Affaire Luca: le retour

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Changement d’air ou changement de climat ? Suite à l’éclaircie du 17 mars, l’ambiance étouffante et le ciel de plomb qui pèsent sur la justice valaisanne depuis trop longtemps semblent marquer quelques velléités de changement.

Tout un pan de la forteresse du vieux système du Vieux-Pays sur le point de s'écrouler ? Ce soir, la RTS revient sur l'affaire Luca Mongelli, un gosse abandonné dans la neige et qui ne s'en est jamais remis. Le Valais non plus n'est pas prêt de s'en remettre, qui feint de s'étonner que les méthodes dont il est parfois si coutumier suscitent l'effroi scandalisé de tout un peuple, de toute une péninsule... C'est l'histoire de l'un de ces gamins d'immigrés dont la vie n'est pas franchement dommage. Que voulez-vous, il ne sont pas vraiment comme nous, pourquoi les traiterions-nous comme tels ? Cette réalité, l'Italie, glacée, l'a prise en face, et, depuis, l'amitié n'est plus la même.

Pour le ministère public, la version n'a pas changé d'un pouce, Luca est victime de son chien, Rocky, un tueur lent, minutieux, doté de pouces opposables et d'un sens rare du sadisme. Un chien qui déshabillera sa victime avant de lui tartiner l'anus de slime verte. En Valais, les gens sont tous de bons types, mais les chiens sont vraiment des salauds.

En Valais encore, celui qui n'a pas l'assurance juridique idoine, la carte du bon parti, ne peut s'en prendre qu'à lui-même si sa cause est mise à l'encan sur l'autel d'intérêts supérieurs. Mais Mongelli c'est Dreyfus, l'innocence de l'âge en plus et puis, derrière l'enfant abandonné, il y a maintenant un peuple.

17 mars 2013, le vote de "défiance envers les vieux partis", "besoin de changement", et bien nous y voilà, changeons ! Le Ministère public avait promis une conférence de presse en janvier, puis l'avait reportée pour ne pas "perturber la campagne", et puis plus rien.

L'affaire Luca étant de ces crimes qui ne cessent de crier vengeance au ciel, le temps que soit tarie toute soif de justice, la télévision en remet une couche, et le procureur Dubuis d'annoncer aujourd'hui même que seront entendus les deux ambulanciers qui transportèrent l'enfant ainsi que le mystérieux Docteur K. Le Docteur K. qui n'avait rien à faire là mais y était quand même. Le Docteur K., libéré de l'obligation du secret de fonction le 11 février 2002. 2002, et qui attend depuis d'être convoqué, et qui ne l'aurait pas été s'il n'y avait eu une émission de télé, là-bas, en Italie.

Le vent est-il sur le point de tourner ? Apparemment, il suffit parfois d'un homme pour libérer un peuple.

 

10 commentaires

  1. Posté par Jean-Baptiste Aegerter le

    Pour le dossier, je vous renvoie aux termes même du Pr Mangin (http://www.lesobservateurs.ch/wp-content/uploads/2013/04/Mangin.bmp), qui disent tout et son contraire, et à leur contestation par les experts italiens.

    Pour les juges je vous renvoie simplement à l’actualité (http://www.lesobservateurs.ch/2013/05/16/le-juge-valaisan-ce-beauf-ordinaire/), il suffit de les pratiquer un peu pour les connaître.

    La forfanterie a ses limites, nulle part ailleurs on eût osé autant.

  2. Posté par Martin le

    Merci pour votre réponse Jean-Baptiste. Je serais intéressé de savoir à quel point de mon message vous faites référence, et m’expliquer ce que vous semblez connaître du dossier et des juges que j’ignore.

    Concernant votre avis sur les juges « valaisans », je pense au contraire qu’il est trop simpliste et peu honnête de s’imaginer un clan de petits copains corrompus, tous incompétents, et qu’ils se sont tous réunis en Valais. Ceci est visiblement une construction médiatique. Si l’affaire Luca s’était passée dans un autre canton, ou si Luca avait été un Suisse en Italie, la justice locale se serait certainement retrouvée dans la même situation, ne pensez-vous pas ? En ce moment, c’est la justice vaudoise qui connait son affaire sensible. Son image en sera changée pour des années, alors qu’étrangement, jusqu’alors il n’y avait pas de grand reproches à lui formuler…

    Dans la justice comme dans tous les domaines, nous nous rappelons uniquement des fautes qui ont été faites, et non des succès. Je suis certain que pour une seule affaire Luca contestable, il y a une centaine d’affaires exécutées proprement et efficacement, mais évidemment, on n’en parle pas, puisque c’est « normal » que ça se passe ainsi. Seulement, la justice est une institution qui porte une responsabilité de taille, et lorsque l’erreur se produit, l’impact est démesuré…Les conséquences de l’erreur d’un juge sont sans commune mesure pour la société avec celles du comptable ou du journaliste par exemple…

    Pour moi, l’affaire Luca comme l’affaire Marie révèlent la complexité et la nature « humaine » de la justice, alors que les média et la société ont tendance à développer une attente impossible, celle d’une institution qui se doit d’être « parfaite », quasi divine…

  3. Posté par Jean-Baptiste Aegerter le

    @ Martin, C’est mal connaître le dossier, et c’est mal connaître les juges valaisans.

  4. Posté par Martin le

    Pour terminer mon précédent commentaire, je voulais relever la qualité de l’intervention du scientifique, qui nous a donné un point de vue très sensé et impartial sur la façon dont l’enquête a été menée. Son intervention m’a fait réaliser le fossé énorme entre la version émotionnelle de l’histoire que les média veulent nous donner, et la réalité de l’expertise scientifique, qui doit se garder de toute interprétation orientée. Il a résumé en une phrase la raison pour laquelle le dossier avait été clos en accusant le chien : au niveau des indices, nous savons que le chien a eu une interaction poussée avec l’enfant et cela a pu être la cause d’un accident, tandis que du côté de l’intervention d’une tierce personne, il n’y a absolument rien, aucun indice…

    A partir de ce constat scientifique, n’importe quel juge de n’importe quel pays aurait rendu le même verdict.

  5. Posté par Martin le

    Dans cette affaire, comme dans d’autres similaires, l’enquête a souffert des circonstances des premières minutes : un seul témoin en très bas-âge, un enfant en danger de mort devant être secouru d’urgence par les médecins, les enquêteurs qui se sont fait prendre par l’effet Rosenthal (tout leur indiquait un accident avec le chien). Pour les experts, comme pour la justice, qui récupère le dossier par la suite, il est quasiment impossible de faire sortir la vérité au milieu d’une telle cacophonie procédurale et médiatique. Tout le reste n’est que montage médiatique juteux visant à présenter un monde blanc et noir, avec une famille victime de juges claniques et corrompus.

    La bataille des parents inspire beaucoup de respect, mais laisse tout de même paraître pas mal d’incohérences lorsqu’ils s’expriment à la télévision. Sur la TSR, le père semblait fortement insister pour ne plus chercher de coupable, et souhaitait simplement qu’on disculpe le chien, soit, indirectement, lui-même puisque ses enfants avaient été laissés sans surveillance avec cet animal. En regardant cette émission, j’ai vu la triste image d’un père qui, 10 ans après cette tragédie, n’a pas réussi à accepter cette terrible idée qui le rend indirectement lié à la cause du handicap de son fils. Par conséquent, il semble reporter les causes de ses maux sur des médecins, des juges et des experts qui font ce qu’ils peuvent avec les moyens qu’ils ont, mais qui ne pourront jamais accuser, sur sa demande, une personne qui n’était pas là au moment des faits.

    J’ai également été étonné d’entendre qu’après avoir gagné un long combat judiciaire de plusieurs années pour que le petit frère se fasse entendre par des psychologues de langue italienne, les parents n’ont pas voulu se rendre en Suisse pour, d’après la présentatrice de l’émission « des raisons pratiques », alors que je me rappelle qu’ils s’étaient plaint dans la presse parce que les experts avaient analysé le dessin sans en parler avec leur fils…

    Concernant la médiatisation de l’affaire, je déplore la façon dont l’image de ce jeune handicapé a été utilisée. Des journaux en manque de scandale ont tiré sur la corde de la théorie du complot vaseuse, un parti très à droite a saisi l’opportunité de faire vaciller la justice de son canton en soutenant cette cause et en trouvant une caisse de raisonnance dans les média. Pire, l’affaire a été jusqu’à montrer à l’Italie l’image artificielle d’une Suisse xénophobe, alors que les villageois avaient beaucoup soutenu la famille dans cette épreuve… Cet épanchement dans les média n’est pas très fair-play, face à une institution judiciaire et des experts qui, par nature, ne peuvent pas répondre publiquement sur un tel dossier.

    Le seul espoir, pour la famille et la justice, reste la science avec les nouvelles analyses. Si elle n’amène rien, il faudra s’en tenir à la thèse développée jusqu’à maintenant, avec un doute immense qui perdurera toujours, comme dans toute grande affaire non résolue.

  6. Posté par F.H.Jolivet le

    Monsieur Revaz,
    En me référant à votre dernier paragraphe je ne peux qu’appuyer avec fermeté vos arguments.
    En effet, au final de l’interview, le sieur Mongelli m’a démontré à souhait son caractère perfide et revanchard envers le chauffeur de bus M.Phillippe Praz qui fut forcé de s’exiler en France, alors que ce parangon d’honnêteté intellectuelle crachait sur le pays qui l’avait accueilli lui et sa famille.
    Finalement devant sa diatribe il donne l’impression que ce qu’il recherche c’est des monnaies sonnantes et trébuchantes et pour se faire n’hésite pas à ameuter tous les médias de la péninsule y compris la virulente et agressive fasciste Alexandra Mussolini.
    En conclusion, ce débat ne nous a rien appris de bien nouveau et n’a servi qu’à remplir du temps en « prime time » Pauvre télévision dite romande !

  7. Posté par Olivier Revaz le

    Monsieur Praz,
    Vous décrétez ce qui est le problème et ce qui ne l’est pas, vous décrétez quand la discussion doit être marquée par un point final par vous bien entendu, vous faites vous-même le procès de la justice valaisanne en deux coups de cuillère à pot, et vous ne voulez plus de spécialiste? En effet, avec vous on n’en a plus besoin, on n’aurait même pas eu besoin de commencer l’enquête.
    J’ai en effet peu d’empathie pour ceux qui se croient autorisés par leur souffrance à faire souffrir les autres, en revanche j’en ai eu beaucoup pour le chauffeur de bus qui ne l’a justement pas fait alors qu’il aurait pu facilement le faire. Mais rassurez-vous, je me soigne, car j’ai une empathie infinie pour votre tristesse condescendante.

  8. Posté par Jean-Claude Praz le

    Monsieur Revaz,

    Vous raisonnez comme la justice valaisanne. Au lieu d’investiguer, vous mettez en avant vos certitudes et vos a priori.

    Les problèmes de cette triste affaire ne sont ni les souvenirs de Luca et Marco ni le fait que les habits soient rangés ou pas ni les affirmations des parents.

    Les vrais et les seuls problèmes sont les lacunes, les « couacs » de la justice valaisanne, qui ne fait pas sécuriser la zone du drame, qui classe le dossier après trois mois, qui n’interroge les premiers témoins que 12 ans plus tard (ambulanciers et médecin), etc…

    Si l’enquête avait été menée dans les règles de l’art, il y aurait sans doute moins d’effets « collatéraux ».

    Ce qui m’attriste dans vos propos, c’est que vous arriviez en plus à « charger » les parents, qui souffrent et qui essaient tout simplement de comprendre. Mais l’empathie ne semble pas être une de vos qualités premières.

    Que les discours des « spécialistes » cessent. L’enquête a été catastrophique. Point barre.

  9. Posté par Wenger Jean-Marc le

    Ridicule, justice de pacotille, mais si la justice me trouve un chien qui plie mes habits et dresse ma belle mère à coup de griffe, je suis preneur.

  10. Posté par Olivier Revaz le

    Je viens de regarder l’émission. Elle suscite chez moi deux commentaires:
    Tout d’abord un commentaire à propos des habits. On entend l’interview de la mère qui raconte que le soir du drame, en cherchant son fils, elle trouve d’abord des habits. Ensuite il est expliqué que les habits de l’enfant étaient empilés à l’arrivée de la police. Le père s’appuie essentiellement sur cet argument pour dire que ça ne peut être ni le chien ni l’enfant qui a empilé les habits, ce qui serait une preuve absolue de l’intervention d’un tiers. Cette affirmation me laisse perplexe : qui aurait donc pris la peine d’empiler les habits ? L’agresseur ? On trouve absurde et ridicule de penser que le chien déshabille l’enfant, mais par contre ça ne surprend personne que le prétendu agresseur de l’enfant le lacère, le brutalise et le laisse pour mort, mais prenne bien la peine de ranger les habits qu’il lui a enlevés !? A moins d’envisager l’hypothèse de l’intervention d’extraterrestres venant d’une planète obsédée par le rangement (ce qui expliquerait le slim vert prétendument aperçu sur ses fesses), je ne vois pas d’autre auteur possible de cet empilement que… la mère, qui en arrivant, aura probablement rassemblé les habits qu’elle aura trouvés, ce qu’elle aura aussitôt oublié sous l’état de choc.
    Le deuxième commentaire que j’aimerais faire concerne le souvenir des deux enfants. Je suis parfaitement d’accord avec ce qu’a dit le prof. Cramer, en insistant sur le fait que la mémoire est toujours une reconstruction. Parfois même, elle est une totale invention, aussi surprenant que cela puisse paraître. Il y a un exemple notoire qui est raconté par le psychologue suisse mondialement connu, Jean Piaget. Il raconte dans un de ses textes qu’il avait gardé le souvenir d’avoir été enlevé quand il était petit, avec des détails bien précis concernant la scène où sa nounou se faisait agresser et tentait de le défendre, puis l’arrivée d’un policier, etc. Des années plus tard, la nounou écrivait aux parents de Piaget pour leur dire qu’elle avait inventé cet enlèvement pour éviter une réprimande, ce qui avait laissé perplexe Piaget qui réalisa ainsi qu’il avait donc construit un faux souvenir de toutes pièces, souvenir pourtant très précis dans sa mémoire. Ce qu’il faut en conclure, c’est qu’il est très évident qu’on ne peut aucunement se fier à ce que raconte Luca, et encore moins au dessin réalisé plus tard par son frère.
    La vérité des parents sort de la bouche des enfants.
    Mon impression, sans connaître par ailleurs les détails du dossier, est que tout cet acharnement des parents à faire admettre publiquement que ce n’est pas la faute du chien, et donc pas la leur d’avoir rendu cet accident possible, est la bouée à laquelle ils s’accrochent désespérément pour pouvoir continuer de vivre ensemble avec un coupable extérieur. Grand bien leur fasse, les illusions sont souvent bien utiles, sauf qu’elles impliquent parfois des « dégâts collatéraux », comme il a été dit dans l’émission. Tant pis donc pour les fausses accusations qui ont amené des innocents tels que le chauffeur de bus à quitter le pays, sans parler de la ridiculisation médiatique internationale de la justice valaisanne.

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