UE : technocratie + socialisme = danger maximal !

Uli Windisch
Rédacteur en chef
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Martin Schultz : La Suisse ? « C’est ma femme que j’aime ! » N’en jetez plus. Si, si : « c’est un pays multiculturel et plurilingue qui fonctionne extrêmement bien, un modèle à certains égard ». A certains égards ?
Petit à petit apparaissent donc d’autres raisons et intentions de sa visite. Les vraies ? Il est venu pour avoir « un débat franc et ouvert avec le Conseil fédéral et le Parlement ». Attention! Nous pourrions même être responsables de la destruction de l’UE en voulant poursuivre la stratégie bilatérale ! Et tout cela se termine par la menace…

Monsieur Martin Schultz,  socialiste allemand et Président du Parlement européen nous a gratifié d’une visite de deux jours au cours de laquelle il a été reçu par pas moins de trois Conseillers fédéraux.

« Même si presque personne ne le connaît, ou presque de ce côté-ci du Rhin, il n’en reste pas moins l’un des hommes forts de l’UE » ( l’Hebdo, 21 mars 2013).

Pourquoi tant d’honneur de la part de notre Conseil fédéral ? Serait-ce parce qu’il pourrait devenir Président de la puissante Commission  de l’UE en 2014 en succédant à l’actuel José Manuel Barroso ? Visée qui ne l’empêche pas de vouloir renforcer les pouvoirs de ce Parlement face à une Commission toute puissante.

Il vient nous annoncer combien il partage notre conception de la politique et de la démocratie.

Ainsi mène-t-il une bataille de tous les instants pour faire en sorte que le Parlement ne soit plus constamment court-circuité par la Commission. Comment admettre qu’un Parlement qui devrait représenter 500 millions de citoyens soit considéré comme un Parlement provincial, nous demande-t-il ? En quelque sorte il veut la Présidence de la Commission pour s’enlever certains pouvoirs s’il l’obtient. Faut-il le croire sur parole ?

Quant à sa conception de la politique et de la démocratie, il veut nous rassurer en nous affirmant qu’il a la même conception que notre conseiller national, Andreas Gross, également socialiste, plutôt très à gauche et ancien partisan de la suppression de l’armée. Il veut aussi une « démocratie transnationale basée sur une constitution fédéraliste, dans la tradition d’un Denis de Rougemont ».Voilà sans doute pour tenter de nous rassurer. Mais il faut rappeler que le mot « fédéraliste » prend des sens radicalement opposés chez nous et en France par exemple, où il signifie plus de centralisation ! Espérons que ce n’est pas ce sens-là chez lui et qu’il a bien assimilé de Rougemont en lisant ces  « milliers de livres », un lecteur compulsionnel en quelque sorte. Mais comme il est un surdoué il les a certainement tous bien compris.

Il voyage beaucoup et veut à chaque fois rassurer les différents pays visités, et n’hésite pas à faire dans la repentance en tant qu’Allemand, en Italie par exemple.

Il semble très déterminé à obtenir le poste convoité, tout en disant qu’il est prématuré d’en parler, même s’il veille à ce qu’au moins deux de ses apparitions  publiques quotidiennes soient médiatisées. Un compulsif multiple, donc.

Il dit aussi avoir bien travaillé avec une autre socialiste pro-européenne, rien moins que Micheline Calmy-Rey. Est-il venu nous convaincre que lui nous offrira enfin et sur un plateau une UE telle que nos la souhaiterions. Et que notre pas suivant pourrait être franchi sans risque puisqu’il rêve d’une Europe comme la voulait de Rougement ? Il faut espérer que nos trois conseillers fédéraux, qui lui ont déroulé le tapis rouge, ou rose,  ne se sont pas laissé trop envoûter par ses flatteuses paroles. Espérons aussi qu’ils ont eu, au moins par moments, le pressentiment d’être face à un ogre qui, un jour, pourrait nous avaler tout crus, à défaut de nous envoyer la cavalerie comme le souhaitait son collègue, également socialiste, Peer Steinbrück ?

Toujours dans le même numéro de l’Hebdo :

Après avoir flatté la Suisse, son idéologie revient au galop : David Cameron ne fait qu’instrumentaliser le dossier européen pour se faire réélire. Quand il dit admirer surtout François Hollande on s’inquiète légèrement.

La Suisse ? « C’est ma femme que j’aime ! » N’en jetez plus. Si, si : « c’est un pays multiculturel et plurilingue qui fonctionne extrêmement bien, un modèle à certains égard ». A certains égards ? Voilà enfin la réserve, et non des moindres, qui suit : la Suisse est une profiteuse. Elle a pourtant payé un milliard comme contribution à l’élargissement de l’UE.

Ce qu’il critique ? Notre tendance au cherry-picking, soit à vouloir « s’accaparer la meilleure part du gâteau qu’offre le grand marché intérieur ».

Petit à petit apparaissent donc d’autres  raisons et intentions de sa visite. Les vraies ? Il est venu pour avoir « un débat franc et ouvert avec le Conseil fédéral et le Parlement ». Attention! Nous pourrions même être responsables de la destruction de l’UE en voulant poursuivre la stratégie bilatérale !  Et tout cela se termine par la menace. Si un futur vote suisse remettait en question un accord préalable avec l’UE ? « Cela aura des conséquences, c’est clair ».

Oui c’est très clair. Il faut espérer que c’est le cas aussi pour nos autorités, tout en sachant que les inconditionnels d’une entrée de la Suisse dans l’UE trouveront là des raisons supplémentaires pour venir nous dire que « nous n’aurons bientôt plus le choix », etc.

Ce politicien ne semble voir aucune contradiction entre ses différents propos.

Nous avons déjà eu la vice-présidente de  la Commission Viviane Reding qui est venue en Suisse il y a peu nous dire qu’il fallait  « nous bouger ». Schultz vient nous flatter tout en nous menaçant. Bientôt la charge de cavalerie pour de vrai ?

Et si fondamentalement notre pays marchait bien justement parce que nous échappons à ces prétentions et pouvoirs extérieurs. Est-ce cela qui leur insupporte ? Veulent-ils nous « aligner », ou carrément nous  annexer, en allemand Anschluss, afin que notre  « modèle » comme ils disent, apparemment un peu hypocritement, ne leur fasse plus de l’ombre ? Raison de plus de persister dans ce statut de Sonderfall, si gênant pour eux mais envié par beaucoup d’autres, par ceux qui leur sont déjà soumis.

Une dernière remarque : dans l’interview il nous est rappelé que ce politicien qui tient à compter et à nous en compter a eu une jeunesse « émaillée d’épisodes douloureux » : il a sombré dans l’alcoolisme, a même songé à se suicider et a suivi une cure de désintoxication. Pourquoi nous le rappeler ? Pour bien montrer que c’est du passé et qu’il est inutile de vouloir le rappeler lors des moments déterminants à venir ?

Aujourd’hui, nous dit-on, il a une  « gouaille de charretier, une propension à la vanité qui le rend très susceptible lorsqu’il ne se sent pas suffisamment mis en valeur ». Comme dit, ça promet. Espérons que les habituels naïfs et pro-européens bêlants veuillent bien voir ce qui nous attend au cas où … Il semble pourtant que ce type de personnage ne correspond pas tout à fait à ce qu’on attend d’un politicien dans notre pays démocratique et « exemplaire sous certains aspects ».

Toute dernière remarque : pourquoi rappelle-t-on ici sa jeunesse, pour le moins problématique, et des traits de caractère actuels pas spécialement prometteurs, tout en les excusant et en considérant apparemment qu’aucune rechute n’est possible, alors qu’à la moindre cuite, « fragilité psychologique » ou coup de blues d’un candidat suisse à une fonction gouvernementale, on s’acharne pendant des semaines, avec force articles, reportages, photos, pièges multiples et divers, sur ce candidat en se demandant s’il est vraiment en mesure de remplir cette fonction. Serait-ce parce que l’un est socialiste et l’autre UDC ?

Et s’il fallait espérer que l’un des deux échoue, ne faudrait-il pas que ce soit le plus menaçant, vaniteux, hypocrite, assoiffé de pouvoir et bien décidé à nous faire subir cet éventuel pouvoir ?

 

 

 

 

 

 

 

5 commentaires

  1. Posté par Marie-France Oberson le

    J’ai de la peine à comprendre la visite chez nous de ce personnage , son attitude menaçante sous ses salamaleks et toute cette attention que nous portent d’autres personnages « européens », quand on sait – c’est en tout cas ce que l’on nous dit dans les médias- que l’UE n’a pas besoin de la Suisse…Bizarre cette attitude… S’ils n’ont pas besoin de nous qu’ils nous fichent la paix !
    Espérons que nos CF ne se sont pas laissés impressionner..

  2. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    La plupart des articles qui qui précèdent celui-ci renvoient à la rubrique « sur le vif »! Ils montrent leurs vrais visages! Avec une naïve audace! Avec de moins en moins de retenue. Une heure de vérité aproche. Je me morfonds de n’avoir pas reçu les talents des rédacteurs des Observateurs.

  3. Posté par Ueli Davel le

    Ce grand homme voulu faire son bac au gymnase du « Saint Espit » de Broichweidener. Le Saint Esprit ne l’a pas aidé puisqu’il n’a pa reçu son bac! Il a fait un apprentisage de libraire puis il est rentré en socialisme comme l’on rentre dans les ordres. Devenu fonctionaire de l’UE ad vitam aeternam, il vient un peu comme le père fouetare nous annoncer la bonne nouvelle, le père Noël étant José Manuel Durão Barroso. Nos CF ont perdu leur temps, domage, ils auraient pu s’occuper de la Suisse.

  4. Posté par Jan Marejko le

    La médiocrité de l’UE devient accablante et Martin Schultz en est un bon exemple. On critique le simplisme des Américains, mais la bêtise de l’Europe technocratique est bien pire.

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