Une bonne cure de Suisse pour l’Europe

Un régime purgatif ? Le monde est fantastique. Alors que le président Hollande envoie ses reîtres bottés et casqués contre sa population manifestant pour le droit de référendum, la gauche allemande réclame plus de démocratie directe…

"Un appel à "plus de Suisse" résonne jusqu’aux confins de la gauche"

écrit le Frankfurter Allgemeine Zeitung. Il s'agit hélas d'une lecture très personnelle de l'exercice des libertés helvétiques – le résultat de l'initiative Minder en l'occurrence – au service d'une vision caricaturale d'un peuple en marche, sur le point de d'en aller pendre le dernier des patrons avec les tripes du dernier banquier. En bref, prendre prétexte de la vox populi pour bouffer du riche. Rien de très original surtout au vu de l'exécration de cette même gauche européenne pour la démocratie directe quand celle-ci permet de préserver la souveraineté nationale devant les délires atlantistes de l'Union européenne ou l'identité culturelle propre devant la planification de forêts de minarets.

Reste que l'article de Michael Wohlgemuth et Lars Feld, tous deux professeurs en économie, conserve son intérêt par la présentation positive des institutions helvétiques et la contemplation sans concession de ce qu'a pu devenir la démocratie dans les Etats européens. Un point de vue devenu rarissime en ces temps de crispation face à la crise.

"Dans une démocratie, les élus sont censés agir au nom du peuple. Le citoyen est roi. En pratique, il en va comme pour le petit porteur face à la grande société de capitaux : il est ingrat et difficile pour l’électeur d’avoir prise sur les activités multidimensionnelles de ses représentants au gouvernement et au Parlement.

 

[...] Nulle part la démocratie directe n’est aussi développée qu’en Suisse [...] Les résultats sont assez éloquents : les collectivités territoriales sont moins dépensières dès lors que les citoyens peuvent décider eux-mêmes de l’utilisation de leurs propres deniers. Leur parcimonie a pour effet d’alléger la pression fiscale. Et la dette recule également, grâce à des référendums financiers qui permettent aux citoyens de présider eux-mêmes à la gestion des fonds publics à la place des gouvernements.

La "solidarité" ne passe pas à la trappe pour autant. Si les cantons pratiquant la démocratie directe redistribuent globalement moins, cela ne signifie en aucun cas que le niveau de redistribution est insuffisant pour les pauvres. L’inégalité sociale n’est pas plus forte dans les cantons qui pratiquent la démocratie directe. Tout porte à croire, au contraire, que les transferts sociaux y sont plus ciblés.

Tout cela entraîne un accroissement de la productivité économique grâce à des prestations publiques de meilleure qualité et à une politique financière plus saine que dans les démocraties uniquement représentatives.

Felix Helvetia ! L’opinion publique limite la dette tout en promouvant le respect des obligations fiscales, l’efficacité et la subsidiarité : n’est-ce pas là précisément ce dont toute l’Europe a aujourd’hui besoin ?

 

[...] Sur les questions européennes, il serait bon de recourir à la démocratie directe là où la Suisse la pratique communément avec succès : les citoyens doivent pouvoir décider à l’échelon local de ce qu’il advient de leurs deniers et dire dans quelle mesure ils veulent être les garants des dettes d’autrui.

L’ensemble de l’Union européenne pourrait tirer profit d’une telle helvétisation – à condition qu’elle prenne la forme d’un programme de réforme ambitieux des institutions politiques."

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