Passer l’arme à gauche

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L’hypocrisie d’une armée professionnelle où les “basses” couches sociales se battent pour les autres, d’une société où ses membres en paient d’autres pour défendre leurs vies, idées et intérêts, pourquoi alors la gauche voudrait-elle d’un tel système ?

La Suisse est une exception en Europe. En effet, « Tandis que les monarques interdisaient à leurs sujets de porter des armes, les cantons obligeaient les leurs, dès la fin du XVe s., à s'en procurer sous peine d'amende ». (1)

Curieusement, c’est bel et bien cette exception qui semble déranger certains et en particulier la gauche suisse.

Alors que le parti socialiste prétend militer « pour une politique qui profite à toute notre société plutôt qu'à une poignée de privilégiés » ainsi que pour « une suisse solidaire », le GSsA travaille avec acharnement, par sa politique des petits pas contre la milice, non pas à obtenir une Suisse sans armée, mais à doter la Suisse d'une armée professionnelle. (2)

Paradoxalement, comme l’attestent les exemples des armées professionnelles occidentales, une milice telle que la nôtre reste largement plus égalitaire qu’une armée professionnelle où les “basses” couches sociales se battent pour les autres. N’est-il pas étrange que ce fait ne dérange pas la gauche ?

Si l’on ajoute l’hypocrisie d’une société où ses membres en paient d’autres pour défendre leurs vies, idées et intérêts, pourquoi alors la gauche voudrait-elle d’un tel système ?

La réalité se révèle être bien triste. Une armée professionnelle, telle que voulue par la gauche, retirerait le contrôle que la population suisse exerce encore souverainement sur cet outil si particulier. L’état obtiendrait donc le monopole complet de l’utilisation de la force avec le contrôle des forces armées en plus des forces de police.

Le pouvoir en place, quel qu’il soit, pourrait donc encore plus aisément utiliser l’armée comme bon lui semble, à l’extérieur comme à l’intérieur de la Suisse, y compris contre la volonté de ses citoyens ou ses citoyens eux-mêmes.

Rappelez-vous seulement, en 2003, des millions de personnes à travers le monde ont vu ce qu’ils imaginaient à tort être « leurs » forces armées envahir impunément l’Irak, malgré une opposition citoyenne sans précédent depuis la guerre du Vietnam.

Alors que cet épisode de soi-disant « contrôle civil sur les forces armées » semble déjà avoir été oublié, il est néanmoins représentant des réalités de sociétés occidentales, dites « démocratiques », ayant recourt à des forces armées professionnelles.

En effet, beaucoup imaginent que, dans les démocraties occidentales, l'utilisation de la force doit être approuvée par un pouvoir législatif. Malheureusement, la réalité en surprendra plus d’un.

Tandis que l'Allemagne et l'Espagne ont une telle condition, l'Italie et le Royaume-Uni n'en ont aucune. (3)

Quant à la France et aux États-Unis, les deux disposent d'une semblable clause, toutefois, dans le cas de la France, il a été « rarement appliquée » avant et « jamais appliquée » depuis la 5ème République (c. 1958). (4)

Dans le cas des États-Unis, le président doit informer le Congrès dans les 48 heures de tout engagement militaire ou d'une situation qui pourrait y mener. Sans une autorisation de l'utilisation de la force ou une déclaration de guerre par le Congrès, les forces armées doivent être retirées dans les deux mois avec possibilité de prolongation de un mois pour des raisons de sécurité. (5) De quoi largement faire…

Même si nos lois constitutionnelles diffèrent, une armée professionnelle ne ferait que faciliter les politiques interventionnistes des partis de gauche comme de droite au nom de divers idéaux et intérêts.

Mais les rêves totalitaires de la gauche clamant haut et fort que nous devrions tous être égaux ne commencent pas aux interventions militaires à l’étranger, ils commencent chez nous. Et comme Alexandre Soljenitsyne l’avait très bien compris, « l'égalité inévitablement implique l’utilisation de la force ». (6)

Finalement, c’est bien cette réalité qui dérange tant la gauche car, une communauté de citoyens armés et entraîné, libre de faire ses propres choix, est le pire cauchemar de toute forme d'impositions.

 

(1) http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F24641.php

(2) http://www.sp-ps.ch/fre et http://www.gssa.ch/spip/IMG/pdf/Stop_a_la_conscription.pdf

(3) http://www.senat.fr/rap/a07-388/a07-3884.html

(4) Ibid.

(5) Ibid.

(6) Alexandre Soljenitsyne, « Warning to the Western World », The Bodley Head and British Broadcasting Corporation, 1976, p. 43.

Et vous, qu'en pensez vous ?

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