Le mythe de la surpopulation

Francis Richard
Resp. Ressources humaines
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C’est donc l’occasion de montrer, à l’aide, entre autres, de l’article consacré au malthusianisme par le « Dictionnaire du libéralisme »[1], que la surpopulation est un dogme d’une religion sans fondements.

Le 19 avril 2011 une initiative populaire fédérale est lancée par l’association ECOPOP. Son titre est on ne peut plus clair: « Halte à la surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources naturelles ».

Le texte de l’initiative ne l’est pas moins. Il s’agit d’ajouter à la Constitution fédérale un article 73a sur la population, dans lequel deux alinéas visent l’un à limiter la croissance de la population résidant de manière permanente en Suisse à 0,2% par an sur une moyenne de trois ans; l’autre à affecter 10% des moyens de la coopération internationale au développement à l’encouragement de la planification familiale volontaire.

Les arguments à l’appui de cette initiative sont de deux types, comme le titre l’indique:

-          La croissance de la population de la planète est disproportionnée par rapports aux ressources: il faut donc favoriser la limitation des naissances, particulièrement dans les pays pauvres;

-          La croissance de la population de la Suisseest trop rapide avec pour conséquence le bétonnage du pays – ce que les urbanistes appellent le mitage –, la dégradation de la nature et de l’infrastructure du pays: il faut donc la limiter arbitrairement, on ne sait trop comment.

Ce sont ces arguments du deuxième type qui ont convaincu récemment Franz Weber – qu’aucune atteinte aux libertés n’effarouche – de soutenir l’initiative d’ECOPOP (association qui se préoccupe d’écologie et de population depuis 1970, c’est-à-dire depuis quelque quarante ans) : «Je veux que le parlement saisisse la problématique de la surpopulation».

Ce récent soutien de Franz Weber a remis sous le feu des projecteurs cette initiative liberticide dont le délai imparti pour la récolte des signatures, qui stagnait, expire le 3 novembre prochain. C’est donc l’occasion de montrer, à l’aide, entre autres, de l’article consacré au malthusianisme par le « Dictionnaire du libéralisme »[1], que la surpopulation est un dogme d’une religion sans fondements.

En 1803 Thomas Malthus publie un «Essai sur le principe de population» dans lequel il pose comme principe que la population de la planète est en progression géométrique, alors que les ressources, notamment alimentaires, sont, au mieux, en progression arithmétique.

La suite de l’histoire a prouvé qu’il s’était complètement fourvoyé. La mortalité a effectivement baissé dans un premier temps; la fécondité dans un deuxième. La croissance de la population ne se montre ni constante ni inéluctable. Par ailleurs la productivité a augmenté dans des proportions que ses œillères ne lui permettaient pas de voir, encore moins d’imaginer.

Les idées de Malthus sont reprises par une étude commandée au MIT par le Club de Rome en 1970, date qui coïncide avec la date de création d’ECOPOP…Dans ce rapport on retrouve les mêmes arguments qu’utilisent l’association helvétique. Cinq facteurs principaux et interdépendants dérègleraient la planète: l’explosion démographique, la production alimentaire, l’industrialisation, l’épuisement des ressources naturelles, la pollution. La religion de la décroissance était née.

Le problème est que les modèles, dont se sont servis les rapporteurs du MIT, sont basés sur des hypothèses qui se sont avérées fausses:

-          Les comportements humains ne changent pas;

-          L’homme est incapable de s’adapter aux circonstances nouvelles;

-          La nature évolue vers un épuisement des ressources non renouvelables;

-          La population croît exponentiellement.

Comme le dit Jean-Philippe Feldman dans son livre « La Faminemenace-t-elle l’humanité?» [2]:

-          « Les humains diffèrent des autres animaux par une remarquable capacité à modifier leur comportement, y compris leur fécondité, en tant que de besoin »

-          « Depuis 1961, grâce aux avancées techniques, la production agricole a plus que doublé dans le monde et plus que triplé dans les pays en voie de développement. »

-          Au cours des cinquante dernières années, «le nombre total des personnes sous-alimentées est resté stable, alors même que la population mondiale haussait nettement. »

-          « D’après l’ONU, la misère a reculé davantage au cours de la seconde moitié du XXe siècle que durant les cinq cents années précédentes, et cela dans presque tous les pays. »

Cité dans le même article du « Dictionnaire du libéralisme », Julian L. Simon, auteur de «L’homme, notre dernière chance» [3]«expose qu’il n’existe aucune «ressource» en soi: si les ressources potentielles sont transformées en ressources économiques, c’est par l’«ultime ressource» qu’est l’homme».

Le taux de croissance de la population mondiale, qui était à son maximum de 2,2% au milieu des années 1960, n’a cessé de baisser. Il se situe aujourd’hui autour de 1,1% et devrait encore baisser aux cours des prochaines décennies selon les démographes.

Cette évolution démographique n’épargnera pas la Suisse, où on ne devrait tout de même pas pour autant oublier ce que disait le sage Jean Bodin, économiste du XVIe siècle : «Un pays n’est richesse que d’hommes».

 

 

 



[1] « Dictionnaire du libéralisme, sous la direction de Mathieu, Larousse, 2012

[2] « La famine menace-t-elle l’humanité ?», Jean-Philippe Feldman, JC Lattès, 2010

[3] « L’homme, notre dernière chance », Julian L. Simon, PUF, 1981

10 commentaires

  1. Posté par miranda le

    On pourrait affirmer que nous étions entrés en sagesse démographique ce qui signifiait pour nos puissants : faiblesse démographique. Alors les masses sont arrivées au début, surtout pour la production et le profit. Cela a gonflé la démographie des villes et a absorbé tant d’espace que c’est à peine vivable pour les citoyens.
    Mais les adorateurs cannibales du profit ne sont pas rassasiés et en demandent toujours plus. On sait ce que cela donne. Faire venir encore plus de démographie d’ailleurs, même si le travail n’est pas au rendez-vous. Mais cela constitue une « armée d’esclaves » peut-être disponible pour plus tard.
    Ce qui est regrettable dans cette affaire c’est que l’Afrique qui fut un pourvoyeur d’esclaves dans le passé, continue par sa démographie, à l’être dans le présent. Tout en nuisant par cela aux sociétés occidentales mais pas aux adorateurs du profit, bien sûr.

  2. Posté par Sancenay le

    Le leitmotiv de la surpopulation, une arme révolutionnaire efficace.

    Le mythe malthusien de la surpopulation n’est qu’une des leitmotivs révolutionnaires de plus destiné à affaiblir les peuples, ne serait-ce que par leur vieillissement accéléré.
    J’entendais un jour l’un des premiers ministres français de l’environnement dire de manière emblématique à son entourage: « je ne veux pas trop d’industries dans ma ville, une capitale régionale tout de même), cela rajeunit la population, on est bien plus tranquille avec des vieux ! « C’était il y a une trentaine d’années. » L’honnête homme » se disait « de droite » et tout ce qu’il y de plus « conservateur » ! (de momies peut-être ?)
    Aujourd’hui nos « démocraties vieillissantes » d’une Europe sans foi ni loi qui , lors des deux derniers siècles qui avaient savamment entamé de broyer leurs forces vives dans des guerres des plus meurtrières, ont achevé ensuite le travail par un hédonisme forcené servi par la promotion étatique de l’avortement et un « contrôle des naissances » doctrinaire érigé en dogme, affaiblissant accessoirement la demande intérieure de pays voguant de « crise » « en crise » et prétendant pourtant lutter contre celle-ci.
    Eh bien dansez maintenant ! La nature ayant horreur du vide, et les financiers finalement besoin de croissance et de bras pour servir celle-ci : voilà ce qui arrive !
    ET il aura suffi pour cela à quelques apprentis sorciers d’ouvrir tout grand les vannes au Moyen-Orient où, décidément toutes « ressources » à bas prix abondent (pas forcément au profit de ses populations !).
    Votre serviteur qui n’est qu’un « sans dent » politique (il n’a pas les belles dents longues des jeunes loups Emmanuel et Robert, si « déconfiés » le week-end dernier) mais qui a, Dieu sait par quel « miracle », pas très républicain celui-là, échappé assez largement au lavage de cerveau de la rééducation nationale, constate simplement que tant que son pays a appliqué le bienveillant précepte « croissez et multipliez-vous », il s’est hissé au faîte des nations.
    Et depuis qu’il en a rejeté le principe avec une insolence et une violence inouïe, il y a un peu plus de deux siècles, il n’a cessé de dégringoler dans l’échelle des nations au point désormais de risquer de disparaître purement et simplement.
    Notons que la « puissante Allemagne » ne paraît pas moins prise à son propre piège pour des raisons similaires.
    C’est il y a quarante ans qu’il convenait de sonner le tocsin en alertant sur les causes exogènes, certes , mais non moins sur les causes endogènes de la débâcle amorcée. Il était encore temps. Et ceux, rares à l’époque, qui eurent la lucidité et le courage de la faire furent – déjà à l’époque- diabolisés.

  3. Posté par Claude Courty le

    Faut-il aussi stupidement aimer les pauvres ?

    Richesse et pauvreté sont des conditions relatives qui se définissent l’une par l’autre. Chacun est le pauvre ou le riche de plus pauvre ou de plus riche que lui.
    Selon les plus récentes estimation de l’ONU, nous serons plus de 11 milliards au début du prochain siècle et 280 000 êtres humains SUPPLEMENTAIRES déferlent quotidiennement sur la planète ; ceci n’a rien d’un mythe. Or la population humaine a toujours été, est et sera toujours, mathématiquement, composée de 70% de pauvres, 24.3% de représentants des classes moyennes et de 3,7% de riches (cf. pyramidologie sociale).
    Ne rien faire pour stopper cette prolifération, et a fortiori l’encourager, c’est développer la pauvreté en incitant les pauvres à être toujours plus nombreux, par simple effet de proportion. Faut-il à ce point aimer les pauvres ?
    Sans compter les effets de la surpopulation sur une planète qui n’en peut plus et une société que le nombre rend chaque jour moins gouvernable.

  4. Posté par Claudec le

    Compte tenu d’un intérêt partagé pour les questions d’inégalités sociales, chômage, pauvreté, démographie, écologie, … je vous invite à visiter mon blog
    http://claudec-abominablepyramidesociale.blogspot.com
    Vous pourrez ainsi prendre connaissance de tout ou partie de l’analyse de ces problèmes, telle que je m’y consacre depuis plusieurs années, ainsi que des articles, schémas et réactions qui en résultent. Je précise que sous licence « Créative commons », ces données sont libres de droits de reproduction.
    A votre disposition pour tout complément d’information,
    Cordialement Claudec

  5. Posté par Moshé_007 le

    @Patrick Stocco

    C’est quoi cette embrouille ?

    Vous parlez d’universités et de cours d’écologie de deuxième cycle, allez leur dire aux islamistes à propos du rôle de la femme dans démographie !

    « Le ventre de nos femmes nous donnera la victoire » Houari Boumédiène, c’était à l’ONU en 1974 et aussi « Un jour, des millions d’hommes quitteront l’hémisphère sud pour aller dans l’hémisphère nord. Et ils n’iront pas là-bas en tant qu’amis. Parce qu’ils iront là-bas pour le conquérir. Et ils le conquerront avec leurs fils. » (1974)

    Donc ce n’est pas juste une mode !

  6. Posté par Patrick Stocco le

    La surpopulation, un mythe ? Consternant. Il suffit d’avoir suivi un seul cours d’écologie de deuxième cycle dans n’importe quelle Université de la planète pour savoir que la surpopulation n’est pas un mythe. Comment peut-on publier de pareilles âneries ? Sans doute en s’exprimant publiquement dans un domaine dont on ignore tout.
    Lisez au moins ceci: https://www.facebook.com/notes/712259738828442/

  7. Posté par Marco Cardoso le

    La surpopulation est un MYTHE ! La planète produit actuellement de la nourriture pour 12 Milliards de personnes et malgré tout des millions de personnes meurent de faim chaque année….
    Le problème vient du CAPITALISME qui n’assure absolument pas un partage des ressources équitable entre les humains, on jette tous les jours des tonnes d’aliments notamment dans les supermarchés qui en prime mettent de l’eau de javel pour qu’ils soient sûrs que personne n’en profitera ! Après « ils » (les riches) inventent des mythes comme la surpopulation afin de justifier leurs privilèges et continuer à piller les ressources à leur profit, aux dépens toujours des plus démunis.
    Ils veulent contrôler la population pauvre afin de garder leur mode de vie gaspilleur.

  8. Posté par virtutas le

    Il y a 15 ans, j’habitais un village; aujourd’hui c’est une ville où l’on a construit en 3 ans plus de maisons que dans les 30 précédentes années. Il y a 15 ans il me fallait 20 minutes pour me rendre au travail (20km), aujourd’hui il m’en faut 40. Dois-je continuer? La surpopulation est une réalité irréfutable, quantifiable pour ceux qui ont l’honnêteté d’ouvrir leurs yeux !

  9. Posté par tetra le

    Je n’ai pas bien compris pourquoi cette initiative serait liberticide ?

  10. Posté par MARTIN DESMARETZ de MAILLEBOIS le

    Je pense que la progression géométrique était bien aperçue mais qu’effectivement, elle a été contrariée par les ravages des guerres et aussi, oui, une faculté d’auto-limitation qui faisait qu’en France, la population se stabilisait. Il est à noter que l’Etat a contrarié cette évolution naturelle non dirigée et non dictée, par des mesures dirigistes destinées à augmenter la natalité… Ce qui est le contraire de la vocation politique à conforter les comportements conformes à la LOI NATURELLE. De fait, ces mesures ont servi à engendrer une colonisation étrangère au moyen des « ventres » notamment islamiques… Tout le contraire dune vie tranquille en France entre Français, bien sûr, respectant les autres mais… Chez eux !

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