Schengen: le PS nous aurait-il menti?

Dans le Matin du jour, le président du parti socialiste suisse dit tout le mal qu’il pense de la clause de sauvegarde limitant la libre circulation des ressortissants de l’Union européenne.

Les temps sont durs pour le parti socialiste, le grand rêve confraternel internationaliste pan-européen ploie sous les statistiques de la criminalité et l'incompréhension des bandes organisées moldaves ou géorgiennes.

Pour ne pas tailler un boulevard trop large à l'UDC, le Conseil fédéral a décidé de réagir en enclenchant la seule garantie relative aux accords de Schengen-Dublin qui fut: la clause de sauvegarde. Soit le droit, pour un an, de lever le pied sur la vague massive d'immigration donc le puissant ressac commence à user le rivage autrefois paisible de notre économie.

Or cette clause ne sert à rien, l'UDC l'annonçait, le PS le découvre, "les gens veulent du concret" tonne Christian Levrat et, de toute évidence, la clause n'en fait pas partie:

"Je crois d’abord que le Conseil fédéral le reconnaît: la mesure prise hier ne sert à rien en termes de chiffres. Elle ne permettra pas de réduire le nombre de migrants en Suisse.

[...] Si dans un an, la population voit que la clause de sauvegarde était de la poudre aux yeux, elle rejettera l’extension de la libre circulation à la Croatie.

[...] Cette clause n’aura aucun effet sur le logement, les conditions de travail ou les infrastructures. Les gens nous disent: « Agissez dans des domaines concrets! Nous avons de vrais soucis et notre qualité de vie ne s’améliore pas. Il faut agir, mais pas au moyen d’un placebo! »"

Poudre aux yeux, placebo, ciel ! Mais alors que penser ? En 2005, lors de la campagne pour les accords de Schengen-Dublin, le parti socialiste nous expliquait pourtant que:

"Une clause de sauvegarde particulière autorise des mesures de restriction supplémentaires jusqu’en 2014 pour le cas où la pression migratoire en provenance de ces pays s’accroîtrait trop vite. On voit que toutes les précautions ont été prises pour éviter un exode massif, alors que les expériences faites au sein des pays de l’UE ne font craindre aucun exode de ce type" (source)

La clause de sauvegarde était l'ultima ratio, la preuve de sagesse qui validait le bien-fondé et le bon sens de l'entier du système... Et l'on vient nous dire aujourd'hui que ce n'était que de la poudre aux yeux. En 2005, le PS devait convaincre à tout prix, tant un refus à une libre circulation sans plus de contrôle des personnes aux frontières aurait constitué "un grave péché d'égocentrisme"; toujours là pour veiller à notre bonne morale.

De l'art de penser à rebours

L'on sent le PS aux abois, qui parvient à reprocher au Conseil fédéral son inaction en matière de logement dans un article qui a pour objet la libre circulation, cause première, incontestable et incontestée d'engorgement immobilier dans les zones urbaines et frontières. Libre circulation que le PS soutient depuis des années avec les arguments, promesses et garanties que nous venons de voir.

L'angle du logement pour répondre à tous les mots n'est pas une première au PS, qui tient l'idée du genevois Carlo Sommaruga, secrétaire général de l'ASLOCA romande, lequel ayant sans doute entraperçu avant ses coreligionnaires l'impasse du programme socialiste quant à l'immigration. Reste qu'on peut difficilement défendre la création de nouveaux logements et, partant, le bétonnage du pays sans se retrouver un tant soit peu confronté à ses alliés Verts. On ne peut pas non plus avoir milité pour la division par deux des zones à bâtir et réclamer le doublement des habitations. L'avenir de la logique au parti socialiste paraît bouché par des rangées de tours de béton qui tendent jusqu'au ciel.

Rattrapé par la réalité, le PS semble vouloir s'échapper à grandes enjambées. Si la cohérence fait défaut à gauche, pourquoi ne pas s'emparer des raisons de la droite ? Nous avons déjà attrapé M. Levrat en flagrant délit de promotion de la préférence nationale, le voilà qui emboîte le pas à l'UDC dans la recherche de moyens concrets, de "mesures dignes de ce nom", pour limiter durablement l'immigration:

"Il faut permettre aux femmes d’augmenter leurs activités avec une meilleure possibilité de concilier vie familiale et vie professionnelle"

L'argument n'est pas de lui, il est du radical Fulvio Pelli qui, lors du débat sur l'initiative UDC pour la famille battait le rappel des femmes suisses pour contrer les hordes de travailleurs étrangers à l'assaut de nos frontières. Mères helvétique qui doivent impérativement:

"Contribuer à faire baisser en Suisse la demande de forces de travail étrangères ?" (source)

Or, lors de ce même débat, la conseillère nationale socialiste Ada Marra s'exclamait, inspirée et lyrique:

"Si nos assurances sociales sont garanties et que la plupart des parlementaires dans cette salle toucheront leur rente AVS, c'est grâce aux étrangers qui arrivent dans notre pays." (source)

Penser ou mentir, il faut choisir, soit la clause de sauvegarde est une précaution essentielle soit elle est un placebo, soit la libre circulation est bienfait soit il faut revenir à la préférence nationale, soit il faut construire des logements à perte de vue, soit il faut massivement dézoner,  soit il faut encourager les femmes à contrer l'immigration, soit les "étrangers qui arrivent dans notre pays" sont les sauveurs de notre système d'assurances sociales, mais les deux ensemble sont strictement inconciliables; les élus socialistes devront un jour, de gré ou de force, s'y résigner. Comment dit-il déjà ? Ah oui: "Les gens ont besoin de concret", c'est le titre de l'interview.

2 commentaires

  1. Posté par Le pragmatique le

    Bravo Laurent, langage direct sans embiguité.
    Pour en revenir à l’activation de la clause de sauvegarde, il parait évident qu’elle ne règle pas
    le problème sur le plan quantitatif. Vu sur le plan qualitatif elle envoie par contre un signe clair à la Komandantur de Bruxelles : on en a assez de tous ces problèmes que cette Europe génère.

    Il ne reste plus qu’à attendre que la France passe dans le précipice de l’Europe du sud, avec le roi Hollande et sa définitive incompréhension de l’économie :

    Bye bye l’Euro
    Bye bye la Komandantur

    Et vive la liberté retrouvée

  2. Posté par Laurent le

    Et pour les maghrébins qui agresse ou tous ces gens qui eu sont la dans le seul objectif de faire des délits!!! Même la police nous disent on peux rien faire!!! Ou va t on??? Même leurs pays d origine ne veulent pas d eux!!!! Pire la suisse les garde ! A oui mais avant d’arrivé en suisse ils ont du passer par des pays autour de nous! Alors casser les et jeter les en dehors de chez nous! Ça c’est que pensent les 85% des gens ici! Maintenant il faut le dire haut et fort!!! Arrêtez d’avoir peur de dire ce que vous pensez! Faite le et vous verrez on s’en portera que mieux!!!

Et vous, qu'en pensez vous ?

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