L’électricité chère entraînera la désindustrialisation de la Suisse

Bruno Pellaud
Bruno Pellaud
Physicien

A l’instar de tous ceux qui parlent de l’énergie à la légère, elle ne voit que la consommation des ménages, et non pas celle des places de travail.

Comme l'a dit à moult reprises notre Ministre de l'énergie, Mme Doris Leuthard, « Le courant électrique est trop bon marché ! » C'est pourquoi, son Programme énergétique 2050 vise à une augmentation de ce prix de 50%, voire d'un facteur deux ou même trois, selon les estimations. A l'instar de tous ceux qui parlent de l'énergie à la légère, elle ne voit que la consommation des ménages, et non pas celle des places de travail dans l'industrie, les bureaux et les petites entreprises, une consommation qui représente 70% de la consommation totale d'électricité en Suisse. Ce sont donc les places de travail qui pâtiront d'une politique volontariste du courant électrique cher.

Cette vision myope qui émane de Berne contraste fortement avec celle qui nous vient de Bruxelles. Le Commissaire européen à l'énergie, Günther Öttinger, un émigré démocrate-chrétien de la politique allemande, se trouvait hier à Munich. Il n'a pas mâché ses mots, en mettant en garde contre de nouvelles hausses de prix du courant électrique:

« Au moment où l'Europe se trouve dans une crise profonde, de telles hausses pourraient avoir des conséquences graves pour son économie. Je crois que l'Allemagne doit sérieusement se préoccuper du prix de son électricité. L'importance du prix de l'électricité - comme facteur essentiel de l'économie nationale - va croître dans le monde entier, et la demande d'électricité va augmenter: l'électricité sera la mesure de toutes choses. Avec la baisse des prix de l'énergie aux États-Unis, une baisse qui menace la compétitivité de l'Europe sur le marché mondial, nous nous trouvons dans une phase de ré-industrialisation aux États-Unis et de désindustrialisation en Europe » a déclaré M. Öttinger. (Süddeutsche Zeitung, 5 septembre 2012).

Est-ce que Mme Leuthard souhaite vraiment marcher à tout prix dans les traces de sa coreligionnaire Angela Merkel – qui reconnaît qu'une forte augmentation du prix de l'électricité sera nécessaire cet automne déjà pour absorber les coûts énormes de la nouvelle politique énergétique allemande ?

Un commentaire

  1. Posté par Jacky Brouze le

    Bonjour Monsieur Pellaud,
    Merci pour cet article qui montre qu’une fois de plus, les meilleures idées de certains de nos politiciens ont pour principal effet de nous tirer des balles dans les pieds.
    Vous parlez de l’industrie en général. Je voudrais également mentionner le rail qui subirait également de plein fouet ces hausses de tarif électrique … à moins que nous n’ayons l’intention de réactiver les locomotives à vapeur qui dorment dans nos musées et d’importer en masse du charbon de Chine ?

Et vous, qu'en pensez vous ?

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