Eloge de la fessée

Suzette Sandoz
Suzette Sandoz
Prof. honoraire UNIL

C’est sous ce titre que j’avais écrit, en français, un article qui fut publié, traduit en allemand, dans la NZZ am Sonntag du 27 mars 2005. Il se terminait ainsi : « Qui sait si quelques fessées administrées hier avec affection n’auraient pas évité aujourd’hui bien des caméras de surveillance ».

Des « spécialistes de la confusion » voudraient actuellement interdire aux parents tout recours à la fessée, voire à la gifle, au nom de la lutte (légitime) contre la violence dans l’éducation. Que l’on s’entende bien. Parler de « violence dans l’éducation », c’est envisager le cas des enfants battus, séquestrés, insultés, victimes de toutes sortes de mauvais traitements, cachant souvent leurs ecchymoses, mentant sur les causes de celles-ci, terrorisés par leurs parents, beaux-parents ou gardiens etc… De telles violences sont déjà interdites dans différents articles du code pénal, ce qui hélas ne les supprime pas, notamment parce que les enfants maltraités ne « dénoncent » pas leurs parents, par loyauté filiale.

Mais ne mélangeons pas tout : ce que les « spécialistes de la confusion » voudraient maintenant appeler violence donc interdire, c’est la possibilité, pour les parents, d’administrer une fois ou l’autre une fessée, éventuellement une gifle, sans suite « physique », à leur enfant qui aurait dépassé les bornes de la désobéissance, de l’impertinence ou de la grossièreté.
On sait que l’éducation se fait à plusieurs niveaux dont, indubitablement, celui de la punition en cas de violation d’une interdiction et celui de l’exemple. Le premier niveau implique, dans toute la mesure du possible, que le motif de l’interdiction puisse être expliqué à l’enfant ce qui exige qu’il soit capable de se mettre à la place d’autrui pour saisir son idée. Or on sait que cette capacité-là n’appartient qu’à des personnes ayant déjà une certaine maturité, ce qui a pour conséquence précisément qu’on ne peut pas toujours faire comprendre à un enfant, voire à un adolescent, la raison d’une interdiction ou d’une limite et que le moyen primaire de la fessée ou de la gifle peut s’avérer utile. Interdire formellement aux parents de recourir à la punition - parfois très bien comprise de l’enfant, même déjà simplement sous forme de menace - que représentent la fessée, la gifle, voire la claque sur les doigts, c’est les priver de la possibilité d’illustrer l’importance d’une limite dont l’enfant ou l’adolescent ne peut pas encore comprendre la raison. C’est en outre poser la présomption que tous les parents abusent de leur force et favoriser éventuellement la tendance d’un enfant à narguer l’adulte qui s’occupe de lui.

Un deuxième niveau de l’éducation suppose le bon exemple de la part des parents d’abord, mais des adultes en général, spécialement des enseignants, des médias, des autorités, des vedettes et c’est là que le bât blesse. Le mauvais exemple donné par trop d’adultes est souvent causé par leur incapacité de se mettre à la place d’autrui, faute éventuellement, de s’être jamais heurtés à des limites voire d’avoir été punis (fessés ? giflés ?) pour les avoir dépassées.
Alors, un soupçon de bon sens, s’il vous plaît, ne perdez pas d’énergie à interdire aux parents tout recours, même occasionnel, à une fessée voire à une gifle, mais consacrez votre opposition à la « violence » à montrer l’utilité du bon exemple et appliquez-vous à le donner.

Suzette Sandoz

Un commentaire

  1. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Les censeurs de la bien pensance ont du travail! Beaucoup. Vous savez, ceux qui veulent effacer la clope de la gueule (il en avait) de Jean Gabin! Ils peuvent effacer tous les livres de Robert Anson Heinlein!
    Lequel fait l’éloge de la fessée dans « Étoile double »!
    L’éloge de la bonne éducation dans « Podkayne, fille de Mars »!
    Brosse le portrait de relation vivante avec l’enfant, et le chat, dans « Une porte sur l’été »!
    Remue les tréfonds de la bien pensance, avec un regard nuancé sur l’homme politique ou religieux dans « En terre étrangère »!
    Et moi? Je peux vous raconter comment une petite dogue femelle met de l’ordre dans sa portée de chiots facétieux. Elle a une patience extraordinaire. Mais, le moment venu, ça barde! Sans colère! Sans puéricultrice ni Docteur Spock!

Et vous, qu'en pensez vous ?

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