La menace grandit, le président Obama promettait une enquête il y a quatre jours... Ca y est, sa conviction est faite aujourd'hui, des armes chimiques ont été utilisées en Syrie, reste à savoir par qui:

"Nous avons maintenant des preuves que des armes chimiques ont été utilisées en Syrie, mais nous ne savons pas par qui, ni quand, ni comment" (source)

La semaine dernière, pourtant, la Maison Blanche, sur la base d'un rapport de ses services de renseignement, se faisait plus loquace:

"La communauté américaine du renseignement, avec différents degrés de certitude, est parvenue à la conclusion que le régime syrien a utilisé des armes chimiques à petite échelle, en Syrie, en particulier du gaz sarin" (source)

L'on a corrigé la copie par crainte, de toute évidence, d'un mouvement d'humeur du grand allié russe mais aussi, sans doute, de découvrir que le salaud que tout le monde espère n'est pas forcément le bon (1).

Devant sa porte...

Reste que l'accusation à l'intention du régime n'est pas mal trouvée, la Syrie figurant encore parmi les rares pays à ne pas avoir signé la Convention sur l'interdiction des armes chimiques. Ceci étant dit, l'attitude américaine semble empreinte d'un brin de partialité, un autre Etat, qui a signé ladite convention, a toutefois oublié de la ratifier, Israël. Israël, 52e Etat des Etats-Unis, qui a reconnu il y a peu avoir employé des bombes au phosphore blanc contre la population civile - pas toujours désarmée, il est vrai - lors de son intervention dans la bande de Gaza en 2008-2009. Phosphore blanc dont l'utilisation offensive a été classée crime de guerre par le Protocole sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi des armes incendiaires (Protocole III) de l'ONU en... 1980 déjà. Les Etats-Unis l'ont aussi allègrement utilisé en Irak, avant de signer le protocole en 2009 tout en émettant une réserve... celle de pouvoir malgré tout en faire usage ! Le Phosphore blanc est une arme, c'est un produit chimique, mais quand les USA et ses alliés l'utilisent, ce n'est pas une arme chimique; tout le monde respire.

Dans la veine de la protection de civils désarmés sans défense, ce que les "rebelles" syriens ne paraissent, et de loin, pas être, les Etats-Unis ont encore été l'objet d'accusations d'utilisation de gaz pour calmer les prisonniers de Guantanamo:

"Ils ont insulté le coran, et nous tous prisonniers avons commencé à manifester quand ils ont utilisé une sorte de gaz pour nous calmer"

a déclaré Sharbat Khan, emprisonné à Guantanamo pendant plus de trois ans, dans les colonnes du New-York Times (2).

Reste que si la CIA continue de bien chercher, elle trouvera à n'en pas douter toutes les armes de destruction massive et autres gaz de combat dont elle pourra avoir besoin dans ses propres stocks et fournitures. Qui est une menace pour qui, telle est la question.

(1) Et ici et encore, de sources pro-syriennes, ici et ici.

(2) Plus sur l'utilisation forcée de calmants ici

Voir aussi

Bis repetita