Asile: les mauvais perdants

Pascal Décaillet
Pascal Décaillet
Journaliste et entrepreneur indépendant

Quelle image ces moralistes ont-ils de notre peuple? Le corps électoral de ce pays serait idiot? Il n’aurait pas la maturité nécessaire pour saisir les enjeux, trier le bon grain de l’ivraie, parmi les arguments des uns et des autres? Il ne serait qu’une masse docile, sensible à la première propagande venue? De grâce, messieurs les perdants, un peu de respect! Le peuple suisse est mûr, rompu à la démocratie, il a beaucoup de bon sens et de jugement. Vous avez le droit d’être tristes au soir d’une défaite, et votre tristesse doit être respectée par les vainqueurs. Mais le verdict vous devez apprendre à l’accepter.

 

VOTATIONS • Au soir d'une votation, il y a toujours des gagnants et toujours des perdants. Il importe, dans les deux sens, de faire preuve de mesure. La tristesse des vaincus mérite le respect. Inversement, quand on perd, on n'insulte pas la majorité. On ne vient pas proclamer sa «honte d'être Suisse».

Les perdants doivent accepter et respecter le verdict des urnes.

Près de 80%Ce dimanche 9 juin 2013 demeurera, dans l'Histoire suisse, comme la journée où le peuple aura plébiscité la politique d'asile du Conseil fédéral. Quatre Suisses sur cinq! Tous ceux qui ont vécu cette journée, partisans autant qu'opposants, l'ampleur du oui les a littéralement soufflés. C'est un véritable tsunami venu du fond du peuple pour mettre un peu d'ordre dans l'horrible complexité du dossier de l'asile en Suisse, permettre des procédures plus rapides, traiter la question de façon plus centralisée aussi. On peut s'en féliciter ou le regretter. Mais une chose est sûre: ce verdict des urnes, il faut l'accepter. Le respecter. Le mettre en œuvre. Sinon, à quoi servirait la démocratie?

PEUPLE SOUVERAIN

Il ne faut pas se tromper d'axiome: le peuple n'a pas toujours raison (bien sûr que, devant l'Histoire, il peut se tromper), mais il a le dernier mot. Il est le souverain. Etre démocrate, c'est se battre à fond pour ses idées, mais, une fois le verdict tombé, savoir en reconnaître la légitimité, se montrer bon joueur. Ce qui, bien sûr, n'empêche pas de repartir au combat dès le lendemain, espérer pour un beau dimanche, quelques années plus tard, une décision contraire. La démocratie est un tissu vivant, nulle disposition n'est gravée dans le marbre. Et puis, en Suisse, comme nous votons quatre fois par an, sur plusieurs sujets en même temps, nous sommes tous un peu gagnants, un peu perdants, les joies et les déceptions sont assez également distribuées. Ce mélange est l'une des clefs de notre succès: fort peu de citoyens, au fond, n'ont de raisons de se sentir systématiquement exclus.

MAUVAISE FOI

Dans ces conditions, je veux dire ici ma colère face aux mauvais perdants du 9 juin. Que n'a-t-on entendu, de la part des milieux de gauche opposés à cette réforme du droit d'asile, dès dimanche 12h30! A part le conseiller aux Etats Robert Cramer, remarquablement digne dans la défaite vers 13h (RSR), dans un débat avec un Philippe Leuba, conseiller d'Etat vaudois, également d'une haute tenue, que de gémissements, que de jérémiades, que de pleurnicheries, que de leçons de morale données à un peuple libre, fier, souverain, qui venait de prendre une décision totalement démocratique, à l'issue d'un débat où tous avaient pu s'exprimer. Hallucinants, certains propos sur les réseaux sociaux, les blogs, les ondes radio ou TV! Il faudrait avoir «honte» d'être Suisses, notre pays aurait vendu son âme, aurait tout oublié des leçons des années noires, etc. Pire dans la mauvaise foi: le peuple suisse serait fondamentalement hostile aux mesures votées, mais les aurait approuvées contre son gré, induit en erreur par les partisans, il aurait voté «les yeux bandés», sans rien comprendre.

ACCEPTATION

Quelle image ces moralistes ont-ils de notre peuple? Le corps électoral de ce pays serait idiot? Il n'aurait pas la maturité nécessaire pour saisir les enjeux, trier le bon grain de l'ivraie, parmi les arguments des uns et des autres? Il ne serait qu'une masse docile, sensible à la première propagande venue? De grâce, messieurs les perdants, un peu de respect! Le peuple suisse est mûr, rompu à la démocratie, il a beaucoup de bon sens et de jugement. Vous avez le droit d'être tristes au soir d'une défaite, et votre tristesse doit être respectée par les vainqueurs. Mais le verdict vous devez apprendre à l'accepter.

Source GHI

6 commentaires

  1. Posté par herrmann claude le

    Que toutes celles et ceux qui sont d’accord avec leur accueil les invitent chez eux en les logeant, les nourissant et les blanchissant un grand merci d’avance. Quant à leur pays d origine, il a besoin d eux pour se reconstruire, nous avons ce qu il faut ici. donc ou doivent il être?? Et cette chère Simonetta Sommaruga (partisante de la rose) qui voudrait que les réfugiés puissent travailler en suisse, une idée, mais bénévolement, ou qu il payent les frais engendrés par leur présence ainsi que le billet aller simple pour leurs retour. Leur coût (en suisse ?? mystère et je doute des chiffres présentés. mais en france 8’500 E ) cette gangrène sévit partout par exemple
    En Australie, Le pays a dépensé en 2011-2012 800 millions de dollars pour son système de rétention des demandeurs d’asile pour environ 7.000 personnes prises en charge, soit un coût de 110.000 dollars par demandeur d’asile. D’autres chiffres? donc STOP STOP STOP, on pourrait élargir le dialogue en citant la racaille, les dealers, et les potes….encore une fois on affiche complet, et il faut encore les DEDOMMAGER pour un séjour dans uns cellule trop petite, le chateau d If fera très bien l affaire l ai marin y est sain.,

  2. Posté par Palador le

    Il faut que ces gens sachent (les perdants) que de leur beaux quartiers, de leurs bureaux luxueux et climatisés, de leur résidences en campagne, de leurs maison solaires, bref, qu’ils sachent que ceux qui ont voté oui ne sont animés d’aucun sentiment de haine ni de racisme mais simplement inquiets de la situation de l’asile actuellement. Situation qui est la conséquence de la politique d’immigration des années 90 dont les principaux responsables sont tous retraités aujourd’hui. Des requérants d’asiles dealers occupent toutes les rues de Lausanne après 22h. Des gens retrouvent des seringues usagées et des mouchoirs tâchés de sang dans leur quartiers. Certains métiers sont saturés par le travail au noir. Dentreprises importent des travailleurs UE à bas prix. Le canton ainsi que des communes privilégient des demandeurs d’asile pour l’obtention d’emplois (TL,Poste,Chuv,
    administration, etc..) dans le but de d’obtenir un permis B après en avoir fait la demande à Berne, suivi inévitablement du permis de séjour.
    Toutes ces mesures aussi louables soit-elles ne font que provoquer chômage et paupérisation d’une partie de la population résidente, ouvriers et employés peu qualifiés. Alors oui tout ces gens n’ont pas voté comme vous le ,vouliez, vous les partisans du Non. Alors, au lieu de les critiquer et de vous auto-flageller, essayer de vous mettre à leur place et de comprendre leurs problèmes, vous aurez ainsi fait un grand pas en avant.

  3. Posté par Le pragmatique le

    Levrat a vu venir le vent; les jeunes socialistes ont voulu cracher face au vent et quant à moi j’ai voté oui à l’inssu de mon plein gré semble-t-il; mais sans le moindre regret !

    Il est rappelé à ceux qui ne savent que dépenser l’argent des autres que la Suisse prend proportionnellement 5 à 6 fois plus de pépites en comparaison européenne.

    Amen

  4. Posté par Vonlanthen le

    @ Hermann. Avez vous une idée combien le peuple Suisse paye en une année pour le poste  » Réfugies  ». Renseignez – vous`! C’est une méconnaissance totale de votre part de vous exprimer ainsi. La Suisse a le taux de réfugiés par rapport à la population résidente le plus élevé d’Europe.

  5. Posté par Michel de Rougemont le

    Par un vote référendaire une décision est prise. Il ne s’agit pas de savoir qui a raison ou tort ni de définir une vérité absolue, mais de trancher entre deux propositions. Dans le cas de la révision de la loi sur l’asile il s’agissait d’approuver des modalités d’accueil et non de déclamer son amour (ou sa haine) de l’altérité ou son dégout (ou son adoration) de l’ordre. Toute interprétation allant dans un tel sens n’est que la projection des phantasmes de celui qui la fait.
    Ça commence à faire trop de chaque fois mettre en cause l’avenir de l’humanité lorsque une simple décision politique doit être tranchée. A tout polariser on n’arrivera qu’à se faire la guerre.

  6. Posté par herrmann claude le

    Près de 80%, ont la même pancarte autour du cou, « COMPLET » une autre dans la dos, « pas de sous pas de suisse, plus assez de sous plus de réfugiés  » on accueille volontiers les touristes (encore sans visa) différemment a d autres pays quoique l idées du visa peut être pas si c.. que cela, suisse pays d accueil pour vos vacances ok ensuite comme ET. retour maison . Et que vient faire l église ici??

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