommes entrent les premiers et se placent devant, les filles suivent et se mettent derrière, et celles qui ont leurs règles vont tout derrière: impures, elles n’ont pas le droit de faire la prière, seulement d’y assister.

Cher Monsieur Beer, ne serait-il pas bon que notre République -et mieux encore notre pays-  interdisent formellement toute pratique de rites religieux dans l’espace public ?  

Demande dispenses de natation, de dispenses de camps scolaires, port du foulard, demande de régimes de faveur durant le Ramadan, séparation des hommes et des femmes dans de nombreuses activités… toutes ces régressionsn'ont-elles rien à voir avec la folie des rites qui s’est emparée d’une partie des musulmans, dont les cinq prières journalières à pratiquer impérativement où qu’ils soient?

Pourquoi devons-nous réagir ? Parce que cette religion, dont la planète nous donne chaque jour des exemples d’intolérance,  tente de s’imposer dans tous les interstices des démocraties.

(Citations et informations tirées de : Le Courrier, 13 juin ; 20 Minutes, 13 et 18 juin, Tribune de Genève, 19 juin, documents des  associations laïques.)

 

Post scriptum : avis aux infidèles survivants

Dans une annonce mortuaire, une mère et sa famille, qui font certainement leurs cinq prières par jour, nous envoient ce message tiré du Coran. A nous, "LES INFIDELES", ceux qui n'échapperont pas à l'enfer, ceux qui dans la vie comme dans la mort doivent être séparés des adorateurs d'Allah.

(L’Express-L’Impartial, 11 juin 2013)

Pour l’instant, les versets qui appellent à tuer les infidèles nous sont épargnés. De démission en démission... Jusqu’à quand ?

Mireille Vallette

 

Première publication sur http://contre-chantmireillevallette.blog.tdg.ch

4 commentaires

  1. Posté par Eddie Mabillard le

    En ce qui concerne le Christ Roi à Lens aucune chance surtout maintenant avec Oskar, lors de la dernière législature peut-être avec la gauchiste chef de la police, elle a démontré en baissant le froc devant les gitans.
    Et la colline du Christ-Roi est abrupte les pierres pourraient pleuvoir comme au Morgarten et les musulmans renvoyés chez eux… car il n’y a pas de carré pour eux.
    Dans les écoles valaisannes il y a encore des crucifix et même dans la salle du Grand Conseil, je ne pense pas qu’ils seront ôtés de si tôt. Les Valaisans lèveront la Matze si nécessaire.

  2. Posté par Zeller Philippe le

    Feu le colonel-divisionnaire Tardent, théologien et officier de carrière rappelait à ses officiers, jadis, ceci: « lorsqu’on nage avec le courrant, ça va vite, c’est agréable, mais c’est toujours à la descente! »

  3. Posté par pepe le moko le

    et on nous demande d’ oter les croix et reposoirs sur nos montagnes !
    bientôt si l’ on baste ainsi, la statue du christ-roi a Lens en valais déboulonnée ?
    Et le chemin de croix magnifique qui y mène aussi remblayé ?
    Défendons fermement nos traditions religieuses a nous, que nous soyions croyants ou non !

  4. Posté par G. Vuilliomenet le

    On n’interdit pas les prières dans les lieux publics?
    Il me semble qu’il y a un ou deux ans, au centre islamique des Eaux-Vives, on y priait dans la rue jusqu’à ceux qu’un citoyen se plaigne et qu’un hola y a mis fin!

    http://archives.tdg.ch/geneve/actu/fideles-centre-islamique-prient-rue-2011-07-15

    Réponse de la Ville: la pratique est tout à fait hors-la-loi. «Le Centre islamique a fait une petite erreur d’appréciation, concède Raoul Schrumpf, chef de cabinet au Département de l’environnement urbain et de la sécurité, car l’utilisation du domaine public est soumise à autorisation. Or, aucune demande n’a été adressée. De toute manière, si une telle demande d’exercice religieux sur la voie publique avait été déposée, nous n’aurions pas pu y répondre favorablement car les règlements en vigueur ne le permettent pas. Ce refus vaut pour toutes les religions.»

    Alors Monsieur Beer, seriez-vous un menteur?

Et vous, qu'en pensez vous ?

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