Le soleil en berne

Bruno Pellaud
Bruno Pellaud
Physicien
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Ce 3 mars 2013, les citoyens bernois ont massivement rejeté à une majorité de 65% l’instauration dans le canton d’un eldorado énergétique fait de 100% d’énergies renouvelables.

Ils confirment ainsi leur opposition du 15 mai 2011 aux mesures contraignantes sur l'assainissement énergétique des vieux bâtiments. Les Bernois rejoignent aussi les villes de Stäfa, Meilen et Dietikon qui avaient rejeté des projets locaux semblables avec des scores semblables le 17 juin 2012. Comme l'avait annoncé imprudemment à l'avance la presse du dimanche, le vote bernois représente bel et bien un signal fort sur le plan national. En effet, manifestement, pas à pas, dans le cadre de votations locales, le peuple suisse exprime sa méfiance grandissante envers les vastes visions dirigistes et étatiques de Doris Leuthard et de ses troupes de la nouvelle gauche en matière de politique énergétique.

Le vote bernois équivaut à un vote de confiance envers la centrale nucléaire de Mühleberg. Car, par la force des choses, dire non à 100% de renouvelable, c'est aussi dire non à 0% de nucléaire. Le peuple bernois est semble-t-il bien conscient du fait que la centrale de Mühleberg sise sur le territoire du canton produit le gros de ses besoins en électricité et qu'elle constitue un coussin de sécurité pour couvrir ces besoins en toutes circonstances (comme ce fut le cas lors de la tempête Lothar en 1999). Remarquable cette équanimité des Bernois envers la centrale de Mühleberg - face au matraquage quotidien des médias (orchestré par Greenpeace), face au déboulonnage politique incessant mis en place par la nouvelle gauche et face au sabotage de l'entreprise exploitante, les Forces Motrices Bernoises, par le gouvernement rouge-vert du canton.

Ce n'est pas une simple coïncidence, si dix jours avant le vote, la presse suisse annonçait les yeux fermés une catastrophe imminente à la centrale de Mühleberg sur la base d'un rapport alarmant de deux pseudoscientifiques, un rapport concernant la rupture hypothétique du barrage du Wohlensee situé en amont de la centrale nucléaire. A une exception près; car - vrai miracle dans le paysage médiatique suisse - un journaliste de la Bernerzeitung, un quotidien habituellement antinucléaire, a osé critiquer Greenpeace et a osé mettre en doute la crédibilité scientifique de l'organisation antitechnologique. Dominik Balmer a qualifié de grotesque ce genre de querelles provenant d'un informaticien allemand qui passe ses heures de loisirs à calculer des barrages. "Est-il qualifié pour autant ?" Et son collègue, le professeur chinois de l'université de Vienne qui ne jure que par les énergies renouvelables, "n'est-ce pas logique qu'il choisisse de critiquer les autorités suisses de sécurité ?" En effet, c'est bien pour cela que Greenpeace a acheté leurs services, pas pour leurs compétences dans d'autres domaines. La Suisse avec ses quelque 600 barrages n'a guère besoin d'amateurs cosmopolites pour calculer leur fiabilité.

Le scénario catastrophe était naturellement accompagné de la demande impérieuse d'arrêter la centrale sur le champ. Disons-le en passant, aucun journaliste de la presse romande qui nous "informe" n'a pensé à exiger la vidange immédiate et complète de ce malencontreux barrage pour assurer la sécurité de la centrale et pour ainsi sauver la Suisse. Question de priorité, semble-t-il, puisque la centrale produit dix fois plus d'électricité que le barrage, une électricité aussi propre que celle de l'eau du Wohlensee, et que la rupture du barrage causerait des noyades jusqu'en Allemagne.

Que de nombreuses instances nationales et internationales aient passée au crible fin la centrale de Mühleberg sans annoncer de catastrophes imminentes, importe peu; les journaux n'en ont cure. Le peuple, lui, a peut-être pris note. Eventuellement, qu'avec le temps, même les politiciens idéologiques commenceront à réaliser que Greenpeace n'est qu'une vaste organisation multinationale avide d'impact médiatique et politique plutôt que de vérité scientifique, une organisation qui finance un réseau prospère de soi-disant "experts scientifiques" – les "Ökoinstitute" allemands, le bureau d'études Wise à Paris et encore le Chinois de l'Université de Vienne. La politique et les médias sont bien entendu libres de choisir leur propre vérité scientifique, mais qu'ils assument alors leur propre responsabilité jusqu'au bout. Pour mémoire: l'Académie suisse des sciences sonnait l'alarme ces derniers jours sur le dossier des OGM: selon elle "les débats parlementaires sur cette question n'ont tout simplement pas pris en considération les informations fournies par les milieux scientifiques suisses !" Bref, seuls les charlatans méritent attention. Politique de vaudou, politique de chasses aux sorcières pour sauver la foi de l'antiscience !

Bruno Pellaud

4 commentaires

  1. Posté par Michel de Rougemont le

    Vote rafraichissant!
    le corrompeur avec ses subventions, incitations, rabais et promesses de rachat à prix coûtant n’a pas réussi à faire du peuple un corrompu dépendant et complaisant.
    Contrairement aux idées reçues les Bernois n’ont pas besoin de longues explications pour comprendre vite de quoi il s’agit.

  2. Posté par Kolly Gabriel le

    En effet voilà un excellent article qui remet les choses en place. Dans le même registre il me fait penser à l’excellent livre : L’imposture climatique de Claude Allègre publié après la mascarade des technocrates de l’ONU au sommet de la bêtise de Copenhague sur le climat.

  3. Posté par guy le

    Que voilà un texte rafraichissant! Enfin on nous parle des charlatants corrompus qui occupent tout l’espace mediatique. Bien sur les lobbies vont tout faire pour contourner la volonté populaire, mais au moins cela aura été dit. En espérant que cela se répète!!!

  4. Posté par Pierre-Henri Reymond le

    Question: qui finance Greenpace?

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