Dossier. Grandeur et misère du journalisme, suite…

Uli Windisch
Rédacteur en chef
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Les journalistes de gauche ne semblent pas se rendre compte qu’en cherchant à dénigrer, à «exécuter » une presse concurrente, ils finissent par ruiner la crédibilité de l’ensemble des médias et du métier de journaliste. Il est vrai que l’idéologie rend aveugle. Même au point de devenir autodestructrice?

Le 9 novembre dernier, la Medienvielfalt Holding SA (MVH) a organisé un colloque à Zurich devant un parterre de 90 personnalités invitées sur le thème:

Le rôle  des médias en démocratie.

Sur le podium quatre responsables et personnalités de différents médias alémaniques: le redacteur en chef de la NZZ, Markus Spillmann, Ruedi Matter directeur de la RTS, Roger Koeppel  propriétaire et rédacteur en chef de la Weltwoche et Constantin Seibt, rédacteur au Tages Anzeiger.

Il n’est pas question ici de rendre compte de l’ensemble du débat, ce qui a été fait par plusieurs  médias alémaniques,  mais de revenir sur l’intervention, qui se voulait critique, de Constantin Seibt. Le texte intégral de son intervention a été publié en allemand dans le Tages Anzeiger du 13 novembre 2012.

C’est l’exceptionnelle violence, symbolique certes, de son agression verbale contre R. Koeppel et contre d’autres acteurs présents qui a scandalisé le public. Un débat pluraliste était voulu, mais face à une telle violence, un questionnement s’impose.

Seibt est clairement un journaliste de gauche.

Un constat général avant analyse.

La presse vit une période difficile, bien des journalistes sont menacés, le pouvoir et le monopole dont dispose le politiquement correct et le conformisme idéologique des journalistes de gauche sont à la peine et de plus en plus contestés. Ceux qui pensaient avoir le monopole de la critique sont à leur tour critiqués et des médias plus libéraux, dits de droite, mais qui restent ouverts à la diversité, sont apparus dans le paysage médiatique et font entendre une autre voix. Il était temps. Mais cela devient insupportable pour ceux qui perdent un peu de leur pouvoir et qui en plus prétendent être seuls à détenir LA vérité.

Dénigrer ceux qui pensent autrement

 Du coup on méprise tous ceux qui pensent autrement. On devient arrogant et violent. Est-ce le chant du cygne du journalisme de gauche? Certes non, le trend général étant  profondément  ancré, il faudra du temps  pour que le tournant se fasse clairement sentir. Mais ce dernier est en marche. En Suisse allemande, deux médias notamment incarnent ce nouveau courant: précisément l’hebdomadaire Die Weltwoche, dirigé par le susmentionné R. Koeppel et le quotidien Basler Zeitung (BZ, rédacteur en chef : Markus Somm). Ces deux derniers journaux ont bien sûr été et sont encore  dénigrés et vilipendés, à qui mieux mieux. Le conflit, pour ne pas dire la guerre, est ouvert, clairement perceptible dans l’espace public et politique. Les journalistes de gauche et certains éditeurs tentent par tous les moyens de combattre ces nouveaux venus.

Ces milliardaires qui font vivre le journalisme de gauche

A Bâle, une très riche dame des « grandes » familles locales, après avoir subventionné le football,  finance un journal électronique (avec une version papier occasionnelle) en cherchant à débaucher des journalistes de la BZ, espérant ainsi faire « crever » la BZ. Il est connu que « le grand capital » s’allie parfois ( en vue de se déculpabiliser?) avec la gauche, tant il a appris à haïr,  de conserve avec la gauche, une droite qu’il voit comme plus à droite qu’elle n’est en réalité, et dont il faut hautainement se distancer. Il est toujours étonnant de constater à quel point la gauche réussit à culpabiliser la droite et à en  tirer profit. Les idiots utiles existent visiblement dans bien des domaines. Or, il est connu que la droite est toujours davantage pluraliste que la gauche.

Les journalistes de gauche ne semblent pas se rendre compte qu’en cherchant à dénigrer, à «exécuter » une presse concurrente, ils finissent par ruiner la crédibilité de l’ensemble des médias et du métier de journaliste. Il est vrai que l’idéologie rend aveugle. Même au point de devenir autodestructrice? Dans le temps les ouvriers cassaient les machines. Les journalistes de gauche prendraient-ils leur place?

Qu’un débat vif puisse avoir lieu est compréhensible et même nécessaire et sain, et c’est ce que nous voulions avec ce colloque mais la violence de la charge du journaliste de gauche est telle qu’il faut y revenir; elle permet, entre autres, de montrer de manière concrète, détaillée et preuve à l’appui que ce genre d’attitude ne relève pas d’un passé révolu. Croire que de telles attitudes vont s’effondrer d’elles-mêmes serait une grave erreur.

Exemples concrets de cette charge idéologique

La gauche se veut, comme toujours,  objective et prétend incarner LA vérité. Mais quelle vérité? Contre toute évidence, C. Seibt doute que la MVH va à l’encontre du mainstream médiatique politiquement correct et même du fait que les initiatives de la MVH contribuent à soutenir la démocratie. Bien sûr que la MVH a besoin d’être financée et que c’est, d’autre part, une personnalité qui connaît bien les médias, Filippo Leutenegger, créateur de la fameuse émission Arena de la télévision alémanique et Conseiller national radical, qui est chargé de restructurer la BZ. On ne va tout de même pas faire appel à des journalistes de gauche pour pluraliser le paysage médiatique.

Mais pourquoi prétendre que les projets de la MVH ne contribueront en rien au pluralisme  médiatique (la gauche sait où mène l’histoire avant même qu’elle ne se produise) et néanmoins se livrer à des attaques d’une rare violence contre les médias soutenus par cette même MVH? A propos du dénigrement de la BZ, de la Weltwoche et aussi de notre propre  médias en ligne Lesobservateurs.ch, il faut rappeler que ces tentatives, au sujet de la Weltwoche par exemple, ont duré pendant des années, et cela dès sa création. Pas question de reconnaître ses apports spécifiques et parfois déterminants en matière d’information politique, et son travail de mise au jour de certains problèmes que d’autres médias n’osaient même pas soulever. Or, aujourd’hui on trouve la Weltwoche bien en évidence à l’entrée de tous les kiosques alémaniques le jeudi, jour de parution, et dans des boîtes bien garnies. Rien n’y fait, pour certains journalistes pré-formatés.

Un caractère bien spécifique est nécessaire pour résister à cet acharnement de la gauche. D’autres journalistes ont un projet anti-mainstream mais abandonnent sous le poids de ce rouleau compresseur rose-rouge. Ils craignent par exemple de ne plus trouver du travail si leur projet échoue. Tel est le climat, malgré les dénégations insultantes. Et cela en Suisse démocratique.

Le harcèlement de gauche n’a de cesse

 Le rédacteur en chef de la BZ serait à la solde  de Christophe Blocher parce qu’il a écrit un livre sur lui. Il suffit de lire pendant quelques jours ce journal pour se rendre compte qu’il s’agit d’un pur procès d’intention de sinistre mémoire. Les procès d’intention, la gauche connaît.

Vouloir aller à l’encontre de la pensée dominante ne serait pas un signe d intelligence! Seibt lui sait cela, puisque lui est intelligent, plus intelligent que les autres. Voici les raisons.

Le mainstream serait toujours dans l’erreur, prétendrions-nous. Personne ne dit pourtant cela. Caricaturer l’adversaire est en effet une technique éprouvée. Est-elle toujours efficace? De moins en moins, car les lecteurs ne sont pas idiots et deviennent eux aussi allergiques au politiquement correct, et cela bien sûr au détriment aussi de l’image des journalistes.

Les causes inavouées des difficultés de la presse

 Comme dit, les difficultés de la presse ne tiennent pas qu’à des facteurs économiques.

La contre-information, la nôtre, n’éblouirait qu’un temps, et finirait par énerver les lecteurs!  Le monde à l’envers ! Pas sûr que les lecteurs soient les premiers énervés. Elle ne serait que « opportunisme négatif» et en plus elle serait dépendante du mainstream bien-pensant car elle aurait besoin de lui pour s’y opposer. Il fallait le trouver! Mais que serait la tentative de dénigrement de Seibt s’il ne se mettait sous la main un anti-politiquement correct fantasmé. Pour lui, ce sont les autres qui sont aveuglés, évidemment. Pour nous les faits ne compteraient pas, seulement nos opinions sur les faits. L’objectivité factuelle est à gauche; voyons! encore une évidence. Il est cependant certain que sa « critique » est considérée comme héroïque par ses coreligionnaires. Pour eux, rien de pire qu’un entre soi qui n’est plus seul à exister. Déstabilisant d’abord, puis inacceptable et enfin on tire à vue sur l’intrus. Mais voilà que les intrus sont de plus en plus nombreux et écoutés. Ceux qui nous écoutent ne peuvent qu’être aliénés. Vivement qu’on les guérissent!

Qui est le plus prévisible?

 Nos thèmes seraient prévisibles. Or, il n’y a rien de plus prévisible qu’un journaliste de gauche. On se souviendra de ces étudiants qui avaient mis au point un logiciel d’écriture quasi automatique  dans lequel on tapait un mot et sortait l’article qu’aurait écrit tel gourou du journalisme de gauche. Le résultat était plus fiable que les prévisions du meilleur futurologue. Après cela, Seibt ose prétendre que l’ennui est chez l’ennemi, puisque ce dernier prendrait simplement et automatiquement le contre-pied. On rejette sur l’adversaire ses propres défauts. Un monde à l’envers.

L’ennemi, nous, est non crédible. La dynamite est mouillée. En lisant l’ennemi, Monsieur-qui-sait-tout doit faire ses propres recherches car ce que nous disons n’est qu’opinion. Mais comment a-t-il alors le temps  de tenir un blog? Et pourquoi les lecteurs n’abandonnent-ils la Weltwoche pour son blog? Blog qui doit être le summum du journalisme. Etranges, toutes ces contradictions.

Qui est le plus ennuyeux?

 En plus de sa prévisibilité, l’anti-politiquement correct serait aussi ennuyeux! Pour qui? Et pourquoi alors un succès grandissant? Seibt est-il totalement incapable de se mettre à la place des lecteurs? Non, mais il en a une image très négative, méprisante même, puisqu’il prétend que le journalisme adverse relève de la croyance, qu’il s’agit carrément d’une bible. A aucun moment il n’y a la moindre auto-critique du côté de Monsieur-je-suis-le-meilleur. Dénigrer et s’auto-glorifier, serait-ce là le programme du journalisme de gauche? Avec des lecteurs assimilés à des croyants. Or bien des lecteurs lisent plusieurs journaux. Sont-ils des croyants quand ils lisent des journaux de droite et des païens quand ils lisent des journaux de gauche ?

Les lecteurs de cet article se demandent sans doute pourquoi  je poursuis cette critique de manière aussi appuyée. La raison est simple: ce journaliste n’est pas un inconnu mais sans doute aussi une référence pour beaucoup de ses confrères. Il faut donc essayer d’aller aussi loin que possible dans l’analyse de ce discours puisqu’il permet pour une fois de  mettre au jour concrètement et dans le détail le fonctionnement de cet univers hallucinatoire. D’habitude, lorsqu’on critique ce genre de journalisme, on nous rétorque tout de suite que l’on fausse et invente une réalité qui n’existe pas. Or il y a ici aussi une occasion de montrer certaines raisons profondes qui expliquent pourquoi  nombre de personnes et surtout des jeunes ne prêtent même plus attention à ce genre de discours et s’informent autrement. N’est-ce pas aussi une des raisons pour lesquelles des éditeurs finissent par restructurer et licencier, jusqu’à la disparition d’un média?

Qui nuit à la démocratie?

 La pire des accusations: les journaux de droite ne seraient pas bons pour la démocratie! Sans doute veut-on une « démocratie populaire » comme on l’a connue à l’Est,  et qui, bien sûr, pratiquait un journalisme scientifique et de la vérité. La vérité du Parti.

Pour la droite, il n’y aurait que NOUS et EUX, et en plus des traits paranoïaques! On y est, ceux qui critiquent le terrorisme intellectuel de la gauche sont des paranos. Ils ont une «mentalité de flics », une pensée de camp retranché, etc. Nous serions en voie d’érosion, ou quand on prend ses désirs pour la réalité. Nous devenons même menaçants, et si nous pouvons l’être devinez pourquoi? Parce que nous avons l’appui des riches. Alors pourquoi les éditeurs qui font vivre les journalistes de gauche sont-ils milliardaires?

Qui vit dans un monde parallèle?

 Nous vivrions dans un monde parallèle, dans notre propre monde. Qui illustrerait le mieux ce monde coupé du vrai monde? C’est Fox News aux USA, qui représente effectivement un ensemble de médias bien à droite. Mais jamais on ne se demande pourquoi naissent de tels médias. C’est bien sûr par réaction envers le monopole de gauche, qui existe là-bas comme ici. Mais aux USA il n’a pas fallu attendre si longtemps pour avoir une réaction. Voilà une autre tentative de discréditer  un journalisme concurrent: l’associer à un modèle rejeté. Mais rejeté par qui? par la gauche encore une fois, parce qu’elle n’a plus prise sur lui et que ce dernier va en s’amplifiant.

Ensuite, on fait encore la leçon aux investisseurs qui aident à la création de ce contre-courant: ils ne feraient que perdre de l’argent car notre perte de la réalité serait telle que notre  « monde » ne pourra que s’autodétruire.

Comme les oligarques russes!

 Mieux, nos investisseurs ressembleraient en fait à des oligarques russes; ça, il fallait le trouver! Nous serions dans un univers d’hommes de paille et de financiers qui soutiendraient aussi des hommes politiques qui ne réussiraient même pas à se faire élire, malgré les masses d’argent investies.

Et Seibt finit par donner des conseils même à ces prétendus oligarques. La gauche et l’outrecuidance ne font qu’un et c’est peut-être ce qu’il y a de plus insupportable chez elle;      une autre cause du désamour?

Le journalisme de gauche en donneur de leçons

 Les conseils de Seibt à nos investisseurs maintenant :

- déclarez vos journaux comme des journaux politiques, de parti politique! dit-il. Il va de soi que les autres journaux sont neutres et objectifs.

-si vraiment vous voulez de la pluralité, créez une Fondation qui soutiendrait « le journalisme critique ».Tiens, il fallait y penser, soutenir la gauche plutôt qu’un autre journalisme! Donnez-moi l’argent,  il sera mieux utilisé pour remplir vos objectifs. Donc renforcer davantage encore le prêt-à-penser journalistique. Qui y croit à part celui qui le dit? On pourrait penser qu’il s’agit d’humour. Ce n’est pas le cas ici, l’humour est une denrée trop rare à gauche. Le langage des procureurs est froid et raide.

- ou alors ne faites rien du tout, car plus les gens sont mal informés  plus les puissants deviennent puissants. Ainsi, c’est le marché qui va régler le monde de la presse et les licenciements vont suivre. Et ce sera l’appauvrissement du journalisme et bien sûr aussi de la démocratie. Ici il faut rappeler que cette dernière thèse est acceptée par à peu près tout le monde aussi bien à gauche qu’à droite. Or c’est là une croyance imposée par la gauche, car  le pluralisme et la démocratie ont parfaitement fonctionné avant même l’existence de nombreux nouveaux médias; la télévision par exemple est toute récente mais pas la démocratie. Voilà une réalité, vraiment objective, qu’il faudra constamment rappeler à ce journalisme de gauche qui croit que la démocratie va s’effondrer sans lui et ses coreligionnaires.

La droite ne demande pas la disparition  du journalisme de gauche

 Pour notre part, nous ne demandons pas la disparition des journalistes de gauche! mais un vrai pluralisme. Le veulent-ils vraiment aussi? Quand on sait qu’ils sont prêts à tout pour tenter d’empêcher un autre journalisme. Ne le pouvant pas,  ils s’efforcent de le dénigrer,  ridiculiser et donner à détester. Comme c’est l’arme du faible, d’un fort devenu un peu moins fort, qui s’affole et qui a peur, il faut s’attendre à tout, mais le discrédit risque de guetter à l’horizon pour qui s’abaisse ainsi tout en se croyant LA référence, LA qualité, LE centre. Heureusement ils sont de plus en plus seuls à le croire. Ce qui nous laisse une certaine place. Sachons bien l’utiliser, travaillons dur et ne nous occupons plus d’eux. Le public, qui n’a pas besoin d’être « formé », mais informé de manière multiple et pluraliste, tranchera.

Un envoyé spécial très spécial

 Finalement, cet envoyé spécial de la gauche a certes fait son numéro. Il s’est cru intéressant, brillant, même courageux, seul dans le  vrai, comme toujours à gauche. Il a réussi à révulser un public averti, cultivé et exigeant. Il a été considéré comme le fou du roi, qu’on laisse parler, mais que très vite on n’écoute plus, tant il est ennuyeux, prévisible, et en plus dogmatique et prétentieux. Ce qui fait beaucoup pour un porteur de bonne nouvelle.

Nombre de participants à ce colloque ont été choqués d’avoir dû subir trop longuement  cette diatribe outrecuidante.

Mais en y réfléchissant bien, et après coup, on se dit qu’il était quand même important de savoir qu’un tel discours et une telle façon d’être et de penser existent encore dans le journalisme et, qu’étant donné cette situation, la dure lutte pour un vrai pluralisme médiatique doit absolument continuer, même sous les quolibets de journalistes qui ne se rendent  pas compte de l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes à l’extérieur de leur petit monde bien étroit d’esprit. Et surtout, en procédant ainsi,  ils ne rendent pas service au journalisme, un métier auquel aspirent encore malgré tout beaucoup de jeunes qui ont une autre image de ce métier et auquel nous voulons justement redonner qualité, attrait, beauté, dans l’unité et la diversité.

Si les donneurs de leçons faisaient le jeu de leurs ennemis?

 Nous voulons montrer que celui qui « ne donne aucune chance à nos projets , ni journalistique, ni politique , ni financier, etc., »  se trompe. La preuve est en cours.

Après vous avoir écouté, Monsieur l’envoyé spécial, nous ressortons renforcés dans notre détermination à lutter pour le pluralisme et la qualité journalistique et médiatique. Oui la lutte continue … mais ce n’est pas la même lutte que la vôtre, et en plus  nous devons encore lutter contre la vôtre.

Monsieur l’envoyé spécial du journalisme bien-pensant, vous nous avez rendu un grand service, mais pas celui que vous croyez. Un grand merci.

Uli Windisch, 2 décembre 2012

 

 

 

 

2 commentaires

  1. Posté par Michel de Rougemont le

    La tirade de C. Seibt remporte un vaste soutien et peu de voix critiques dans les 228 commentaires de son blog. Et là où une voix négative s’exprime elle est contrée par une avalanche de contre-arguments.
    J’ose penser qu’il en irait de même si cet article d’U. Windisch faisait l’objet d’autant de commentaires (on peut encore rêver) : la critique négative y serait aussi absente, et le cas échéant vite réprimandée.
    Les lecteurs du Tagesanzeiger forment une tribu et se comportent en conséquence. Ceux de lesobservateurs.ch sont probablement aussi une tribu, mais une autre.
    La diversité médiatique reste une illusion. Seul le lecteur ou le spectateur qui aurait le temps peut se rendre compte qu’elle existe, ou pas.
    Les autres, ceux qui n’ont ni temps ni curiosité, sont soumis au « mainstream » quelle qu’en soit son orientation.
    En Suisse, avec les concentrations de la presse écrite et le monopole radio/TV, le « mainstream » est devenu une grosse baudruche, que la droite situe à gauche et où la gauche se glorifie (comme C. Seibt) d’être le courageux trublion d’une société bourgeoise rétrograde, alors qu’elle n’en est que le corps mou. Vue ainsi cette gauche complaisante avec elle-même fait plus pitié que peur. Le pseudo courage du discours de C. Seibt en est un bon exemple, il n’y avait pas de lions dans la cage, ni même de cage, donc il ne faisait preuve d’aucun courage alors qu’il s’en attribuait les apparences.
    Le danger vient quand un extrême, tel le loup du petit chaperon, vient subrepticement chauffer la place et que l’opinion publique se calque sur l’opinion publiée. L’Histoire a connu cela : Allemagne et Italie dans les années 20-30, McCarthysme aux USA 1950-54 ; et l’actualité aussi telle la lente mais constante progression des mouvements écologistes dogmatiques (nucléaire, climat, OGM).
    Il faut savoir détecter cela et réagir. Qui s’en charge ?

  2. Posté par Gil Favre le

    Bonjour,
    J’aurais une question, comme vous défendez le pluralisme des médias. Il y a quelques semaines, j’ai appris ici ou là que plusieurs parlementaires suisses étaient invités à visiter certaines belles contrées de notre monde, aux frais de certains médias. Je crois qu’il s’agissait du Japan, avec une halte sur une petite île disputée. J’ai cherché et, à part quelques critiques vagues ou des comptes rendus, je n’ai trouvé aucun développement sur ce financement (questionnable, non?) des voyages de nos parlementaires, sur l’éventuel conflit d’intérêts, sur l’obligation d’annonce de leurs liens d’intérêts, etc…
    Ne votaient-ils d’ailleurs pas cette année la nouvelle loi sur le subventionnement de la presse ?

    N’avez-vous dès lors pas le sentiment qu’au-delà du clivage gauche-droite, il existe un conformisme bien plus large auprès de toutes les rédactions ?
    Après tout, si pour vous, le clivage gauche-droite est un élément marquant, ne pensez-vous que vos lecteurs dépolitisés (une grande majorité de vos lecteurs) s’en moquent et cherchent simplement des points de vues, les plus larges et construits que possibles ?
    Amicalement,
    GF

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