Cette gauche qui craint de perdre la presse

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Perdre le soutien de la presse ou se résoudre à déclarer le soutien qu’on lui porte, c’est le dilemme cornélien qui s’est posé au Parlement en fin de session dernière.

La dernière montée au créneau des icônes de la gauche romande au secours des officines locales de l'enseigne Tamedia (cf. Géraldine Savary dans Le Matin du 29.03 qui défend le bilan comptable des publications romandes) suffit à prouver, si besoin était encore, les liens inextricables entre politiques et médias. Après 50 ans de suivisme, la droite a décidé de faire comme à gauche, soit prendre elle aussi sa part du gâteau médiatique. Or, comme toujours, ce qui est admissible, voire normal, à gauche se résume au populisme le plus crasse dès qu'il se situe à droite.

Le Conseiller national socialiste bâlois, Jans Beat, donne la mesure de ce recul de la gauche sur le terrain médiatique par une motion, rejetée sans suprise par le Bureau du Conseil national, demandant la publication des liens entre Parlementaires et les différents médias: « Une information médiatique complète, diversifiée et équilibrée est indispensable au bon fonctionnement d'une démocratie. Cet équilibre est toutefois menacé si les politiciens se mettent à manoeuvrer dans l'ombre pour influer sur le travail journalistique. La population a le droit de savoir qui a la haute main sur les médias. Une telle transparence est indispensable à la libre formation de l'opinion et d'un intérêt vital pour toute démocratie. »

La déclaration confine à la naïveté, voire à l'obnubilation, quand on sait le soutien massif du PS à l'initiative pléthorique du média d'Etat; mais passons.

Pour Jans Beat, l'heure est grave, les médias basculent tous à droite, la main du blochérisme est partout et ce dans une telle proportion que l'on en vient à se demander dans quel monde peut bien vivre M. Beat: « Disons-le sans détours, vous savez que cette motion a été déposée à cause de Christoph Blocher. Le Conseiller national Blocher contrôlait la Basler Zeitung, il la contrôle encore aujourd'hui et la contrôlait alors qu'il exerçait encore une quelconque influence sur le public. Depuis lors, les thèmes principaux abordés par la Basler Zeitung sont ceux de l'UDC. Les rédacteurs ont été massivement remplacés, la ligne rédactionnelle modifiée en conséquence. S'en est suivie une campagne régulière contre les politiciennes et politiciens de gauche, mais aussi libéraux et bourgeois, contre lesquels l'UDC pouvait avoir quelque grief. La Basler Zeitung a depuis perdu des dizaines de milliers d'abonnés. Le rédacteur en chef se décrit lui-même comme un ami de Christoph Blocher et dispose d'une ligne directe avec lui. Il a insulté, à intervalles réguliers, des personnalités publiques et les électeurs du canton. Le style aussi a changé. Calomnie, "journalisme de thèse", rumeurs fictives font désormais le quotidien de la "BaZ" à même titre que la météo. Le but de l'acquisition n'est évidemment pas de renforcer cette société mais d'obtenir un quotidien en Suisse, un quotidien bien évidemment UDC. La Basler Zeitung est devenue une feuille de campagne. Les riches de l'UDC veulent s'emparer du paysage médiatique suisse. La BaZ est la première étape sur cette voie de la "Berlusconisation" du monde des médias suisses. »

En clair, la population de droite aura le droit d'être égale tant qu'elle admettra de rester minoritaire. Minoritaire dans les médias, minorisée dans les idées, en sous-traitance perpétuelle du référent moral de gauche qui dit quoi faire, quoi penser, dans quel ordre, et détermine jusqu'aux conditions de la liberté de s'opposer.

Les versions originales de la source font foi, les traductions ont eu à coeur de préserver le sens général.

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