La théorie du genre au détriment des droits humains ?

Caïn Marchenoir
Nom de plume, chroniqueur
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Partout où elle essaie de s’imposer en force, la théorie du genre suscite de nombreuses résistances. Pour rappel, dans les grandes lignes, la théorie du genre consiste à nier l’influence de la nature sur la construction de l’identité sexuelle des individus.

En clair, ce n’est pas parce que j’ai un pénis que je suis un homme, ma masculinité n’est en fait qu’une construction sociale : c’est parce que je le veux que j’en suis un. Si mon choix est autre, rien ne m’empêche d’être une femme. Ma volonté prime sur la nature.

Outre les oppositions traditionnelles que cette théorie soulève, il existe certaines lignes de front encore mal définies mais méritant réflexion : dans des sujets aussi graves que celui-ci, mieux vaut essayer de voir un peu plus loin que le bout de son nez.

En premier lieu, la théorie du genre ne peut qu’affaiblir les positions écologiques. En postulant que la volonté humaine prime sur la nature au niveau de la construction de l’identité sexuelle, on passe un message allant radicalement à l’encontre du respect de l’environnement : il n’est en effet pas cohérent de signifier aux gens qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent de ce que la nature leur a donné comme corps sans amener un certain relativisme au niveau de l’environnement. Nous vivons déjà dans une société qui a tendance à faire un peu n’importe quoi de son environnement et ce pour permettre à la volonté humaine de s’exprimer. La théorie du genre, de par son essence même ne peut que renforcer ce message.

Plus problématique encore est l’impact que la théorie du genre peut avoir sur les droits humains : il faut être conscient que cette théorie est en contradiction radicale avec l’ensemble des cultures que l’on peut trouver sur cette planète. Que ce soit l’islam, l’hindouisme, le bouddhisme ou je ne sais quoi d’autre, personne, je dis bien personne, ne peut être en accord avec cela. Sauf en Occident bien sûr.

Par conséquent, il est fort probable qu’à vouloir amener ce genre de bienfaits à des peuplades qui ne les ont certainement pas demandés et qui n’y croient pas un instant, et ce au nom des droits de l’homme, on risque fort d’affaiblir ces mêmes droits humains. En se mettant un instant à la place des gens à qui on va tenter d’inculquer cette chose si radicalement opposée à tout ce qu’ils croient et vivent, il ne fait aucun doute que ceux-ci rejetteront tout en bloc, estimant qu’il ne s’agit là que de lubies d’Occidentaux décadents et croulant sous leurs richesses. Par leur militantisme, les mouvements LGBT et féministes vont donc notoirement aggraver la situation des femmes et des homosexuels un peu partout sur la planète.

Enfin, relevons qu’à vouloir nier obstinément et en bloc tout l’impact naturel sur la construction identitaire des individus, la théorie du genre se profile comme un cheval de Troie indispensable pour quiconque voudrait faire voler en éclat le concept même d’humanité et de l’ensemble des droits qui y sont rattachés : si donc il n’est plus possible de définir un homme ou une femme sur la base de leur sexe biologique, j’aimerais qu’on m’explique comment on va pouvoir continuer d’estimer qu’untel ou untel est un être humain sur la base de sa physiologie naturelle. Si la nature ne fait plus foi et qu’on estime que le genre humain est une construction sociale comme peuvent l’être les identités sexuées selon la théorie du genre, la distinction humain/animal, surtout dans le cas des espèces les plus proches de nous, vole en éclat. En conséquence, certaines espèces d’animaux pourraient bien commencer à bénéficier de droits qui sont aujourd’hui dévolus aux seuls êtres humains alors que certains humains, lourdement handicapés, et qui donc n’ont pas des capacités beaucoup plus poussées que certains animaux, pourraient, eux, perdre les leurs. Ce ne serait somme toute pas la première fois dans l’histoire de l’humanité que certains dirigeants privent certains groupes humains de leurs droits fondamentaux parce que jugés comme inférieurs. On sait jusqu’où cela a pu aller.

Pour ceux qui se diraient en me lisant que j’exagère et que je fais de la science fiction, je me permets de leur faire remarquer que certains mouvements sont déjà en train de se profiler dans cette direction : la fondation Arcus se bat pour les droits LGBT ainsi que ceux des grands primates alors qu’un philosophe comme Peter Singer se bat contre ce qu’il dénomme le spécisme, à savoir la discrimination entre les êtres sur la base de leur appartenance d’espèce.

A méditer…

 

 

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et surtout

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7 commentaires

  1. Posté par Burnand le

    Il y a des hommes qui se sentent femme et des femmes qui se sentent homme. On ne sait pas si cela provient de la génétique, de l’éducation, du contexte social, on ne sait pas. Tout simplement. Mais on sait que de telles personnes existent, qu’elles en souffrent, donc on n’a pas à les juger. Il en va autrement bien sûr des castrats et autres cruautés.

  2. Posté par Twisk le

    Pour A.Decroissance : Si, on rejette les résultats de sciences sociales, non pas quand elles risquent de changer l’ordre établi, mais quand elles ne relèvent que d’idéologies fumeuses, déconnectées du réel et potentiellement dangereuses. N’importe quelle doctrine peut être nocive et doit être soumise à des interrogations très précises, en particulier quand elle nie les faits scientifiques.
    La théorie du gender ne fait que s’ajouter à une longue liste d’idées « géniales » dont l’humanité a parfois eu du mal à se relever, comme « l’homme nouveau » des nazis et des communistes, le calvinisme, les doctrines raciales qui ont permis l’esclavage, la polygamie, etc.

    Il n’y a pas de troisième sexe. C’est XX ou XY, point.
    Pour les hijras et autres, ce n’est pas en castrant des hommes et en les habillant en femmes qu’ils en deviendront. Si déboussolés soient-ils, tant qu’ils gardent leurs chromosomes XY, rien à faire : ils sont et resteront des hommes, désolée.

  3. Posté par Cain_Marchenoir le

    La vidéo en dessous de l’article démontre bien que ce genre de « sciences sociales », n’a pas grand chose de scientifique puisque les théoriciens du gender sont incapables de répondre aux oppositions faites par les sciences dures. Ils préfèrent éviter la confrontation, sachant très bien qu’ils ne sont tout simplement pas capables de répondre….Quelle attitude scientifique! Waouw!
    J’ajoute en passant que les sciences sociales sont un domaine où il est plutôt aisé pour un théoricien de créer une grille d’analyse de la réalité et de faire rentrer cette réalité dans cette grille d’analyse plutôt que d’observer le réel et d’en déduire une grille d’analyse…
    Ensuite question troisième sexe c’est assez amusant de constater que génétiquement on a jamais pu constater cette prétendue existence. Juste en passant….
    De plus, vous vous basez sur deux ou trois tribus exotiques pour venir contredire mon affirmation selon laquelle la planète entière est rebutée par ce genre de délires, ce qui me parait bien maigre. Autant dire que si dans un garage perdu au fin fond de petaouchnok, un grand « penseur » ou deux ont l’idée de fabriquer des roues carrées pour les voitures, alors ce phénomène devient une norme à part entière…

  4. Posté par A.Decroissance le

    Un argumentaire bien spécieux. Tout d’abord on ne rejette pas des résultats de sciences sociales sous prétexte que l’on risque de changer l’ordre établit. Deuxièmement , la construction du genre est un phénomène repéré dans plusieurs « peuplades » comme se plait à l’écrire l’auteur . Selon différentes cultures, le troisième genre peut désigner un état intermédiaire entre l’homme et la femme ou une appartenance simultanée aux deux genres (dans des expressions comme « l’esprit d’un homme dans le corps d’une femme »), l’état de neutralité, la capacité à changer de genre, ou encore une catégorie complètement séparée d’homme et de femme.
    Ce terme a été utilisé pour décrire les chamanes, sipiniit et enfants inversement socialisés dans la culture inuit, les Hijra d’Inde et du Pakistan, les Raerae de Polynésie, les Sworn virgin des Balkans, entre autres, et il est utilisé par certains de ces groupes pour se décrire eux-mêmes. Dans le monde occidental, les homosexuels, transgenres et intersexes ont été décrits comme faisant partie d’un troisième sexe, bien que certains contestent cette qualification.

  5. Posté par Catherine Danna le

    Merci, Caïn Marchenoir, pour cet article brillant! Vous abordez des problématiques intéressantes! Vous devez être également un amoureux de Léon Bloy, et cela me rassure!
    @Pierre-Henri Reymond : Dans votre raisonnement, j’ai l’impression que vous partez de l’hypothèse que le péché originel est le rapport sexuel. Or, ce n’est pas le cas, dans la théologie chrétienne, catholique au moins, le péché originel (celui d’Adam et Eve) est la manque d’obéissance et de confiance en Dieu, dont la conséquence a été le fait de manger du fruit de l’arbre défendu. Sans vouloir vous offenser, votre démonstration est fausse du départ. Deuxièmement, ce n’est pas dans ce passage qu’on parle de mariage, et de manière générale, pour interpréter la Bible ou donner son avis sur une religion, il faut beaucoup de préparation et d’étude, et ce n’est pas si facile. Je comprends que vous vous posez des questions, mais la réponse est longue et vaste, et elle n’aura pas la place dans ce forum.

  6. Posté par Pierre GALAND le

    Remarques et observations très pertinentes. J’irai plus loin dans les déductions. Ce droit à l’enfant alors qu’ils n’en seront ni le père ni la mère ouvrira obligatoirement le droit de choisir l’enfant comme on voudra qu’il soit, mais aussi de le rejeter (mais où ?) s’il n’est pas conforme aux attentes. Autrement le droit de fabriquer par manipulations génétiques ou autres le type d’individus que l’on souhaite.
    Les « droits de l’homme » montrent dans cet exemple du mariage pour tous leurs limites évidentes puisqu’ils ne comportent aucun « devoirs de l’homme » particulièrement envers la nature qui elle est immuable, nous gouverne et qu’il nous appartient de respecter en ce qu’elle a de plus fondamental et essentiel. Ils sont donc à inventer de toute urgence.

  7. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Cher Caïn, merci pour cette brillante démonstration. En plus de ce à propos de quoi vous vous exprimez, elle me rassure. Voici pourquoi. Quelqu’un a reçu le talent qui supplée au déficit du du mien. Vous voyez juste et vous vous exprimez avec clarté.
    Une fois de plus je cite Jean-Claude Guillebaud (« la refondation du monde, Seui, 1999, page 79) : « comme ceux d’hier, tous ces dévots de la vulgate dominante demeurent insensibles aux démentis du réel ». Et, comme nous le constatons hélas, cela prend des proportions croissantes. Parfois la pensée me vient que l’intelligence est en train de fuir ceux qui la dédaignent.
    Pourtant, sans vouloir justifier quiconque, j’ai reçu la conviction qu’un excès est le symptôme d’un autre. Autrement dit le « péché » est hérité ! La Bible invite à s’amender, ce qui est possible vu que la sanction est levée. Je résume et simplifie. Mais si on peut s’amender d’un lot incalculable de fautes, je n’ai encore entendu personne mentionner clairement la nature de l’héritage. Sinon en disant qu’Adam, induit par Eve, elle-même séduite par le serpent, a désobéi. Je n’ai rien entendu d’autre de bouche d’homme ! C’est de la petite bière. Juste bonne pour alimenter une iconographie, ou de la flanellographie d’école du dimanche.
    Mais quelle est donc cette erreur ? Erreur originelle et fondatrice du « monde » que nous connaissons ? Vous l’avez quotidiennement sous les yeux ! Dois-je rappeler que le Fils a été immolé (réduit en poussière) avant la fondation du monde ? Je vous propose, à défaut d’explications fastidieuses (à donner !), des mots clé : être comme Dieu, omniscients. Voici la première spéculation. Mais pourquoi diable vous dis-je cela ?
    Ah oui ! Revenons au « péché ». Adam étant un mâle normalement constitué et pourvu de tous les attributs nécessaire à la reproduction, Eve ne l’étant pas moins, il allait de soi que le remplissage de la terre nécessitait de nombreuses galipettes. Dans ce cas le péché est une maladie sexuellement transmissible ! Ce qui est confirmé, selon la lecture millénaire, par l’immaculée conception ! Or, j’en viens enfin au fait, cette lecture est notre lecture. Débile ! Cela ne justifie pas le mariage pour tous et tout le fatras qui lui est associé. Mais cela ne nous dispense pas non plus de chercher ! Au contraire !
    Je cite Genèse, dans le petit nègre originel : « mâle et femelle Il créa eux » ! Le mâle étant, selon l’enseignement que j’ai reçu, celui qui se souvient. Et la femelle l’aiguillon ! Rien à voir donc avec la chasse et les soins aux enfants ! Tout est à revoir !Et ce sera tout, pour ce jour.

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