Derrick et le nazisme. Et le communisme ?

Uli Windisch
Rédacteur en chef

La seule question qui n’est pas posée publiquement dans cet actuel maelström de recherche de transparence et de sa publicisation, et qui n’est pas non plus posée lors d’autres révélations du même type à propos du nazisme est la suivante :
Pourquoi ce vaste mouvement de dévoilement à propos du nazisme et pas du communisme, cette autre idéologie parmi les plus meurtrières et responsable d’une centaine de millions de morts et pour laquelle ont milité fanatiquement et inconditionnellement tant de personnes, même dans nos environnements les plus proches et immédiats?

Donc le célèbre inspecteur Derrick, Horst Tappert, a appartenu à la Waffen-SS. A peine la nouvelle révélée par un grand quotidien allemand, c’est l’onde de choc et la traque à la dénazification saute sur une nouvelle proie pour poursuivre son œuvre de purification. C’est un ouragan, puissant, qui déferle, en priorité dans le domaine des médias : retrait de la série policière, fin de programmation, retrait des coffrets DVD de la série dans une certaine télévision, mais sans rapport avec la révélation, cela va de soi, etc. La chasse aux dernières traces et acteurs du nazisme doit être totale et la purification ne doit rater aucun élément. Les discours de repentance ne suffisent pas, il faut encore pourchasser la moindre trace et rester d’une vigilance absolue.

Loin de nous évidemment la volonté d’excuser le passé de l’inspecteur ni de minimiser cette terrifiante idéologie et la nécessité de tout faire pour que de telles idéologies ne puissent se développer à nouveau ; tous ceux qui sont de bonne foi savent la lutte ininterrompue que nous menons contre ce genre d’idéologies meurtrières. Une telle idéologie n’est toutefois pas à confondre avec les programmes politiques actuels des différents et multiples mouvements nationalistes dits populistes qui sont, de manière intéressée politiquement et démagogiquement, taxés d’extrême droite, de fasciste, ou même justement de nazis par la gauche et ses variantes.

Les réactions les plus diverses font suite à cette révélation : excès de zèle, hypocrisie, jugement rapide et de vierge effarouchée, sans connaissance du rôle réel de l’interprète de cet inspecteur adulé par des millions de personnes, exemple du politiquement correct, volonté de continuer à culpabiliser, etc.

Les mots transparence, repentance et devoir de mémoire font maintenant partie du langage de ceux qui veulent nous faire croire en leur néo-pureté, moralisme indépassable, soif d’égalité et de justice,  par exemple pour tenter de nous faire accepter leurs « avancées » de toutes sortes, cela sans jamais se questionner sur les conséquences dévastatrices possibles de leurs prétendues avancées.

Autre réaction à la « révélation Derrick » : rappeler que si vraiment on voulait aller jusqu’au bout de cette dénazification une grand partie de l’économie allemande s’effondrerait puisqu’il faudrait fermer immédiatement tout un ensemble de fabriques, industries( Porsche, Volkswagen, Thyssen et Krupp, BMV et Mercedes, des usines chimiques, etc et même des éditeurs, ou du moins de mettre au pilon certains de leurs livres, comme ceux de Günther Grass, par exemple, et pourquoi pas supprimer le prix Nobel puisqu’il l’a reçu.

La seule question qui n’est pas posée publiquement dans cet actuel maelström de recherche de  transparence et de sa publicisation, et qui n’est pas non plus posée lors d’autres révélations du même type à propos du nazisme est la suivante :

Pourquoi ce vaste mouvement de dévoilement à propos du nazisme et pas du communisme, cette autre idéologie parmi les plus meurtrières et responsable d’une centaine de millions de morts et pour laquelle ont milité fanatiquement et inconditionnellement tant de personnes, même dans nos environnements les plus proches et immédiats. On a pu être communiste et ne jamais avoir eu à subir la moindre critique, ne parlons pas d’une mise en accusation publique ou de procès visant à faire la lumière, non seulement en ex-URSS mais chez nous, dans nos pays. Ces anciens communistes n’ont guère été inquiétés, ni offerts à la vindicte publique, ni jugés bien sûr. Ils ont pourtant milité activement pour que le communisme fasse aussi notre « bonheur », et ne se sont pas gênés de livrer à la vindicte ceux qui les contraient. Certains de ces communistes, de même que leurs partis politiques se sont, sans gêne aucune, recyclés en changeant simplement de nom. Plusieurs se sont même mués en « Parti démocratique », sans que personne ne relève cette novlangue d’un type nouveau. Non content de se dire subitement démocrates ils n’hésitent pas à faire la leçon à leurs ennemis, en réalité les vrais démocrates, et pendant qu’on y est de les traiter de fascistes ou de totalitaires. Un sacré coup de force. J’ai même en tête un de ces ex-communistes (pourquoi d’ailleurs le qualificatif d’ex est-il si facilement admis, alors qu’on ne parle pas d’un ex-nazi?), par ailleurs sénateur italien représentant de la diaspora italienne de Suisse,  qui a reproché  en 2006 à un autre député bi-national suisse-italien et représentant de la même diaspora en Italie d’avoir changé de parti  et d’avoir par conséquent « complètement trahi et insulté les Italiens de l’étranger » (20Minutes 5.12.2010). Le changement de parti serait-il réservé aux communistes?

Bref, et nous le répéterons encore souvent, il devient urgent d’entreprendre des travaux de recherche détaillés pour faire toute la lumière sur toutes les idéologies totalitaires du 20ème siècle, communisme et les individus qui l’ont incarné compris, cela justement au nom de ce même devoir de mémoire et de la vérité historique certes, mais aussi afin de mettre enfin tous les totalitaires face à leur passé, et cela d’autant plus que nombre de communistes cherchent à le cacher, à ne pas assumer leur responsabilité, et même à continuer à vouloir diriger la politique, tout en faisant la leçon à leurs adversaires et en n’hésitant pas à les traiter de totalitaires, de fascistes, etc.

Il faudrait aussi que les électeurs réfléchissent et se renseignent un peu plus avant de faire leur choix. Car finalement pourquoi une traque des nazis et pas des communistes (version d’origine, déguisée ou recyclée), si ce n’est parce que ces derniers restent fortement présents et puissants dans les secteurs clés de la société ? Est-ce normal de trouver cela normal, alors qu’une telle réalité mériterait elle aussi d’être clairement et largement dévoilée, avec rappel de ce que nous aurions été et serions encore s’ils avaient réussi à s’imposer,  par la terreur.

Pour ma part j’ai toujours de la peine à distinguer clairement entre communisme et nazisme. C’est évidemment scandaleux pour certains (devinez pour qui ?) de ne pas faire la distinction. Mais où est le vrai scandale ?

PS on apprend, presque au même moment, que la RDA communiste avait fourni 50'000 cobayes humains aux groupes pharmaceutiques occidentaux. A partir de là on accuse bien sûr ces firmes. Mais on pourrait aussi y voir un exemple du prix que le communisme accordait à la vie humaine, aux hommes dont il prétendait faire le bonheur. Nous avons vraiment l’esprit mal tourné !

2 commentaires

  1. Posté par Ueli Davel le

    Oui le communisme, la gauche en générale ont su se faire une image de défenseurs des pauvres, des orphelins, des opprimés, du tout le monde il est beau, il est gentil de  » la » Kulture la seule, la vrai et de la haine de la police, de l’armée. Les historiens, nous en avons certains en Suisse, ne s’intéresse pas trop aux centaines de millions de morts dû au communisme, aux gentils Vopo, à la Stasi. Mais quelle ironie, Zürich, après Lausanne nomme un communiste comme chef de la police! Pas un mot de la Presse, rien. La police aux mains des communistes en Suisse au 21éme siècle! A j’allais oublier le passé du rédacteur en chef de newsnet et du Tagi!

  2. Posté par Jan Marejko le

    Déjà Jean Kirkpatrick, ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, parlait, il y a trente ans de doubles standards, soulignant que les totalitarismes communistes étaient présentés comme de moindres maux en regard des dictatures sud-américaines qui, en réalité, et malgré toutes leurs horreurs, restent loin en deçà de ce qui s’est passé dans les régimes de parti unique. Castro bat tous les records face à Pinochet. Mais dire cela fait de vous un partisan de Pinochet, quelle que soit l’intensité de vos attaques contre lui. La thèse de Kirkpatrick n’a eu aucun impact.
    Même chose avec Stéphane Courtois dont le Livre noir du communisme n’a pas eu beaucoup d’effet. Que se passe-t-il ? On pense aux pires époques du moyen âge où les propos le plus délirants trouvaient crédit. Sommes-nous entrés dans une époque de folie où tout et n’importe quoi peut être soutenu, alors même qu’on tresse des louanges à la raison ?
    A ce point, il importe de savoir que la fixation exclusive sur le nazisme aura nécessairement pour effet de le banaliser. On ne pourra pas aller répétant qu’il est la seule source du mal, tandis que se multiplient les livres et informations sur le drame des peuples tombés dans la gueule du communisme, comme on le voit avec, entre autres, le tout récent livre de Timothy Snyder, Terres de sang.

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