Le discours que Mme Widmer-Schlumpf n’a pas prononcé

L’éditorial d’Olivier Delacrétaz dans la Nation du jour.

"La vérité, c’est que nous sommes en état de pré-guerre: violation répétée de notre souveraineté, mise en cause de nos institutions, menaces de rétorsions sur des entreprises respectueuses des lois, chantage au blocus économique, nous subissons des actes d’hostilité d’une gravité croissante de la part d’un pouvoir prédateur, cynique et brutal, les États-Unis d’Amérique.

Le mot de guerre fait peur. Mais on n’évite pas une chose en évitant de la nommer. D’autres que moi l’ont d’ailleurs utilisé, il n’y a pas si longtemps. Rappelez-vous l’ambassadeur Carlo Jagmetti, dont une note du 19 décembre 1996 mettait en garde le Conseil fédéral contre l’agression planifiée par le Congrès juif mondial, le sénateur Alfonse D’Amato et la clique du président Clinton. Jagmetti parlait explicitement de guerre. Comme on sait, il fut limogé sans phrase par son chef, le conseiller fédéral Flavio Cotti, pour ce seul motif qu’il avait dit, secrètement, la vérité.

L’affaire Cotti permit au monde entier de nous tester: nous fûmes pesés, et trouvés légers. Vous constatez aujourd’hui le coût politique de cette légèreté.

Nous nous trouvons en face de deux manœuvres américaines d’une ampleur inusitée. La première est une «proposition» pour régler «à l’amiable» le contentieux avec les banques suisses. Selon nos «partenaires», nous avons le choix entre un massacre – si nous acceptons – et un massacre – si nous refusons. Aucune négociation! Le Parlement doit voter la «proposition» sans en connaître la teneur et il doit le faire avant le 1er juillet. J’aurais dû refuser ces exigences inacceptables et claquer la porte de Washington. J’ai au contraire bu le calice jusqu’à la lie, je suis rentrée toute faraude et j’ai présenté la proposition comme une victoire de notre diplomatie. J’ai même osé affirmer qu’à l’avenir, «les Américains sauraient se montrer fair-play!».

Les Américains craignant un référendum populaire, le Conseil fédéral a décidé de recourir au droit d’urgence, différant ainsi d’une année la procédure ordinaire de contrôle populaire. Mais dans une année, le mal sera accompli, le fisc américain aura obtenu tout ce qu’il voulait. On ne pourra que constater les dégâts. C’est là un abus caractérisé du droit d’urgence. Il fait de chaque membre du Conseil fédéral, et de moi en particulier, un complice de l’impérialisme américain.

Des banquiers (pas tous) et des syndicalistes (pas tous non plus) exercent des pressions insensées pour que les Chambres plient le plus vite possible. Ils craignent qu’un refus n’entraîne des faillites et des suppressions d’emploi. Ils parlent de «risques systémiques» et d’«effet domino». Peut-être, mais est-il juste, proportionné, prudent à long terme de sacrifier notre souveraineté à des intérêts particuliers, si importants soient-ils? La question se pose d’autant plus que nous subirons dans tous les cas de sérieux dommages frontaux et collatéraux.

Affirmer que nous conserverions notre souveraineté si le Parlement, sous la menace, rendait légal ce qui ne l’est pas relève du formalisme le plus benêt et plus pitoyable.

Les partisans de la proposition proclament que c’est «la moins mauvaise solution». Qu’en savent-ils? La sagesse populaire affirme au contraire que l’appétit vient en mangeant."

La suite

4 commentaires

  1. Posté par Palador le

    Ha! ha! ha! J’avais compris le Pragmatique, je voulais juste faire un peu d’humour.

  2. Posté par Le pragmatique le

    Palador semble aussi réveillé que notre ministre des finances.

  3. Posté par François Rameau le

    Il s’agit du discours que Mme Widmer-Schlumpf devrait prononcer si elle venait à se repentir de son acte de haute trahison.

  4. Posté par Palador le

    Le discours que Mme Widmer-Schlumpf n’a pas prononcé… Tout ceci me semble un peu ambigu. A-t-elle réellement eu l’intention de prononcer ce discours ? Reflete-t-il son état d’esprit du moment ? Bien que je trouve ce texte ou (discours) très intéressant, ça me laisse un peu songeur. Ca pourrait induire les gens en erreur. Alors vrai faux discours de Mme Schlumpf ou vrai texte d’ Olivier Delacrétaz ?

Et vous, qu'en pensez vous ?

Poster un commentaire

Votre commentaire est susceptible d'être modéré, nous vous prions d'être patients.

* Ces champs sont obligatoires

Avertissement! Seuls les commentaires signés par leurs auteurs sont admis, sauf exceptions demandées auprès des Observateurs.ch pour des raisons personnelles ou professionnelles. Les commentaires sont en principe modérés. Toutefois, étant donné le nombre très considérable et en progression fulgurante des commentaires (259'163 commentaires retenus et 79'280 articles publiés, chiffres au 1 décembre 2020), un travail de modération complet et exhaustif est totalement impensable. Notre site invite, par conséquent, les commentateurs à ne pas transgresser les règles élémentaires en vigueur et à se conformer à la loi afin d’éviter tout recours en justice. Le site n’est pas responsable de propos condamnables par la loi et fournira, en cas de demande et dans la mesure du possible, les éléments nécessaires à l’identification des auteurs faisant l’objet d’une procédure judiciaire. Les commentaires n’engagent que leurs auteurs. Le site se réserve, par ailleurs, le droit de supprimer tout commentaire qu’il repérerait comme anonyme et invite plus généralement les commentateurs à s’en tenir à des propos acceptables et non condamnables.

Entrez les deux mots ci-dessous (séparés par un espace). Si vous n'arrivez pas à lire les mots vous pouvez afficher une nouvelle image.