Peer Steinbrück, le moralisateur arrosé !

Uli Windisch
Rédacteur en chef
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La Frankfurter Allgemeine Zeitung n’y va pas de main morte avec la question qu’elle lui pose à propos de ses pratiques : « Est-ce que tu as de la merde aux pieds ?». Plus brutal encore que ne l’était le titre de mon article le 14 mai 2009 : « Le socialisme de la démagogie et des bas instincts ». N’avais-je pas tout tort sur ce personnage qui semble enfin être mis à nu et dans son propre pays…

L’ancien ministre des finances d’Angela Merkel, le socialiste Peer Steinbrück, aujourd’hui candidat contre elle à la Chancellerie allemande pour les futures législatives de septembre 2013, s’était distingué par ses virulentes attaques contre la Suisse et le secret bancaire. Il avait certes dit qu’il fallait nous envoyer la cavalerie. Mais, ce qui avait été beaucoup moins repris par les médias, il avait aussi affirmé que nous Suisses étions des criminels et cela de longue date puisque le secret bancaire existait depuis longtemps.

J’avais alors, en mai 2009, écrit une chronique répondant du tac au tac et signalant qu’il était malvenu de nous traiter de criminels de la part d’un allemand avec le passé criminel de son pays à l’encontre notamment des Juifs. J’avais aussi rappelé que plusieurs dictateurs totalitaires avaient d’abord été socialistes. C’en était trop, même si ce n’était que vérité.  Cela avait déclenché une formidable tempête médiatico-universitario-politique. Certains socialistes, dont notamment le président du PSS Christian Levrat et le vice-président Stéphane Rossini, pensaient avoir enfin trouvé l’occasion de me faire taire. Ils avaient immédiatement écrit à mon recteur et au chef du DIP genevois pour leur demander de prendre des sanctions à mon égard. L’affaire avait pris des proportions incroyables et avait duré des mois. J’en avais raconté l’histoire et fait une analyse (avec tous les documents à l’appui) dans un petit livre (Uli Windisch.L’Affaire UW, ed. L’Age d’Homme, 2010).

Je m’en étais finalement tiré avec quelques remontrances. Et ces reproches ont, au final,  ridiculisé leurs instigateurs, même si cette  invraisemblable procédure et ce constant harcèlement ont été pour le moins pénible à vivre.

Voilà qu’on apprend que ce chevalier blanc Steinbrück, d’une certaine façon à l’origine involontaire de l’affaire susmentionnée, a non seulement perdu sa cravache mais se livre à des pratiques peu exemplaires pour un homme qui veut diriger son pays, et cela à la place de celle qui l’a nommé ministre des finances lors de la cohabitation entre la CDU et le SPD.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung n’y va pas de main morte avec la question qu’elle lui pose à propos de ses pratiques : « Est-ce que tu as de la merde aux pieds ?». Plus brutal encore que ne l’était le titre de mon article le 14 mai 2009 : « Le socialisme de la démagogie et des bas instincts ». N’avais-je pas tout tort sur ce personnage qui semble enfin être mis à nu et dans son propre pays, au point d’ennuyer son propre parti qui croyait fortement en lui? Plus dure sera la chute… même s’il n’a pas encore définitivement trébuché ( secrètement j’espère qu’il ne réussira pas à cravacher Angela Merkel, mais ne le dites à personne).

Que fait-il donc ce donneur de leçons dans un pays qui réclame transparence et probité. Passons sur le fait qu’il mord la main qui l’a nourri. Il avait comme conseiller pour les nouveaux médias un écrivain qui a fait fortune en tant que conseiller pour deux hedge funds hautement spéculatifs, lui qui dénonçait la spéculation financière. Même lorsque les dirigeants de son parti ont pris leur distance avec ce conseiller très spécial, il a continué à le défendre. On apprend aussi que Steinbrück a donné 89 conférences rémunérées pour  un montant de 1,25 millions d’euros. A cela s’ajoute encore les jetons de présence dans des conseils d’administration de grandes entreprises. Il dénonce les banques suisses tout en adorant l’argent de ces mêmes  grandes entreprises. La pureté socialiste à l’état brut. Mieux: à plusieurs reprises il a préféré les conférences rémunérées à des débats parlementaires importants. Et pour faire bonne mesure, il a utilisé sa carte de transports gratuits de député, même pour ses conférences à haute valeur ajoutée. Sans doute pour remplir ses fins de mois très difficiles.

Espérons que la Suisse échappera à un tel chancelier. Il pourra garder son fouet pour se frapper lui-même.

Longtemps après les ennuis que j’ai connus, pour ainsi dire à cause de lui, j’ai un autre  secret espoir: que les électeurs ouvrent grands les yeux et tendent la sébile plutôt que le bulletin de vote à cet arroseur arrosé d’argent plutôt que de morale.

Sources : Frankfurter Allgemeine Zeitung et Le Figaro.

 

3 commentaires

  1. Posté par Marie-France Oberson le

    « Espérons que la Suisse échappera à un tel chancelier »
    —————————————————-
    Espérons… Mais espérons surtout qu’en Suisse-même nous ayons, pour faire face ,des représentants capables , courageux et aimant assez leur pays ,pour oser le défendre et défendre les intérêts de ses citoyens!
    Mais j’ai quelques craintes car nous avons chez nous, malgré l’évidence d’une Suisse qui se porte mieux que ses voisins, des « porteurs de valises »…
    Comme l’écrit jean Raspail dans « Le camps des saints » :
    « Mais la Suisse elle aussi , était minée de l’ntérieur (…) »..

  2. Posté par Noël Cramer le

    Monsieur Windisch, je vous suis dans votre argumentation. Je suis d’accord que « la gauche » a mené, historiquement à des dictatures. Avec la conviction initialement sincère de vouloir gouverner pour le bien du peuple. En se servant de la démocratie pour accéder au pouvoir et instaurer ensuite ce « dictat » – pour le bénéfice de ceux « qui ne comprennent pas ». La nature humaine donne ensuite le pouvoir aux autocrates les mieux aguerris… Mais de rares fois aussi finissent par provoquer une réaction inverse – comme au Chili en 1973.
    En ce qui concerne M. Steinbrück, ce serait attristant si ce politicien qui use de l’arrogance que l’Allemagne affichait à la fin des années 1930 devenait chancelier. Mais, il serait peut-être encore soutenu chez nous par un auteur qui se cantonne dans le nuage formé par la dernière lettre de notre alphabet…

  3. Posté par Véronique le

    Ils font les malins ces Européens avec leur Europe brinquebalante qui ne fonctionne que parce qu’ils empruntent et font des crédits à outrance et qu’ils se voilent la face sur leurs réelles motivations. Et nous on doit se sentir gêné, c’est ça ? Nous, on fait du commerce, ok, ce n’est pas noble, supérieurement intelligent, glorieux, on fait du commerce avec l’argent, le tourisme, le chocolat, les montres, etc… et alors ? Nous au moins on fait du commerce… essayez déjà d’en faire autant !

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