La France doit réécrire sa mémoire collective

Bruno Bertez
Bruno Bertez
Analyste financier anc. propriétaire Agefi France

Ce qui frappe l’étranger qui entre en contact avec les Français, surtout ceux de haut niveau, ce sont leurs certitudes. Les Français ne doutent pas un seul instant d’avoir raison sur tout.

Le compte rendu récent, dans un organe suisse, d’un voyage de sénateurs français auprès des autorités du pays en atteste: ils ne doutent de rien et profèrent énormités sur énormités sans sourciller. Les Suisses traitent cela avec humour, ils ont tort: Pourquoi? Parce que ce pays est pollué par la culture française, le mal français, les erreurs françaises. Tout se transmet par la ligne de fausse bien-pensance des internationales socialistes. La Suisse est sous contagion.

Nous nous demandons souvent : comment se fait-il que le mensonge et l’imbécillité réussissent si bien?

Nous ne trouvons à ce jour que des réponses partielles, mais déjà les partielles apportent un peu de compréhension.

Il est évident qu’il y a une similitude énorme entre la situation du gouvernement Hollande et celle de Mitterrand. Hollande, en un an, c’est la contraction de Mitterrand en 3 ans.

On part sur des rêves, on se heurte au réel, on le nie, puis on cède et on se soumet.

On masque le tout dans un galimatias verbeux et on détourne l’attention sur le sociétal et les grands mots creux.

Ensuite, on tourne le dos radicalement, cyniquement, à ses analyses et ses promesses. On met au rencart le thème de l’égalité, on le remplace par le thème de la compétitivité… On essaie de tendre la main aux patrons et on marche sur les travailleurs, en pensant tout bas, de toutes façons, ils n’ont pas le choix….

Pierre Mauroy a été l’homme des trois premières années de Mitterrand.

C’est lui qui a essayé de tenir les promesses économiques et sociales, il a été trahi et sacrifié sur l’autel de la politique pragmatique d’austérité au profit de Fabius. On a habillé cela de virage dit « moderniste ».

Un bon moyen de se débarrasser de Mauroy, devenu trop encombrant avec son humanisme, son social et son archaïsme économique. Mauroy était trop honnête pour pouvoir continuer dans la voie de la fidélité, il fallait un Fabius, il fallait revenir à la gauche bourgeoise, caviar. Il fallait changer le terrain, le baliser autrement que par les promesses sur le chômage.

L’histoire de Mauroy est celle d’un homme qui a échoué, d’un homme qui a été trahi.

Voilà la vérité. Mauroy a échoué, il s’est planté sur sa transition socialiste, sur le « changer la vie ».

Plus encore, Mauroy a mal fini sur des affaires pénales à la Communauté Urbaine, sur d’autres affaires peu reluisantes.

Nous ne lui jetons pas la pierre, nous savons, d’expérience, que tout le milieu politique est pourri jusqu’à la moelle et que Mauroy, tout comme par exemple Bérégovoy, n’était pas parmi les plus malhonnêtes.

Mais c’est ainsi, la vérité oblige à dire que :

  • Politiquement Mauroy était à côté de la plaque, il s’est trompé sur tout
  • Economiquement il a échoué, et dû laisser la place à Fabius, « moderne et unitaire »
  • Les nationalisations ont été privatisées, son œuvre détruite
  • Socialement, ses réformes étaient malvenues, la France n’avait pas les moyens de se les payer
  • Moralementil était douteux.

Le décès de Pierre Mauroy vient de donner un triste spectacle de mensonge et d’hypocrisie.

On a réécrit l’histoire. Fini l’échec, finies les erreurs, finies les trahisons, Mauroy est devenu un mythe. Bientôt on parlera du Panthéon.

Comment voulez-vous que la France fonctionne? Elle transfigure son histoire. Au lieu d’analyser l’échec de Mauroy, on le sublime! Le positif devient négatif, le mal devient le bien, les fautes morales disparaissent, l’histoire lave plus blanc.

Si quelqu’un, à droite ou à gauche, avait fait son travail, avait accompli une analyse critique du Mauroyisme, au moins aurait-on pu éclairer la période actuelle, montrer les similitudes, cela aurait profité à tout le monde. Même à Mélenchon.

Le seul moyen pour un pays et ses citoyens de progresser dans sa conscience politique est d’avoir accès à la vérité historique, accès à ce qui s’est vraiment passé. Il faut pouvoir tirer les enseignements de l’histoire, sinon on se condamne à répéter les mêmes erreurs, les mêmes tromperies.

Seul Thierry Pfister, de façon biaisée, a éclairé cette période de la Mitterrandie.

Nous vous conseillons, pour ne pas mourir idiot, de faire l’effort de le lire… Pour ceux qui, dans le milieu politique travailleraient…

L’affaire Mauroy et son décès sont exemplaires.

C’était une occasion unique de montrer que tout le monde en France ne pratiquait pas la connivence et surtout qu’il y avait des gens qui avaient la mémoire de l’histoire, et qu’ils étaient capables de l’analyser.

La faute colossale de la droite a été, faute de Sarkozy lors de la campagne, de ne pas montrer, faire toucher du doigt, la profonde similitude entre les positions de Hollande et celles des socialistes en 1981, de ne pas faire toucher du doigt l’escroquerie qui s’est mise en place en 1984.

En 1981 et années suivantes, le programme de transition socialiste s’est brisé sur l’impossibilité de modifier les lois de l’économie, de les contourner. Il a alors fallu se rendre à l’évidence, le socialisme, cela ne marche pas.

D’où le remplacement de Mauroy en 1984 par le pseudo moderniste, chargé de cesser de cliver la France pour les élections de 1986, Fabius.

Au lieu d’épingler les socialistes, de leur mettre leur nez dans leur caca et de les forcer à clarifier leur aggiornamento/trahison, on les a laissés faire comme si… comme si le socialisme pouvait marcher et comme s’il était amendable par une dose de modernité.

Il fallait les mettre ko, mettre à terre leur idéologie, ne pas tomber dans le piège de leur ralliement au pragmatisme.

On ne l’a pas fait et donc les socialistes ont pu ressortir leur vieille lune idéologique en 2012, quasi intacte, sinon crédible. Hollande est pire que Mitterrand, car il s’attaque aux fondements des sociétés de liberté, mais de cela, la droite s’en moque!

L’échec de Mauroy, c’est l’échec de l’idéologie socialiste, c’était une occasion unique de le rappeler lors de son décès. Au lieu de cela, on a, même à droite, encensé l’homme d’Etat, l’humaniste, fils d’instituteur, petit-fils de bucheron, et on a escamoté la ruine de l’économie française des premières années Mitterrand, l’humiliation face à l’Allemagne.

On a laissé les perdants se relever. On les laisse encore triturer la mémoire collective.

Pourquoi ? La seule réponse est que les communistes avaient raison : « C’est bonnet blanc et blanc bonnet ».

Heureusement, il y a les Cahuzac.

Ils sont là pour rappeler que les socialistes, non seulement ne savent pas gérer, mais qu’ils contreviennent aux valeurs qu’ils arborent, pour se permettre d’asservir les Français.

Nous vous avons invités à lire Thierry Pister, nous complétons, lisez aussi « Animal Farm » d’Orwell, cela ne fait jamais de tort de savoir comment on perd sa liberté.

France 2 prépare une émission pour relancer l’affaire Cahuzac , montrer que le vice était loin dans le fruit et que tout cela est bien plus grave que l’on ne veut le faire croire…

Dès 2010, Cahuzac a couvert de nombreuses activités illicites…

Bruno Bertez

Un commentaire

  1. Posté par philip le

    NS aurait dû mettre le doigt sur les points communs entre mitterand et le pingouin pour montrer davantage les inquietants vices de forme sous le regime pernicieux du socialisme qui a tjrs nuit a la France..et il n’aurait peut etre pas perdu..mais l’histoire est ainsi

Et vous, qu'en pensez vous ?

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